Pandémie – En raison du Covid-19 : L’enseignement supérieur sur ses gardes

La propagation du Covid-19 à travers le monde a poussé les différents gouvernements à prendre des mesures sanitaires strictes. Maurice, elle, aura réussi jusqu’à maintenant à se prévenir du virus, ce qui ne la rend pas moins vulnérable. Dans cette logique, l’enseignement supérieur a décidé de se préparer à l’éventualité de l’arrivée du nouveau coronavirus à travers un lot de mesures. Parmi les craintes du secteur, on note les pertes de revenus et le manque d’étudiants étrangers.

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La situation n’est pas prise à la légère à l’Université de Maurice (UoM). Le Covid-19 a poussé la direction à adopter des mesures en vue de protéger les groupes d’étudiants, composés de Mauriciens et d’étrangers. « Nous avons adopté une approche multidimensionnelle face à cette épidémie », soutient en premier lieu au Mauricien le Pro-VC (Planning & Resources) de l’UoM, le Dr Mohammad Santally. Cette approche, explique-t-il, consiste d’abord à mettre en oeuvre les précautions de base en vue de prévenir la maladie. De même, il avance que l’UoM a mis en suspens l’échange d’étudiants, tout comme de personnel étranger. « Notre personnel enseignant est encouragé à utiliser la plateforme numérique qui leur est offerte, comme Google Suite ou Moodle », fait-il ressortir. Un des moyens pour éviter que les étudiants viennent en classe tout en leur assurant que leurs cours soient dispensés.

De plus, dans l’objectif d’éviter les réunions nécessitant une présence physique, le Dr Mohammad Santally fait ressortir que l’UoM préconise l’utilisation d’outils de téléconférence autant que possible. Selon lui, « il est primordial de protéger la santé de tout un chacun à l’UoM ». Aussi n’écarte-t-il pas que l’UoM puisse bientôt proposer à son personnel de travailler à domicile.

Au niveau de l’Open University of Mauritius (OUM), des mesures sont déjà prises pour protéger les étudiants tout comme pour le personnel. « Il n’y a aucune raison de paniquer. Et nous ne voulons pas créer de panique à l’université », explique le directeur général de l’OUM, le Dr Kaviraj Sukon. « Nous sommes face à un grand problème et il nous faut trouver de grandes solutions. Nous ne pouvons laisser de côté nos étudiants », ajoute-t-il au Mauricien. Selon lui, un « plan B » est déjà élaboré et sera mis en application en fonction des consignes du gouvernement. Ce plan, dit-il, est en lien avec la plateforme numérique de l’OU, qui permet aux étudiants de suivre leurs cours en ligne. « Nous proposons d’utiliser notre page Facebook, où le tuteur pourra dispenser ses cours à la même heure et le même jour, et ce sans avoir à se déplacer pour venir en classe. La classe se passera donc en temps réel et l’étudiant pourra poser ses questions et interagir avec son professeur », dit-il. De fait, l’étudiant n’aura pas à quitter sa maison mais pourra, s’il le souhaite, se connecter via son smartphone où il le désire. Quant à ceux éprouvant des difficultés à se connecter, dans le cas d’enseignants, l’OUM a élaboré un plan où ils seront appelés dans le studio ou le « computer lab » de l’université pour qu’ils puissent donner leurs cours.

Selon lui, les Programme Managers sont déjà au courant des changements prévus. Le Dr Kaviraj Sukon note toutefois un point positif. « Nous observons que les universités prennent à cœur l’apprentissage à distance et voient son importance », dit-il. Dans tous les cas, il estime que dans l’éventualité où un cas avéré de coronavirus était découvert à Maurice, les bureaux et institutions d’enseignement devront fermer leurs portes. Aussi, tout le matériel nécessaire à l’étudiant devra être disponible sur la plateforme de l’université, et ce « pour que l’étudiant ne rate en aucun cas ce qu’il doit apprendre ».

L’UTM sensibilise sur le virus

Le Covid-19 a aussi nécessité l’adoption de nouvelles mesures sanitaires à l’Université de technologie de Maurice (UTM). Selon le Dr Keith Thomas, directeur général de l’institution, ces mesures sont prises en concertation avec le Dr Jaypaul, responsable de la School of Health Sciences de l’UTM. « C’est un ancien membre de notre personnel et il compte une riche carrière dans la prévention des maladies et la promotion de la santé, à Maurice comme à l’étranger. Il a préparé un guide sur la manière de se protéger du Covid-19. Il sélectionne les informations pour que nous puissions les utiliser de manière stratégique », dit-il.

Ainsi, depuis la semaine dernière, un programme rigoureux a été mis en place à l’UTM, notamment sur la manière de se laver les mains, et un guide sous forme d’affiche (en anglais, français et kreol) a été placardé dans toutes les toilettes de l’établissement. « Le lavage des mains est crucial », dit-il. Et de rappeler qu’une conférence publique avait été donnée par le Dr Jaypaul il y a deux semaines à l’UTM sur le Covid-19 à l’intention du personnel, des étudiants et des partenaires de l’institution. « Étant donné que nous avons une School of Health Sciences, nous avons la responsabilité morale de montrer le leadership et de communiquer et faire comprendre sur ce virus », poursuit-il.

La situation est d’autant cornélienne que l’UTM compte des étudiants étrangers. À ce sujet, il avance que les 60 étudiants qui se sont enregistrés aux cours offerts par l’université ne pourront pas venir à ce stade. « Nous avons réussi à offrir 60 places. Un nombre qui dépasse nos attentes. Mais notre stratégie vise à ce qu’ils viennent le prochain semestre », dit-il. Résultat : le Covid-19 entraîne des pertes de revenus, admet le Dr Keith Thomas. Pour lui, ces pertes concernent essentiellement le fait que ces étudiants étrangers ne pourront pas se joindre au cours dans la conjoncture. Cependant, dit-il, l’UTM a recruté plus d’un millier d’étudiants pour ses cours à plein-temps et à temps partiel, un nombre, fait-il ressortir, qui a triplé.

Protocole pédagogique

Depuis l’apparition du coronavirus, la Rushmore Business School s’est, elle aussi, préparée à faire face à la situation. « Nous suivons l’évolution de la situation tous les jours. Les élèves sont conscients qu’ils doivent prendre les précautions nécessaires pour se protéger dans l’éventualité de la présence du virus sur le sol mauricien. Nos employés ont aussi été sensibilisés à ce sujet. Par exemple, nous avons distribué des « hand sanitisers » à tous nos employés. Ils se préparent aussi pour le télétravail afin d’assurer la continuité des opérations », explique le directeur général de l’institution, le Dr Nittin Essoo. Selon lui, afin de ne pas être pris de court par des décisions risquant d’engendrer une distanciation sociale, l’école a travaillé sur un protocole pour assurer une continuité pédagogique aux étudiants. « Nous nous préparons à offrir nos cours en ligne à travers des outils numériques. Nous avons d’ailleurs déjà notre plateforme Virtual Learning Environment (VLE) depuis quelques années. Nos chargés de cours travaillent en outre sur la transformation de nos programmes en formation en ligne. »

Par ailleurs, il dit se réjouir que, si le virus a affecté le Royaume-Uni et des universités aient été contraintes de stopper leurs cours, les cours de son institution, eux, n’ont pas été affectés par cette situation, et ce car le contenu pédagogique est, dit-il, « préparé à l’avance par nos partenaires ». Et d’ajouter : « Nos chargés de cours ont déjà tout ce qui leur faut pour les classes. » Seule crainte : une perte de revenus en raison de la pandémie. « Si elle arrive jusqu’à nous, cela aura un impact sur nos opérations. Nous travaillons en ce moment sur différents scénarios pour évaluer les dangers potentiels qui nous guettent, sur des bases humaines, mais aussi financières. Nous ne prévoyons pas nécessairement une baisse des revenus, mais nous craignons fortement un potentiel problème de « cash-flow » si les étudiants ne peuvent pas régler les frais d’études aux dates prévues. Dans ce cas de figure, nous espérons qu’il y aura un plan de soutien pour le secteur dans lequel nous opérons », reprend-il. À noter que la Rushmore Business School compte aussi des étudiants étrangers depuis septembre de l’année dernière.

Dans l’éventualité où un cas de Covid-19 serait relevé à Maurice, le défi, dit-il, restera « la capacité de réagir et d’adapter nos services afin de maintenir la continuité et la qualité, et ce dans l’intérêt des étudiants ». Et de rappeler que le paysage éducatif a déjà changé depuis l’introduction de la gratuité au niveau des institutions publiques.

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