Parricide du caporal Lapeyre – Le meurtrier Ernest Lapeyre : « Mo ti bizin kas pou droge »

  • Le suspect a tenté de fabriquer un alibi en provoquant intentionnellement un accident à Grand-Bassin

Louis Christophe Ernest Lapeyre, âgé de 22 ans, a avoué avoir tué son père, le caporal Louis Lindsay Lapeyre (64 ans), dans un accès de colère. « Mo ti bizin kas pou droge », a-t-il déclaré aux enquêteurs de la Major Crime Investigation Team, jeudi après-midi, au cours de son interrogatoire. Le jeune homme n’a pas caché son addiction à la drogue synthétique et a déclaré que le drame s’était joué mercredi soir. Il était chez lui, avenue des Rosiers, à Flic-en-Flac, fumant un joint quand son père l’a pris en flagrant délit. « Li (la victime) finn koumans fann ar mwa », a raconté Ernest Lapeyre.

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L’ex-garde du corps de Raj Dayal n’a pas apprécié le comportement de son fils et l’a même menacé de le dénoncer à la police. Le ton s’est calmé entre eux avant de reprendre de plus belle lorsque le suspect a réclamé de l’argent à son père. Ce dernier a estimé qu’il voulait se procurer encore de la drogue. « Mo pa kone kinn pas dan mo latet. Mo pran enn marto, monn tap lor so latet », a relaté le suspect. Même si le sexagénaire s’est écroulé dans une mare de sang, Ernest Lapeyre lui a donné deux coups de couteau au cœur pour s’assurer que son père était bien mort.

D’ailleurs, le rapport d’autopsie du Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police, conclut que le caporal Lindsay Lapeyre est décédé par un “stab wound to the chest”. Ce parricide a eu lieu alors que Rosalina Lapeyre, l’épouse que la victime, était sur son lieu de travail dans un foyer. Sachant qu’il serait pris par la police, le jeune homme a tenté de fabriquer un alibi pour faire accroire qu’il était absent chez lui dans la soirée du crime. Il a pris le 4×4, une Nissan rouge de son père, pour prendre la direction de Petrin avant se diriger vers Grand-Bassin où il a percuté de plein fouet l’entrée d’une porte en endommageant une statuette. Ernest Lapeyre n’a été que légèrement blessé lors de cet accident.

À l’arrivée d’une équipe de l’Emergency Response Service et des éléments de la Special Mobile Force, le suspect a fait de la résistance. D’ailleurs, il a blessé trois policiers qui tentaient de le maîtriser. Le fils du caporal Lapeyre a été soumis à un alcootest qui s’est avéré négatif. Ce qui a surpris la police car il était excité. Soupçonnant qu’il aurait endommagé plusieurs lieux de culte dans l’île, la police l’a placé en détention. Suivant la procédure dans ce genre d’affaire, une équipe de police a débarqué chez lui jeudi matin pour une perquisition. Et c’est alors qu’elle a découvert le cadavre du sexagénaire. La Criminal Investigation Division de la Western Division a été alertée, tandis que des éléments du Scene of Crime Office ont été dépêchés à Flic-en-Flac. Ernest Lapeyre a, cette fois-ci, été interrogé sur le décès de son père et il est passé aux aveux en disant lui avoir donné un coup de couteau, sans entrer dans les détails. C’est dans les locaux de la MCIT qu’il a raconté les circonstances de ce drame. Il est attendu au tribunal de Bambous ce vendredi où une accusation provisoire d’assassinat sera retenue contre lui.

Par ailleurs, Rosalina Lapeyre est dans l’incompréhension après avoir perdu son époux alors qu’un de ses fils est en détention. Malgré ce drame, elle se fait du souci pour Ernest Lapeyre en déclarant jeudi au Mauricien : « Wi, si bizin, mo pou pran enn avoka pou li ». C’est en rentrant du travail que Rosalina Lapeyre a appris le décès de son époux. Elle dira que le suspect doit se rendre en Australie dans quelques mois pour étudier l’art de la mosaïque. « Son père et moi devions nous rendre sur place fin mai pour finaliser les démarches. En plus, notre fille qui réside là-bas doit accoucher ».

Rosalina Lapeyre concède qu’Ernest « était un peu sur les nerfs » depuis quelques mois. « Me li ti sorti, li ti al zwe foutbol, ti al restoran avek so papa. Tou ti korek ». Père et fils entretenaient de bonnes relations, selon Rosalina Lapeyre. D’ailleurs, affirme cette garde-malade : « Li ti pli souvan ar so papa. Je suis bien triste pour mon fils. Il avait un bel avenir devant lui », regrette-t-elle. Et d’ajouter : « Li ti abitie donn nou inpe lord, me li tinn fini par kalme. Li ti enn dimoun kalm. Mo mem mo pa krwar ki li ti kapav fer enn betiz osi for ki sa ».
Le caporal Lindsay Lapeyre compte plus de 40 ans au sein de la force policière et allait prendre sa retraite dans trois jours. « Li ti enn bon papa. Zame mo ti pou atann enn nouvel parey », précise, pour sa part, son fils Jesper. Les funérailles du caporal Lindsay Lapeyre sont prévues ce vendredi en l’église de la Visitation, à Vacoas. Le cortège mortuaire se dirigera, par la suite, au cimetière de Saint-Jean. Lindsay Lapeyre laisse derrière lui quatre enfants, soit trois fils et une fille.

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