Pêche – Journée mondiale de l’Océan : La FPAOI réclame la transparence sur le secteur

À l’occasion de la Journée mondiale de l’océan, la Fédération des pêcheurs artisans de l’océan Indien a voulu envoyer un signal fort aux autorités en plaidant pour des statistiques fiables concernant les stocks de poisson dans notre zone économique exclusive. La gestion durable de ce stock, ainsi que la marginalisation de certaines catégories d’acteurs du secteur, préoccupent également la fédération. Il est aussi souhaité que Maurice applique la Fishing Industry Transparency Initiative.

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La Fédération des pêcheurs artisans de l’océan Indien (FPAOI) est une initiative regroupant des organisations de pêcheurs et d’opérateurs des pays de la région. L’objectif étant de partager les connaissances, d’aider les pêcheurs artisans à devenir des entrepreneurs et d’œuvrer pour la pêche durable. Sous la présidence du Seychellois Keith André, la fédération opère avec le soutien de la Commission de l’océan Indien. Pour marquer la Journée de l’océan observée hier, la FPAOI a invité les autorités mauriciennes à jouer la carte de la transparence, concernant le secteur de la pêche, à Maurice. « Beaucoup d’entre nous se réveillent chaque matin et voient le même océan que lorsque nous étions jeunes. Toutefois, de nombreux changements se produisent sous la surface. Notre océan est en crise. Ceux d’entre nous qui travaillent sur l’océan constatent de visu que le changement climatique, la pollution et la surexploitation des espèces marines menacent les moyens de subsistance de nombreux pêcheurs mauriciens et des familles qui dépendent de leurs prises. Les zones de pêche autrefois fertiles se vident aujourd’hui, et les bateaux doivent aller plus loin en mer, passant plus de temps à attraper moins de poissons », disent les membres de la fédération dans leur message.

Référence est faite à un rapport de la Food and Agricultural Organisation, daté de l’année dernière, mentionnant que 34% des stocks mondiaux de poissons, dont beaucoup se trouvent dans l’océan Indien, sont déjà exploités à des niveaux biologiquement non viables. Ainsi la fédération souhaite-t-elle que les autorités mauriciennes se montrent vigilantes et qu’elles jouent franc jeu envers les pêcheurs et la population. « Nos stocks de poissons peuvent être gérés de manière durable afin que nous puissions tous profiter de l’océan, tout en le protégeant pour les générations futures. Mais pour parvenir à une pêche durable, il est essentiel que le public dispose d’informations crédibles. Nous devons savoir quel est l’état de nos stocks de poissons ? Qui pêche quoi ? Combien est payé pour le droit de pêcher dans les eaux mauriciennes ? »

La fédération regrette également que les statistiques publiées sur les stocks de poisson dans notre zone économique exclusive ne soient pas régulièrement mises à jour. « Les informations publiées sont trop souvent incomplètes, datées ou difficilement accessibles. Ce manque de transparence nuit non seulement à la qualité et à la crédibilité de la prise de décisions, mais aussi à la perspective d’une surveillance et d’une responsabilisation efficaces. Comment pouvons-nous engager des débats publics éclairés et parvenir à une participation effective de toutes les parties prenantes à la prise de décision si nous ne pouvons pas accéder à des informations actualisées et crédibles sur le secteur ? », se demandent encore les membres de la fédération.

Le manque de transparence, fait ressortir la FPAOI, ne fait qu’accroître l’incertitude pour les investisseurs, les détaillants de produits de la mer et les consommateurs. « Il suffit de voir la pression que des supermarchés européens comme Princes, Tesco et Colruyt exercent sur la Commission des Thons de l’océan Indien concernant la surexploitation du thon albacore pour comprendre la valeur qu’ils accordent à la garantie de la durabilité dans la région. »

La fédération rappelle qu’il existe depuis 2015 une Fishing Industry Transparency Initiative (FITI), une démarche mondiale, donnant aux pays, pour la première fois, des procédures reconnues au niveau international pour atteindre et maintenir des niveaux élevés de transparence dans la gestion de leur secteur de la pêche marine. Les Seychelles, qui accordent une importance capitale à son secteur de la pêche, font partie des pays s’étant déjà engagés dans la mise en œuvre de la FITI. Dans ce contexte, l’archipel a publié pour la première fois les accords d’accès à la pêche qu’il détient avec Maurice, ainsi que des informations importantes sur les subventions à la pêche, l’état des stocks, les données sur les captures, entre autres.

La FPAOI plaide ainsi pour que Maurice emboîte le pas aux Seychelles afin d’étendre son leadership dans la gouvernance des océans dans la région. « Faisons de cette région, souvent critiquée pour sa gestion insuffisante des pêches, la région la plus transparente du monde. » La fédération souhaite ainsi que les parties prenantes apprécient le secteur de la pêche à sa juste valeur et considèrent la transparence comme une première étape essentielle pour garantir que notre océan et nos pêches restent une source de revenus, de subsistance et d’émerveillement profond pour les générations à venir.

La FPAOI souhaite également qu’une attention particulière soit accordée à certains sous-groupes ou sous-secteurs de la pêche, trop souvent marginalisés. C’est notamment le cas pour les activités où les femmes sont engagées. À Maurice, beaucoup pratiquent des activités comme le ramassage d’huîtres ou de fruits de mer, des secteurs relevant pourtant de la pêche, mais ces femmes n’ont aucun statut professionnel reconnu.

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