(Pluies torrentielles) Sud et Sud-Est : traumatisme et hantise des pluies torrentielles

– Quinze personnes accueillies dans le centre de refuge à Nouvelle-France

Le Sud et le Sud-Est du pays ont été une nouvelle fois copieusement arrosés pendant la nuit de mardi à mercredi. Toutefois, la matinée de mercredi a été marquée par une légère accalmie même si les traces des débordements de l’avant-veille se sont estompées difficilement. Tout comme cet incident à Rose-Belle, où une voiture a été piégée à l’intersection près de l’hôpital Jawarharlal Nehru. D’autre part, de nombreuses familles ont vu leurs maisons être inondées, notamment à Nouvelle-France. Leurs occupants ont été relogés dans le Sub-Hall de la localité en attendant un retour à la normale. À Rivière-des-Créoles, une famille a dû également être déplacée suite à des problèmes de glissement de terrain.

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Alors que l’on s’attendait à une nette détérioration du temps dans le Sud et le Sud-Est, avec les prévisions météorologiques et les dispositions prises par le gouvernement, c’était plutôt calme dans cette partie de l’île dans la matinée d’hier. Dans certains endroits, le soleil a fait son apparition même timidement par moments. Toutefois, la nuit et les petites heures du matin auront été difficiles dans plusieurs régions, avec des accumulations d’eau aux endroits habituels .

À Nouvelle-France, le rond-point était ainsi à nouveau impraticable, avec une accumulation d’eau et de boue, conséquence d’un design technique défectueux à l’origine. Dans ce même village, plusieurs maisons ont aussi été inondées. Jwala Kowlessur, District Councillor de Nouvelle-France, ne cache pas que la situation est « catastrophique ». Et qu’il y a urgence pour remédier à la situation.

Selon lui, les drains sont trop petits pour la quantité d’eau à évacuer dans le village. « Il y a eu des accumulations d’eau dans plusieurs quartiers de Nouvelle-France et des maisons ont été inondées. Il a fallu placer environ 15 personnes, dont des enfants, dans le Sub-Hall, qui est le centre de refuge pour la localité. Les conseillers sont descendus sur le terrain pour prêter main-forte aux autorités. Nous avons aussi cherché une pompe pour aider à évacuer l’eau, en attendant l’arrivée des pompiers », confie-t-il au Mauricien.

Les députés de la circonscription, à savoir le ministre Mahen Seeruttun, la Chief Whip Naveena Ramyad et la PPS Teena Jutton sont venus faire un constat des dégâts sur le terrain et prendre note des travaux nécessaires pour soulager les difficultés à Nouvelle-France. Entre-temps, les villageois se sont organisés pour venir en aide aux sinistrés. « Initialement, c’est le gouvernement, à travers le département des Prisons, qui a apporté à manger pour les réfugiés. Il y a aussi de nombreux volontaires dans le village qui se sont mobilisés, notamment pour apporter du thé et des gâteaux aux familles. Ils ont aussi prévu à manger pour le dîner. Je peux dire que la solidarité se met en place à Nouvelle-France », se félicite-t-on face à l’adversité.

À Rivière-des-Créoles, le pont a une nouvelle fois débordé, rendant la route dans cette région impraticable. Mais c’est un glissement de terrain dans la localité qui préoccupe. Rajeev Jangi, président du conseil de village de Grand-Port, indique que la famille, comprenant quatre personnes, devra être évacuée. « Comme la météo prévoit encore de la pluie, la situation risque de devenir dangereuse. C’est pour cela qu’il a été décidé qu’il était mieux pour la famille de partir. Pour l’heure, elle cherche un refuge auprès des proches. Au cas contraire, on mettra le centre social à leur disposition », dit-il.

Autrement, ajoute Rajeev Jangi, il n’y a pas eu de gros dégâts dans le Sud-Est, hormis des accumulations d’eau dans plusieurs endroits, notamment à Saint-Hubert et Camp-Carol. « On a envoyé des ‘JCB’ pour enlever les débris. Le pont d’Anse-Jonchée a également débordé et la SMF a déjà procédé au nettoyage. » D’autres localités, comme Mare-Tabac, ont aussi connu des accumulations d’eau, tout comme la Résidence Paul Langlois, à Plaine-Magnien. Roopesh Hoseneea, vice-président de Grand-Port et élu du village, indique que des travaux pour des drains sont en cours dans ce quartier. « Toutefois, les travaux ont été retardés, du fait du confinement notamment. Ce qui s’est passé, c’est que le contracteur avait fouillé un trou qui a débordé, et l’eau s’est répandue dans le quartier. Plusieurs maisons ont été affectées. Les travaux reprendront dès que le temps le permettra, car ce quartier connaît des inondations à chaque grosse pluie », concède-t-il.

À Rose-Belle, Jayshree Haton, conseillère, était aussi à pied d’œuvre tôt depuis le matin pour rendre visite aux familles affectées. « Je suis sur le terrain pour voir où il y a des problèmes et apporter notre soutien. » Elle est notamment intervenue auprès de la famille Agathe, au morcellement Blue Print, à Union Park, où l’eau a envahi les maisons, obligeant les enfants à marcher dans la boue.

Nadine Agathe témoigne : « Il y a de l’eau partout et toutes nos affaires ont été abîmées. Les meubles ont gonflé et ont craqué. Les provisions ont été affectées. Nous sommes dans l’eau depuis mardi. Les policiers sont venus et ont fait des photos sans même descendre du van. Les pompiers sont venus par la suite et ont aidé à évacuer ma sœur de sa maison, mais ils n’ont pas pompé l’eau car ils n’avaient pas d’équipement. »

À 13h hier, la jeune maman attendait toujours, avec l’angoisse que son enfant ne tombe malade dans cet environnement. « Ce n’est pas la première fois que nous avons ce genre de problème. Auparavant, il y avait un petit pont qui débordait et, depuis, on l’a agrandi. Pendant cinq ans, nous étions tranquilles. Mais voilà que depuis mardi, ça recommence. Nous avons essayé de remonter à la source et nous avons constaté qu’il y a des personnes qui ont construit des murs sur un petit canal à proximité. De même, il y a un gros tuyau sur l’autoroute qui déverse toute son eau comme une cascade dans la localité », s’insurge-t-elle.

Nadine Agathe lance un appel pour que les autorités réagissent, surtout par rapport aux constructions illégales. « Ce n’est pas pour rien qu’on demande de laisser une réserve. Ce qui est dommage, c’est que les personnes qui ont bouché les canaux ne sont pas affectées. Et c’est nous qui devons en faire les frais, » rajoute-t-elle.

Plus tôt, vers les 6h du matin, à l’intersection près de l’hôpital de Rose-Belle, une voiture a été immobilisée par les eaux boueuses. Le chauffeur rentrait chez lui. Il a fallu l’intervention des pompiers pour évacuer l’eau et dégager la voiture de cette impasse.

RIVIÈRE-DES-CRÉOLES

Lourdes conséquences du développement routier

La Link Road reliant Plaine-Magnien et Rivière-des-Créoles, construite au début des années 2000, a des conséquences néfastes pour deux familles dont les maisons se trouvent dans la région. En effet, hier, la famille Rausick a dû être évacuée à la suite d’un problème de glissement de terrain.

Mais ce problème date déjà. Priyam Rausick-Gaungoo explique que la maison familiale a subi de nombreuses fissures, du fait que l’eau est déversée dans la cour depuis les travaux.  « Il y a un mur qu’on a construit à l’arrière et l’eau passe par-dessus pour atterrir chez nous. Nous ressentons également des secousses quand les camions passent sur la route. Initialement, les ingénieurs avaient conseillé de déplacer deux maisons lors de la construction de la Link Road. Puis, on a laissé tomber. Sauf que depuis, nous en subissons les conséquences. »

Elle précise que les députés de la circonscription, ainsi que des représentants de la Road Development Authority (RDA) et du Land Drainage Authority (LDA), entre autres, sont venus établir un état des lieux. « Pour l’heure, ils ont suggéré de construire un mur de soutènement, mais nous aurions souhaité des solutions à long terme. Qu’a-t-on prévu pour la famille ? Que va-t-il se passer pour tous les dégâts causés ? La maison était là avant la construction de la Link Road. Cela fait des années que nous subissons les conséquences, mais avec le changement climatique et les pluies qui sont de plus en plus fortes, la situation devient très préoccupant », s’inquiète-t-elle.

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