Pointe-aux-Sables: Mécontentement grandissant contre l’usine Desbro Trading

Le mécontentement continue à gagner de nombreux résidents de La Tour Kœnig et des morcellements Rey, Verger-Sur-Mer et Ghurburrun, quartiers hautement résidentiels de Pointe-aux-Sables, au fur et à mesure que la construction d’une usine de traitement de fertilisants et autres produits agrochimiques par la compagnie indienne Desbro Trading avance dans la région.

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Bien que l’usine sera située dans la zone industrielle de La Tour Kœnig, gérée par Landscope Limited (ex- SLDC) et que le promoteur a déjà obtenu son permis d’opération, sa proximité jugée trop grande avec les résidences – soit à peine 365 mètres de l’habitation la plus proche – fait craindre l’éventualité de catastrophes, telle une explosion ou une émanation chimique toxique survenant en pleine nuit.

Les résidents de la région soucieux de leur avenir et leurs divers mouvements de quartiers se sont réunis au sein d’un Collectif pour le bien-être de Pointe-aux Sables. Ils ont commencé à réunir des fonds afin d’entamer des poursuites légales contre les autorités pour contester l’autorisation donnée à Desbro de s’installer dans leur région. Déjà bien longtemps, ils se plaignaient, mais en vain, de la pollution causée par une cimenterie de la compagnie Betonix. Cette situation s’est envenimée avec les activités industrielles d’une fonderie qui pourrit l’atmosphère surtout quand elle fonctionne la nuit. Les résidents sont maintenant très en colère depuis qu’ils ont pris connaissance que Desbro Trading Limited quitte, en fait, St. Pierre (village situé dans la circonscription du Premier ministre, Pravind Jugnauth) pour s’installer à Pointe-aux-Sables.

Débarrasser St. Pierre pour encombrer ailleurs 

Dans sa demande de permis soumise au ministère de l’Environnement et de la Qualité de la Vie, la compagnie a bien fait ressortir que “notre entrepôt actuel à St. Pierre n’est pas suffisamment grande pour abriter des services additionnels nécessaires à notre industrie de fertilisants et, en raison de la population grandissante de St. Pierre, la compagnie a décidé de délocaliser vers la zone industrielle de La Tour Kœnig. À cette nouvelle location, la compagnie importera, entreposera et distribuera des produits chimiques, agrochimiques, des fertilisants, des matériaux en plastique, des produits solvents et mettra sur pieds une NPK Blending Unit pour le mélange de produits chimiques tels de l’acide ascétique, du sodium hypochlorite et de la soude caustique.”

Dans sa demande de permis, Desbro Trading Limited a reconnu que les activités de son usine auront des retombées sur l’environnement durant sa phase de construction tout comme lorsqu’elle commencera à tourner.

Incidences sur la santé

Ces retombées auraient des incidences sur la santé et la sécurité humaine ainsi que sur l’environnement naturel. Toutefois, selon l’expert de la compagnie, “des mesures seront prises pour mitiger, pour réduire et contrer les risques potentiels dont la pollution sonore, le rejet de poussière dans l’air, le bruit causé par le va-et-vient de véhicules et les incendies.”

Si les autorités se sont laissées séduire par les arguments mis en avant par la compagnie, dont la création d’une cinquantaine de nouveaux emplois, la fin d’un monopole dans le marché des fertilisants et la possibilité pour le pays d’économiser des devises étrangères en encourageant la production locale, par contre, des résidents directement concernés par les activités de l’usine à venir soutiennent,eux, que Landscope Limited tout comme le ministère de l’Environnement et de la Qualité de la Vie auraient dû les avoir informés et consultés. Animés du sentiment qu’ils sont victimes de la politique classique not in my backyard qui a consisté à débarrasser St. Pierre d’une usine potentiellement très polluante pour l’implanter à Pointe-aux-Sables, un quartier urbain qui connaît un développement résidentiel soutenu depuis une vingtaine d’années, avec le soutien de mouvements écologiques et de leurs hommes de loi, ils se disent “déterminés à se battre pour empêcher que Pointe-aux-Sables devienne une poubelle pour des industries dangereuses.” “Nous avons la désagréable impression qu’ils ont débarrassé St. Pierre d’un problème pour venir nous empoisonner ici”, dit un résident.

Lors d’une récente conférence de presse, le Collectif pour le bien-être de Pointe-aux-Sables avait averti que les habitants de la région sont très mécontents de la façon dont les autorités agissent sur leur environnement sans jamais solliciter leur avis. La colère, avons-nous pu constater, est dirigée également contre la municipalité de Port-Louis et le Conseil de district de Rivière-Noire. Selon des résidents, l’usine de Desbro chevauchant la frontière de leurs territoires, ces deux administrations régionales auraient dû faire entendre leurs voix pour protéger les intérêts de leurs administrés.

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