Post – Covid-19 : Le bus gratuit coûte cher aux opérateurs du transport

– Une révision à la hausse de l’allocation accordée par le gouvernement pour le Bus Pass du troisième âge et les autrement capables

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Swaley Ramjane de l’UBS : « Toutes les prévisions faites avec l’introduction du Metro Express ne sont pas tombées à pic »

Le secteur du transport, qui était au quasi-arrêt pendant les 72 jours de confinement, semble difficilement se remettre de la pandémie de COVID-19. En dépit d’une reprise normale des activités, les opérateurs du transport en commun accusent un manque à gagner dans la fourchette de 20 à 25 % dans le nombre de passagers payants alors que le nombre de ceux dans la catégorie voyageant avec des Bus Passes, notamment les bénéficiaires de la pension à Rs 9 000 par mois, se maintient. Pour faire face à cette équation financière, ils réclament une révision à la hausse de l’allocation accordée par l’État à ce titre. Telle est la requête faite par les opérateurs d’autobus individuels dans une lettre adressée au gouvernement. Ils souhaitent que cette allocation mensuelle Rs 16 050 par autobus soit majorée par Rs 7 000. De son côté, la direction de Triolet Bus Service (TBS) trouve que « ce n’est pas une mauvaise idée car le quantum n’a pas été révisé depuis au moins sept ans. »
En attendant une décision dans ce sens, les opérateurs d’autobus individuels regroupés au sein de la Bus Owners Cooperative Federation (BOCF) proposent de tenir une Assemblée générale spéciale en début de semaine en vue de décider de la marche à suivre « si le gouvernement ne revient pas à de meilleurs sentiments. » Le secrétaire de la BCOF, Sunil Jeenarain, soutient que la période de confinement a laissé un goût amer aux opérateurs. « Vu que cette allocation de Rs 525 par jour par autobus en service n’a pas été révisée depuis 2013 et que le pays a déjà atteint la barre de 100 000 personnes âgées dans le pays, il serait normal que le gouvernement propose un ajustement du quantum de l’allocation dans ce sens. Il serait donc approprié de nous accorder une hausse de Rs 230 par jour par autobus », propose-t-il.

Cette correspondance au ministère du Transport rappelle que le Free Travel Scheme a été introduit en 2005 et qu’une allocation uniforme a été accordée à tous les opérateurs d’autobus. Cette allocation est restée inchangée depuis 2013 alors que le nombre de personnes âgées est passé de 122 000 en 2005 à 206 641 en 2018. Avec la hausse de l’espérance de vie, il est prévu qu’il y aura 246 471 personnes âgées en 2023 et 283 181 en 2028. Le nombre de personnes handicapées qui se chiffrait à 24 000 en 2005 est passé à 32 000 en 2012, et 35 000 en 2018. Il est prévu qu’en 2028 le nombre tourne autour de 32 000.

« There has been a subsequent increase in the number of beneficiaries using public buses, the more so the average life expectancy is now 75 years old as compared to 60 years some 15 years ago. After seven years, the number of senior citizens and disabled persons travelling has peaked for time being to 95 per day per bus and simultaneously the average cost of operation of a bus has gone up from Rs 4 800 to Rs 7 200 as explained in my letter of 20 may 2020 addressed to your Minister and copied to you. By the way. I just want to remind you that I haven’t received any reply to my letter from you regarding our requests », écrit le secrétaire de la BCOF.

L’allocation mensuelle accordée par le gouvernement tourne autour de Rs 16 050 mensuellement par autobus pour le transport des personnes âgées et handicapées. Il demande que cette allocation soit augmentée par Rs 7 000. « The monthly quantum in respect of senior citizens and disabled persons paid per bus is around Rs 16 050. As there has been an increase in the number of beneficiaries, I kindly, on behalf of the individual bus operators, submit a request for an increase of Rs 7 000 on the monthly amount payable. I believe that this amount represents a fair and reasonable compensation fo the free bus service offered to senior citizens and disabled persons all over the island », insiste le secrétaire de la BCOF dans la lettre intitulée Free Travelling-Agreement between Government of Mauritius and Bus Owners Co-operative Societies for Co-operative Societies in respect if Senior Citizens/Disabled Persons.

Les projections de la BCOF indiquent que le nombre de personnes âgées entre 60 et 64 ans passera de 70 595 en 2018 à 83 608 en 2028 et à 98 594 en 2038. Il passera de à 67 805 en 2038 pour ceux âgés entre 70 à 74 ans contre 34 927 en 2018. La BOCF dit noter également une baisse du nombre de passagers ces derniers temps. Une situation qui s’explique par le fait qu’il y a un nombre croissant de vans marrons qui opèrent aux abords des gares routières depuis la période de confinement, les pertes d’emploi et le télétravail.
Interrogé à propos de la demande formulée par les opérateurs individuels sur la nécessité de renégocier les termes du contrat du transport gratuit, le directeur général de Triolet Bus Service (TBS), Viraj Nundlall, affirme que « ce n’est pas une mauvaise idée si on veut sortir les opérateurs d’autobus dans cette mauvaise passe ». Et de poursuivre : « Dans le Nord du pays où se déroulent nos principales activités, on a constaté une baisse de 25 % à 30% de nos passagers. Cette situation s’explique par le fait qu’il y a un changement dans les habitudes de la population. Normalement, durant le week-end, nos bus sont remplis. Ce ne pas le cas actuellement, Cette situation est rendue encore plus difficile avec la présence des vans marrons sur nos lignes. Ces vans ont l’habitude de travailler avec des établissements hôteliers et des bungalows. Maintenant que le secteur est à l’arrêt, ces opérateurs illégaux viennent transporter nos passagers, ce qui explique en partie que nos autobus ne sont plus remplis comme à l’accoutumée », dit-il.

Il devait souligner qu’à TBS, la direction est en train de réfléchir sur une autre demande d’octroi de subsides aux compagnies d’autobus pour l’achat de diesel à bas prix vu que le cours du carburant est en baisse sur le marché mondial. Pour lui, tous les opérateurs d’autobus du pays accusent des pertes actuellement. Ce sont du moins les renseignements qui lui parviennent en tant que membre actif de l’Association of Bus Operators.
Une révision de l’allocation mensuelle du gouvernement, compte tenu du transport gratuit, est aussi soutenue par la compagnie Mauritian Bus Transport. . « Il faut revoir le paiement qu’on donne actuellement au niveau du transport gratuit. Nous attendons toujours la décision du gouvernement mais aucune réponse ne nous a été communiquée jusqu’à maintenant », déplore Uday Raj, directeur général de la MBT.

Il est d’avis qu’il serait « idéal » de revoir le prix du ticket d’autobus payé aux compagnies au titre du transport gratuit par autobus tout en ajoutant que le prix qui est payé en ce moment remonte à environ sept ans. Une telle situation résulte en un « sérieux manque » à gagner pour la compagnie MBT. « Nous enregistrons un gros manque à gagner considérant le nombre d’autobus que nous devons mettre à la disposition des écoles tous les matins et l’après-midi. Sur ma flotte de 33 autobus, plus de 22 vont vers les écoles », dit-il.

L’avènement du système cashless par le gouvernement est, toutefois, accueilli par le directeur général. Cependant, il se demande si le montant offert mensuellement aux compagnies d’autobus sera le même ou si une révision du montant du ticket payé sera effectuée. « Nous n’avons aucune discussion avec le gouvernement à ce sujet. Nous sommes toujours dans le flou », dit-il. Il espère qu’avec ce système, les failles de l’ancien système seront corrigées car pour lui, « on ne sait pas qui transporte plus ou moins de passagers ». Mais sa grande question est la mise en opération de ce système qui suscite encore des interrogations. « Serions-nous payés le montant total ou nous aurions une Clearing House qui nous réclamera une commission sur chaque paiement ? », se demande-t-il.

Uday Raj Gujadhur soutient toutefois qu’il serait difficile de dire si les compagnies de transport seront payées correctement. Mais il ne cache pas que le système actuel a aussi bénéficié à sa compagnie dans la mesure où l’argent déboursé par l’État était encaissé chaque mois. « C’était un avantage en termes de liquidités. Mais nous n’avons aucune indication du fonctionnement du nouveau système », dit-il.

Par ailleurs, depuis la fin du confinement et l’interruption des opérations des hôtels, il constate une baisse de 25% de ses revenus. La raison principale de cette baisse, dit-il, est la concurrence des vans et taxis marron. « Nos revenus ont été sévèrement affectés depuis la reprise », dit-il pointant du doigt ces types de transport. De plus, il constate également une baisse dans le nombre de passagers et se demande si les gens ont changé de mode de transport. Il avance que les autobus express de la MBT ne sont pas aussi remplis, causant ainsi une chute des revenus. Il espère que cette situation ne perdure pas. Pour préserver les emplois, il soutient que les stratégies de la compagnie ont été revues.

Même s’il faut revoir le système de transport gratuit, le directeur général de l’United Bus Service (UBS), Swaley Ramjane, ne veut pas s’imposer sur le gouvernement. Le plus important pour ce chef d’entreprise est « de faire rouler » étant donné que les conditions économiques ne sont pas tellement favorables. « Le gouvernement nous aide énormément. Sans l’aide du gouvernement, on aurait mis la clé sous le paillasson depuis longtemps », dit-il. Mais il pense qu’il serait « bien quand même de revoir le transport gratuit ». Il avance que le Cashless System résoudra beaucoup de problèmes. Une augmentation serait bien accueillie, selon lui. « Mais on ne peut pas demander cela au gouvernement. On doit être content si on peut tenir la tête hors de l’eau sans calculer les profits. »
Selon lui, toutes les prévisions faites avec le Metro Express « ne sont pas tombées à pic ». Et d’ajouter : « Nous avons du travail à faire ensemble. Il nous faut mettre un système de péage et ce sont des mesures impopulaires. De plus, nous vivons des moments difficiles et une telle décision n’est pas évidente. »

Abordant la révision du transport gratuit, un autre opérateur qui n’a pas souhaité divulguer son identité déclare que le paiement offert par le gouvernement aux compagnies d’autobus « n’a jamais été une subvention ». Les tarifs d’autobus ont été revus à la hausse en 2013 et sur chaque roupie que la compagnie gagne, dit-il, le gouvernement « ajoute une autre ». Mais pour lui, il faut revoir ce système car le gouvernement « pompe Rs 1,2 milliard annuellement dans le transport en commun ».

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