Post-Covid-19 : Les compagnies touristiques les plus affectées par les licenciements

L’effet de la Covid-19 sur les compagnies touristiques est inévitable, comme le confirment les cas entendus au Redundancy Board mercredi matin. Ces compagnies veulent en effet réduire leur personnel, n’ayant plus d’activités.

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Sega Tours Ltd a été la première compagnie appelée devant le président du Redundancy Board, Rashid Hossen. Cette Destination Management Company, qui existe depuis une dizaine d’années, enregistre des annulations de vacances à Maurice de la part de ses clients. « Depuis le début de la pandémie, nous avons enregistré des annulations. Les frontières sont fermées et suite à un sondage avec nos partenaires étrangers, nous n’aurons pas de touristes avant la fin novembre », explique le directeur, Vicash Purryag, justifiant ainsi le recours au licenciement.

Face à cette situation inattendue, une de ses employées, qui était recrutée pour le marché espagnol, a dû être remerciée le 9 mai. Interrogé par le président du Redundancy Board à l’effet de savoir si la compagnie avait obtenu le financement du gouvernement pour payer les salaires, le directeur a répondu par l’affirmative, précisant avoir même payé deux mois de salaires à ses employés. Mais il dit toutefois ignorer qu’en obtenant l’aide de l’État, il n’avait pas le droit de licencier. Rashid Hossen lui ayant expliqué cette condition, ce directeur lui a simplement répondu qu’il n’en avait « aucune idée ». Pressé de questions sur l’employée qui a été remerciée, et s’il prévoyait de la réembaucher, il a juste dit qu’il y « réfléchirait ». L’affaire a été fixée au 19 juin en vue de trouver une solution dans ce cas précis.

La représentante de l’employée concernée, Jane Ragoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), était aussi présente lors de cette séance. Pour elle, ce directeur de compagnie n’avait pas le droit de licencier durant la période de confinement. Elle dit cependant préférer laisser tout entre les mains du président du Redundancy Board pour la marche à suivre.

Un autre cas, concernant cette fois trois employés de cette même compagnie, est aussi passé devant le Redundancy Board. Tous étaient défendus par la CTSP. Selon Jane Ragoo, « tous les employés n’ont pas reçu leur lettre de licenciement ». Mais le directeur, lui, dit avoir « négocié » avec son personnel afin de voir s’ils accepteraient de réduire leur salaire. Sur 14 employés, 11 ont accepté. Devant ses explications, le président du Redundancy Board lui a fait comprendre que le board traitait des dossiers de compagnie souhaitant licencier, ce qui n’est pas le cas ici. S’agissant de la réduction de salaires, l’affaire, dit-il, doit être référée au ministère du Travail. Du coup, elle a été “set aside”.

La compagnie Tropical Submarine Safari était également présente devant le board. Analysant les dossiers de cette compagnie, qui était représentée par un homme de loi, Rashid Hossen a remarqué que la notification n’était pas conforme et que des négociations avec le syndicat n’avaient pas été entamées. Suite à quoi la compagnie a répondu qu’elle est touchée par la crise et que le confinement n’a pas permis d’entreprendre de telles démarches. Elle précise toutefois que les employés ont été notifiés et que, poursuit l’avocat, des négociations ont eu lieu. Reste que des manquements ont été notés. La direction de la compagnie a de fait demandé « plus de temps » pour décider de la suite. L’affaire a été renvoyée à la semaine prochaine.

Vient ensuite le cas de l’hôtel Palmiste Ressort and Spa. L’hôtel a demandé un “Leave Without Pay” de trois mois. Mais cette demande n’a pas été traitée par le Redundancy Board. La direction s’est vue conseiller de présenter son cas au ministère du Travail. La compagnie Busy B, dirigée par Béatrice Bellepeau, s’est elle aussi retrouvée devant le Redundancy Board. L’entreprise fait en effet face à d’énormes difficultés financières. « Nous sommes à genoux. Nous avons demandé un prêt à la DBM et nous n’avons que la fin du mois. Nous n’avons aucun sou en caisse », explique la directrice au président du Redundancy Board. La situation est tellement grave que Busy B a été contrainte de fermer ses magasins, car dans l’incapacité d’honorer ses engagements financiers.

Les malheurs de la compagnie auraient commencé depuis le démarrage du projet Metro Express. « Depuis le mois de novembre, nous négocions avec les employés au sujet de leur boni de production », dit la directrice de la compagnie. Et d’expliquer que cette option avait été étudiée afin de ne pas réduire le nombre d’employés.

Béatrice Bellepeau soutient que l’entreprise voulait à l’origine licencier 13 personnes, mais qu’entre-temps, une partie du personnel a démissionné. Désormais, il ne reste donc que huit employés, qui comptent d’ailleurs aussi quitter la compagnie. Rashid Hossen a de fait demandé à la compagnie pourquoi elle avait recours au Redundancy Board si tel était le cas. Ce à quoi la directrice a répondu : « Nous suivons la loi. » Après quoi Rashid Hossen a demandé à la représentante des employés si ses collègues étaient d’accord de partir sans être payés. L’affaire a été renvoyée à la semaine prochaine. Tous les employés seront appelés devant cette instance. Quant à la compagnie World Tropicals, qui veut licencier 15 personnes, sa notification est jugée incorrecte et une nouvelle demande devra être formulée devant le Redundancy Board.

Une entreprise a toutefois été félicitée par Rashid Hossen pour avoir préservé l’emploi, à savoir Tayelamay & Sons Ltd. Représentée par un avocat, l’entreprise affirme qu’elle ne compte pas réduire son personnel. « C’est une bonne nouvelle et j’apprécie vos efforts », a dit le président du Redundancy Board. À noter que Shanti Maurice Maullywood Ltd était aussi devant le Redundancy Board mercredi. Des accords ont été trouvés entre les employés et l’employeur.

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