Post-COVID-19 : Les difficultés financières s’amplifient de plus en plus dans le Corporate Sector

– La menace de licenciement pèse sur la tête de nombreux employés

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– Certains demandent volontairement de baisser leurs salaires

– D’autres renoncent à leurs allocations et bonis

– La relance de l’économie tributaire de la vaccination

Le réveil est brutal pour certains salariés en ce début 2021. Quelque 2 000 salariés se retrouvent jetés devant la porte du Redundancy Board.  Mais au sein des entreprises, après une année cauchemardesque, les difficultés financières des entreprises sont encore loin de s’atténuer. Au contraire… Les frontières sont toujours fermées, point de vaccination à l’horizon pour les Mauriciens, la consommation ralentit, les rentrées d’argent sont en baisse et les problèmes financiers s’amplifient dans la majeure partie des entreprises, grandes ou petites.

Pour beaucoup d’employeurs et d’employés, la reprise du travail a été synonyme d’annonces difficiles. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que j’ai dû parler à mon staff mais il faut tenir un langage clair, attention qu’ils aillent dire qu’ils n’ont pas été prévenus. La situation est très difficile et nous allons vers des licenciements si cela ne s’arrange pas très vite », concède ce chef d’entreprise. Dans beaucoup de compagnies, le message a été le même : « Nous faisons face à des pertes depuis la pandémie et si nous n’arrivons pas à sortir de ce pétrin, il nous faudra licencier. »

Dans une petite entreprise engagée dans la construction, les employés ont eu une mauvaise surprise au lendemain des fêtes de fin d’année. Le jour de la rentrée, le 11 janvier, le patron a convoqué une réunion. « Il nous a demandé de consentir à une baisse de 50% de notre salaire, car la situation est difficile, et ce afin d’éviter de futurs licenciements », raconte cette employée. « La baisse sera pour janvier et février », précise-t-elle.

« On n’ira travailler que cinq jours sur dix pendant cette période. C’est-à-dire que je ferais une semaine de deux jours au bureau en alternance avec une semaine de trois jours », dira-t-elle.

Au sein de cette compagnie, l’annonce est tombée comme une douche froide alors que tous les collègues étaient heureux de se retrouver après les fêtes. « C’est dur. Je ne sais pas trop quoi penser. Ce sera difficile avec 50% de salaire de subvenir aux besoins de la famille, rembourser mon prêt et m’occuper de mes enfants. Je ne sais pas comment je vais faire », lâche un de ses collègues. Un autre préfère relativiser, sachant que cela aurait pu être pire : « Je préfère faire un sacrifice maintenant et accepter cette baisse de salaire plutôt que de me retrouver au chômage dans quelques mois si la compagnie doit licencier. Ce sera difficile entre-temps, mais nous n’avons pas le choix avec cette crise. Heureusement que la baisse n’est que temporaire. »

Un employeur dont l’entreprise est en difficulté explique : « Je dois avouer que nous avons repris le travail avec un grand découragement. La lutte devient de plus en plus compliquée et nous n’arrivons pas à suivre. L’État nous impose des contraintes. On nous a dit de ne pas licencier mais ils ne se rendent pas compte que nous vivons une autre réalité entre-temps et nous sommes obligés de trouver des solutions pour rester en vie ! Nous devons absolument changer de “business model” si nous voulons survivre. La situation est devenue tellement grave que même nos employés sont maintenant conscients des difficultés financières et moi-même j’ai des employés qui sont venus me voir pour demander à l’entreprise de baisser leurs salaires sur une base volontaire. »

Dans d’autres compagnies, toujours par solidarité avec l’employeur, certains cadres ont même choisi de mettre une croix sur leurs allocations (transport ou autre) ou sur les bonus. « Certains ne réclament pas leurs privilèges, sachant que nous sommes en difficulté et par solidarité avec l’employeur », dit un responsable de ressources humaines basé à Port-Louis.

Dans certains “quarters” du secteur privé, on laisse entendre aussi que, conscients des difficultés, beaucoup d’employés « ont accepté un boni de fin d’année calculé sur leur salaire de base au lieu d’être calculé sur leurs émoluments ». Mais cela se fait sur une base volontaire et surtout en toute discrétion, dit-on, afin de ne pas « avoir de problèmes ».

Une petite compagnie engagée dans la construction d’appartements sur la côte a réduit les salaires de ses collaborateurs. « Il n’y a pas de revenus et le patron dit que nous devons au moins vendre un appartement pour sortir la tête de l’eau. Il faut que l’argent entre, sinon il ne pourra pas nous payer », explique cette employée.

Dans d’autres secteurs d’activité, les choses sont aussi compliquées : « Nous avons trouvé un accord avec les employés qui ont accepté de baisser leur salaire. Ils l’ont fait volontairement pour lutter contre ce désastre financier qui nous plombe. Ils préfèrent baisser leur salaire pour contribuer à protéger l’emploi car ils savent que, si les difficultés persistent, la compagnie sera obligée de licencier dans les prochains mois », confie un employeur.

En contrepartie de la baisse de salaire, beaucoup d’employeurs proposent des horaires réduits aux personnes concernées, comme c’est d’ailleurs le cas pour de nombreux cadres d’Air Mauritius qui est sous administration volontaire. Il nous revient aussi, que confronté à de grosses difficultés de “cash flow”, d’autres types d’arrangements sont agréés entre employeurs et employés, comme l’extension de la date du versement des salaires. Mais là encore, c’est la plus grande discrétion qui règne…

La solution à tous ces problèmes de trésorerie et de baisse de revenus, c’est bien entendu une vaccination massive. Les employeurs l’attendent avec impatience afin de sauver l’économie de la déroute. Toutefois, les explications des autorités à ce stade – notamment le « nou pa pe rush » ne rassure guère, surtout dans les milieux économiques car, selon eux « ce n’est que le vaccin qui permettra un semblant de retour à la normale ». Un employeur, qui a à sa charge plus de 2 000 emplois, déclare : « Il faut des dates, un programme. La réouverture de nos frontières et la relance de notre économie sont tributaires de la vaccination de 1,2 million de personnes. Il faut être sérieux dessus. »

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