Post-COVID-19 – Relance de l’économie : La glocalisation pour la relance du commerce régional

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, présent, mardi, à un branstorming avec la participation d’un panel de spécialistes, dont l’ex-FS Ali Mansoor

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L’EDB : depuis 2015, l’Afrique du Sud est devenue le premier marché d’exportation des produits textile et de l’habilement confectionnés à Maurice

Projet conjoint Maurice-Madagascar pour la mise sur pied du Moramanga Textile Park sur 80 hectares le long de l’axe routier reliant la capitale et le principal port de la Grande-Île (RN 44)

Avec le dernier trimestre de l’année ou encore le premier semestre de l’exercice financier 2020-21 abordé, l’urgence de mettre en place les bases d’une reprise de l’économie Post-COVID-19 se fait de plus en plus pressante. Certes, avec un potentiel de contribution de l’ordre de 23% au Produit intérieur Brut (PIB) et un poids de 10% de la population active, soit 44 000 emplois directs et 90 000 indirects, l’industrie touristique lorgnant une éventuelle réouverture des frontières (voir détails plus loin) focalise l’attention. Mais en marge de toute décision relevant du Premier ministre, Pravind Jugnauth, sur ce dossier porteur de risques, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et ses plus proches collaborateurs, dont le secrétaire financier, Dev Manraj, se penchent sur les perspectives de relance des échanges commerciaux. Ainsi, le nouveau buzzword aux Finances est Glo-Localisation, soit le renforcement des échanges économiques au niveau de la région. De ce fait, le Grand Argentier procédera mardi à l’ouverture d’une brainstorming session en vue de jauger et de confirmer les pistes de développement au niveau de la région, le temps que les gros nuages de la récession économique se dissipent sur le front international.

La brainstorming session, convoquée pour mardi et placée sous la présidence du secrétaire financier, devra réunir des Top Guns, dont Ali Mansoor, ancien secrétaire financier et ayant fait carrière à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international, Amédée Darga de Straconsult, qui a toujours eu un regard économique tourné vers l’Affriqie, Raj Mohabeer de la Commission de l’Océan Indien (COI), Sunil Boodhoo de l’International Trade Division du ministère des Affaires étrangères, Ken Arian, Senior Adviser au Prime Minister’s Office, de même que des représentants du Mauritius Africa Fund, de l’Economic Development Board, de Business Mauritius, de la Mauritius Export Association, de la Chambre de Commerce et d’Industrie et de l’Association of Mauritian Manufacturers.

L’agenda des discussions et des consultations de ce mardi au ministère des Finances s’articulera autour des thèmes suivants :

l la promotion du commerce régional

l’amélioration de la connectivité au niveau de la région

l un nouveau souffle au Cargo Business en Afrique et avec les pays riverains de l’océan Indien

l le networking en Afrique en vue de faciliter le commerce régional avec l’engagement actif de la société DHL

l une révision du mandat des Economic Counsellors pour promouvoir le commerce régional

l la révision des instruments, dont les conventions, pour encourager le Regional Trade

l la manufacture dans le port franc et

l le réseau de distribution en Afrique de l’Est.

L’un des principaux projets qui pourraient s’installer aux premiers rangs de ce processus de Glo-Localisation n’est autre que le Moramanga Textile Park, projet piloté conjointement par Maurice et Madagascar avec la bénédiction du Mauritius Africa Fund. L’ambition de Port-Louis et d’Antananarivo est de mettre en place sur le principal axe routier entre la capitale et le principal port de la Grande-île une zone industrielle consacrée aux produits textile et de l’habillement avec toutes les facilités logistiques sur une superficie de 80 hectares.

À ce stade, les premières estimations indiquent que des investissements de l’ordre de Rs 2,5 milliards (60 millions de dollars américains) seront nécessaires pour compléter l’infrastructure physique et environnementale, notamment des sewage treatment plants et common effluent treatment plants. Le calendrier établi pour la réalisation de ce projet sur le plan régional prévoit que d’ici à la fin de l’année, un Sreening Report devra être avalisé, ouvrant la voie aux travaux sur le site identifié à Madagsacar, alors que « the project development process is expected to be completed in 11 months in order to tender the project for the private sector/developer participation ».

Dans les milieux autorisés, l’on justifie cette stratégie privilégiant des liens d’échanges et d’activités économiques au niveau de la région par des mutations majeures survenues au cours des dix dernières années. « As from 2010, there has been a growing need to partner with regional countries to further bolster trade and investment. The availability of raw materials, the potential of consumption of urban youth and the establishment of future smart cities offered opportunities for more intra-Africa trade », note l’Economic Development Board dans une récente analyse portant sur les 50 Years of the Manufacturing Sector.

S’appuyant sur des partenariats contractés avec des enseignes comme The Foschini Group, Wool-worths, Edgars, Truwoths de même que la présence des marques européennes, comme Adidas et Puma sur le marché de l’Union Douanière d’Afrique australe (SACU), Maurice a pu contrer les répercussions néfastes du déclin sur les marchés traditionnels en Europe. La conséquence est que « as from 2015, South Africa has emerged as the number one market destination for textile and apparel products ahead of France, the United Kingdom and the United States of America ».

Apport de la technologie

Poursuivant, l’Economic Development Board fait comprendre que « further market diversification in the region has enabled Mauritius to export shirts and suits to Kenya. Mauritius has also emerged as a supplier of yarn and fabrics to the apparel industry in Madagascar, Lesotho, and South Africa ». En dépit de la performance plus qu’en demi-teinte, l’industrie du textile et de l’habillement pèse encore de son poids au sein de l’économie avec des recettes d’exportation de Rs 24 milliards, représentant 44% du total des exportations l’année dernière, dont Rs 15 milliards sous forme de valeur ajoutée brute et 41 937 emplois recensés à ce jour.

Concernant le secteur textile et l’habillement de demain, l’apport de la technologie s’avère être capital en vue d’améliorer la compétitivité des produits Made in Mauritius devant être livrés aux clients « in the shortest lead time. » « The government has appointed experts from the World Bank through the Economic Development Board and Professor Barnes to chart out the strategic roadmap for the manufacturing sector and to devise new industrial policies that will lead to the development of a new ecosystem for the next decades », déclare-t-on officiellement dans la configuration de la nouvelle architecture économique post-COVID-19.

Toutefois, avec la crise de COVID-19 et ses séquelles sur front du commerce international et des nouvelles exigences en termes de processus de fabrication et de commercialisation des produits d’habillement, les opérateurs mauriciens procèdent à des ajustements en vue de positionner Maurice comme un des fournisseurs de produits durables et écologiques sur le plan vestimentaire.

Dans cette persective, l’Economic Development Board s’est assuré les services de la société Carlin International, spécialisée dans les prévisions de tendance, avec pour objectif de développer une collection de vêtements durables sous l’étiquette 100% Responsible Apparel Products. Cette collection Made in Mauritius sera en principe présentée à l’Expo 2021 se déroulant à Dubaï.

La filière des exportations de produits de la mer, avec des recettes de Rs 13,3 milliards, est présentée également comme étant porteuse d’énorme potentiel d’expansion. « With the easing of lockdown restrictions in several parts of the world, it is expected that the market will regain lost momentum as seafood remains a healthy food option », souligne l’Economic Development Board, qui s’est engagé « to enhance the attractiveness of Mauritius as an Investment Destination for Seafood Processing ».

Toutefois, avec le naufrage du MV Wakashio au large de Pointe d’Esny et le déversement d’un millier de tonnes de fioul dans cette partie de l’océan, l’on se dit conscient que sur le plan de la promotion du seafood hub, une campagne d’explications et de sensibilisation pour rassurer les principaux marchés ne serait pas de trop dans la conjoncture…

Réouverture des frontières—AXYS : « Mauritius will embark on its own experiment soon »

La pression pour la réouverture des frontières ne fait que s’accentuer, même si du côté de l’Hôtel du gouvernement, l’on tente de rassurer avec l’extension du Wage Assistance Scheme en faveur de l’ensemble des salariés du secteur du tourisme. Les opérateurs hôteliers reviennent de manière systématique à la charge pour tenter d’obtenir une date du Premier ministre, Pravind Jugnauth, en vue de projeter un début de visibilité sur le marché international en prévision de la première haute saison de 2021, soit les vacances de Pâques. Mais jusqu’ici, ils sont restés sur leur faim faute d’annonce officielle. De son côté, AXYS s’appuyant sur les résultats d’un straw poll au sujet de cette reopening of borders strategy, décortique les différentes options en soulignant que « in essence, Mauritius will embark upon its very own experiment in a short few weeks ».

Compte tenu que « our clients invest in capital markets, and/or tend to be professionals », AXYS révèle qu’à une grande majorité, soit entre 70% et 76%, dépendant de la marge d’erreur, est en faveur d’un retour à la normal au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport dans les meilleurs délais. Toutefois, les auteurs de l’analyse de ce sondage attirent l’attention sur le fait que « while a protocol/scenario which would be a win-win for all stakeholders does not appear realistic at this stage, perhaps a conditional re-opening requiring some form of quarantine, — not ideal for hotels and hospitality operators — could offer an imperfect compromise allowing some operators to regain traction ».

En guise de préambule, AXYS concède que « the absence of a « When » (a firm date) hinders a firm’s ability to take decisions, make a business plan, which in turn weighs down on the domestic outlook ». Poursuivant, mention est faite que « another pressing concern is the « How », i.e.the protocols that wll be established/implemented to contain the spread of the SARS-CoV-2 virus ». Tout en soulignant que les compromis entre les desiderata des opérateurs de l’industrie touristique et les exigences de santé publique sont bien loin d’être parfaits, le dilemme à l’Hôtel du gouvernement semble insurmontable, même si « Mauritius will eventually have to re-open its borders ».

AXYS cite le cas de la destination touristique d’Aruba avec une population de 120 000 habitants mais accueillant 1,1 million de touristes annuellement. Avec la réouverture des frontières à partir du 1er juillet dernier, cette destination n’avait accueilli que 11 000 touristes pour le premier mois, représentant 12% de « its pre-pandemic monthly average ». Le mois suivant, une résurgence de cas de COVID-19 fut enregistrée, avec l’île d’Aruba placée de nouveau sur la liste rouge des principaux marchés en Europe, dont la Grande-Bretagne.

Mise en garde

L’exemple des Maldives, autre destination touristique prisée est cité avec seulement des arrivées de l’ordre de 5% de la moyenne mensuelle à la réouverture des frontières. Ainsi, AXYS affirme que « the re-opening of borders is no panacea. When borders eventually do re-open, tourists will merely trickle in no matter how full reservations might appear at this stage ». Plus loin, la mise en garde est sans appel : « when Mauritius re-opens its borders, protocols — no matter how well thought out — will not stop COVID-19 from returning. It is therefore imperative to contain/limit the spread of the disesase as much as possible ».

En cas d’absence de contrôle et de mesures de prévention, « a resurgence of locally transmitted cases could result in Mauritius being placed on a restricted list and ultimately impact other airlines’ flights ». Ceux qui prônent la prudence par rapport à la réouverture mettent en avant le fait que « the economic pain some operators are experiencing is not going to be resolved by re-opening borders given the substantially reduced international travel being reported globally. Mauritius is experiencing a recession for the first time in forty years, lower sales — as consumers become selective in their spending — and lower profits are the short-term reality ».

Au titre du worst-case scenario avec une deuxième vague dans le cadre de la mise à exécution de la reopening of borders strategy, AXYS n’hésite pas à parler de « carnage ». « If we do not lockdown, thousands could die. This would be a tragedy with every family likely losing a loved one. Even if we’re asked to continue living with the disease, the disruption to businesses from number of employees taking time-off to care for a relative, child, or oneself, coupled with the likelihood that locals could revert to restricting non-essential spending would deal a very significant blow to the economy ».

Commentant les dispositions pour un controlled opening, notamment la quatorzaine obligatoire et les deux tests, AXYS fait comprendre que « under such a scenario, the typical Mauritius tourist who spends 10 nights or less on average might choose not to travel which would not help alleviate tourism operators’ existing woes ».

L’un des rares arguments en faveur de la réouverture avec ces restrictions est la possibilité d’attirer avant le prochain hiver des Européens à la retraite, susceptibles d’effectuer de plus longs séjours dans des « duly licensed coastal bungalows or apartments ». « This in turn would help boost local retail and consumption and not only provide a boost to the smaller operators, but also boost rental pool income within the various IRS/RES/PDS developments », fait-on comprendre, avec les hôtels se transformant en centres de quarantaine.

Last but not least, le niveau de réserves en devises étrangères, évalué par la Banque de Maurice à 14 mois d’importations. « If we do run out in a year, what then ? Well we wo’nt be able to watch Netflix and we would likely have to knock on the door of the International Monetary Fund for assitance. IMF aid comes with strings attached and a reform agenda. Isn’t that perhaps what the country needs ? » conclut AXYS en guise d’avertissement…

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