(POST-MORTEM) Prosecution Commission Bill – Me Yousuf Mohamed : « Zot ti rod pandi papa, me piti finn sov pei »

« Zot ti rod pandi papa, me piti finn sov pei », a lancé mercredi Me Yousuf Mohamed, Senior Counsel, qui était l’invité d’honneur de la première conférence organisée par le PMSD, sur le thème « Comment la démocratie a été sauvée un 19 décembre 2016 ». Il faisait allusion, d’une part, aux accusations portées contre sir Gaëtan Duval, dans le cadre de l’affaire Azor Adelaïde, et d’autre part, à la décision de Xavier-Luc Duval de démissionner de ses fonctions de Premier ministre adjoint et du gouvernement, le 19 décembre 2016, afin d’empêcher que le Prosecution Commission Bill n’obtienne une majorité de trois quarts au Parlement.

- Publicité -

Cette conférence, présidée par Alexandre Leblanc, a vu la participation de Me Yousuf Mohamed, de Me Jacques Panglose, de Mr Rouben Mooroongapillay et de Me Adrien Duval. Pour leur part, Mes Khushal Lobine, Alvin Jawaheer et Olivier Barbe ont répondu aux questions du public. Le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, présent dans l’assistance, s’est gardé d’intervenir lors des échanges.

Yousuf Mohamed a, d’emblée, été très critique à l’encontre de sir Anerood Jugnauth qu’il a comparé au « Roi Soleil » parce qu’il pensait que son autorisation était requise pour entreprendre toute action dans le pays. Il a avancé qu’après avoir reçu un récidiviste notoire en sa résidence pendant plusieurs heures, SAJ avait demandé à ce dernier de consigner une déposition contre Gaëtan Duval au poste de police se trouvant à l’entrée de sa résidence parce qu’il se serait mis en tête qu’il fallait mettre Gaëtan Duval en prison. Il a raconté comment, par la suite, ce dernier avait été arrêté à sa descente d’avion pour être poursuivi pour meurtre. « Ki zot pa finn fer pou ferm Shakeel Mohamed ? a-t-il ajouté.
Pour lui, ce qui est arrivé à SGD, qui risquait la pendaison, s’est produit parce que « le DPP d’alors était trop faible » et aurait été au service du gouvernement. « J’ai vécu assez longtemps pour comprendre ce que sont la démocratie, les pouvoirs du DPP, ceux du commissaire de police et le concept de la séparation. L’exécutif ne peut interférer dans les affaires de la police et ne peut donner des instructions au DPP dans l’exécution de ses devoirs », a-t-il dit.

Et d’estimer que si le Prosecution Commission Bill avait été adopté, il aurait fallu dire adieu à la liberté. « Car rien ne dit que le gouvernement n’aurait pas poursuivi sur sa lancée et n’aurait pas enlevé les pouvoirs constitutionnels du commissaire de police pour les mettre sous la coupole d’un comité nommé par le gouvernement. Nou ti pou viv dans enn goulag dirize par enn diktater ek dan la diktatir. Xavier-Luc Duval et les membres de son parti ont sauvé Maurice et chaque Mauricien de la dictature », a-t-il dit. Pour lui, si le Prosecution Commission Bill avait été adopté, le DPP serait devenu « enn poupet doukia ».
Le légiste a constaté que des éléments de la dictature sont déjà présents dans le pays. « La police persécute les opposants », a-t-il dit.

D’autre part, il s’est demandé comment dans l’affaire Kistnen la police avait affirmé que le décès de l’agent du MSM était dû à un suicide pour changer d’avis sous la pression des Avengers qui, selon lui, « font un bon travail ». Il a invité les jeunes et les moins jeunes à se mobiliser contre la dictature que certaines personnes veulent installer. Il a aussi affirmé qu’il n’a plus confiance en l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), à la lumière de la façon dont elle traite l’Angus Road Saga. Et de conclure que ce pays appartient à tout le monde « car tous les Mauriciens sont venus d’ailleurs ».

Pour Adrien Duval, le départ du PMSD du gouvernement en décembre 2016 a été un des chapitres « les plus importants de l’histoire politique du pays ». Il a annoncé l’organisation d’une série de conférences sur ce thème à travers le pays. Il a expliqué les circonstances dans lesquelles les députés du PMSD, sauf deux, avaient quitté le gouvernement et remercié individuellement les 12 députés qui avaient fait confiance à Xavier-Luc Duval. C’est avec le temps que la population a commencé à comprendre la démarche historique du PMSD, a-t-il observé. Il a dit son appréhension devant les signes que le pays s’approche de la dictature avec les tentatives du gouvernement d’enfreindre la liberté d’expression en citant le cas de Top Fm et l’arrestation des opposants. « Nou pe rant dan enn repiblik bananier sou la direksion du Prins Soley. »

Rouben Mooroongapillay s’est, pour sa part, appesanti sur l’importance de la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire ainsi que sur les pouvoirs constitutionnels du DPP et du commissaire de police. La Prosecution Commission, selon lui, aurait mis fin à l’indépendance constitutionnelle du DPP avec tout le risque que cela comporte et les arrestations arbitraires par la police, entre autres. Il a expliqué que le but de la conférence est de faire comprendre à la population le rôle joué par le PMSD pour empêcher les abus de pouvoir.

Jacques Panglose a axé son intervention sur la philosophie du PMSD concernant la justice, la liberté garantie par la Constitution, et la démocratie qui doit primer en toutes circonstances. Dans ce contexte, il a rappelé les efforts faits par Jules Koenig et Gaëtan Duval pour que les Rodriguais obtiennent le droit de vote et a déploré que le nom de sir Gaëtan Duval ait été enlevé de l’aéroport de Plaine-Corail. Il a aussi souligné également les efforts faits par Jules Koenig et SGD lors de la Conférence constitutionnelle pour que les droits des minorités soient préservés dans le pays. « C’est grâce à SGD qu’en 1982 quatre Best Losers ont pu entrer au Parlement », a-t-il rappelé.
Citant Platon, Jacques Panglose a attiré l’attention sur le risque que la démocratie puisse, si on ne fait attention, être confisquée par une personne. Il a souligné l’importance pour les membres de l’opposition de conserver la flamme de la liberté, de l’indépendance du judiciaire, de l’indépendance de la pensée « et d’exprimer ses pensées sans avoir peur ». Il a observé que les événements ont permis de mettre en perspective les risques de la Prosecution Commission et de l’importance de la démission du PMSD du gouvernement.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -