POST-WAKASHIO — Allocation supprimée : Les pêcheurs du Sud-Est réclament des explications à Sudheer Maudhoo

  • Forte mobilisation devant le ministère de la Pêche hier matin
  • Les pêcheurs refusent d’envoyer des représentants au bureau du ministre et lui demandent de descendre pour leur parler

Grosse colère des pêcheurs du Sud-Est hier matin, devant le ministère concerné à Port-Louis. Ils n’arrivent pas à comprendre pourquoi ils n’ont perçu qu’une allocation de Rs 3 600 pour le mois de décembre, contrairement aux autres mois, où ils percevaient Rs 10 200. Ils réclament des explications du ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo. De même, ils souhaitent qu’un rapport soit rendu public pour certifier que la mer dans cette région est « propre » et que « les poissons peuvent être consommés sans danger ». Les pêcheurs sans carte attendent également d’être régularisés comme le ministre l’avait promis en août dernier.

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C’est dans l’après-midi du 29 décembre, à trois jours du Nouvel An, que les pêcheurs des villages du sud-est ont eu la désagréable surprise d’apprendre qu’ils n’ont reçu qu’une allocation de Rs 3 600 pour le mois de décembre. Les mois suivant la marée noire du Wakashio, ils avaient droit à Rs 10 200. Cette réduction pourrait s’expliquer du fait que la pêche — hors du lagon — est à nouveau autorisée dans la région. Sauf qu’il n’y a eu aucune explication officielle à ce sujet. Raison pour laquelle ils ont décidé de se rendre au ministère de la Pêche, jeudi matin, pour s’expliquer avec le ministre Sudheer Maudhoo, en personne.

Toutefois, la centaine de pêcheurs — avec et sans cartes — aussi bien que les quelques « banians » qui les accompagnaient, n’ont pas eu accès au 4e étage du LIC Building, où se trouve le bureau du ministre. Après quelques minutes d’attente, un officier est descendu pour leur parler et demander que quatre représentants montent pour discuter. Mais les pêcheurs ont refusé, demandant au ministre de descendre pour leur parler. « Eski kan minis fer Meeting li dir amen zis kat dimounn ? Be zordi li trouve ki nou tro bokou ? Nou pou atann lamem, dir li desann », ont-ils argué. Judex Rampaul, du Syndicat des Pêcheurs, et Rajni Lallah, du Comité conjoint des pêcheurs sans cartes du sud-est, étaient présents sur les lieux. Ils ont obtempéré au souhait des pêcheurs. « Si les pêcheurs ne veulent pas monter, nous ne pouvons monter nous », ont-ils expliqué.

De jeunes pêcheurs sans carte, témoignent des difficultés rencontrées pour joindre les deux bouts. « Cela fait des années que nous faisons ce métier et nous avons fait des applications pour avoir une carte à plusieurs reprises, mais nous n’avons rien eu. Quand il y a eu la marée noire, nous nous sommes jetés à l’eau pour sauver notre lagon. On n’a pas vu les policiers ou les gardes-côtes faire ce que nous avons fait. Mais aujourd’hui, quand nous ne pouvons travailler, nous nous retrouvons avec Rs 3 600. C’était ça notre cadeau de fin d’année. »

Ils disent également avoir rencontré des experts étrangers qui leur ont affirmé que des sommes d’argent ont été versées aux autorités. Ils ne comprennent pas pourquoi ils n’ont rien reçu à ce jour. « On a rouvert le lagon pour des activités, pas pour la pêche. Comment allons-nous faire pour nourrir notre famille ? Avec des activités ? Le ministère ne nous a jamais donné une carte ni une formation pour aller pêcher en haute mer. »

Brijmohun se demande, lui, selon quels critères les autorités ont décidé de rouvrir la mer dans le sud-est. « On nous dit d’aller pêcher en haute mer, mais comment faire pour avoir les appâts et autres algues qu’on collecte généralement dans le lagon ? N’a-t-on pas réfléchi à cela. De plus, on est dans une période cyclonique et la mer est impraticable. Personne n’a pu sortir en mer depuis le 12 décembre. »

Les pêcheurs se demandent également ce qu’il est advenu du Wakashio Solidarity Fund. « Où est cet argent ? Pourquoi ne peut-on pas payer les pêcheurs ? » D’autres disent avoir perdu des casiers, car ceux-ci sont restés bloqués en mer, après la marée noire. « Il faut maintenant réinvestir. Un casier coûte Rs 5 000. Il nous en faut 10 à 15 pour pouvoir travailler. Au lieu de nous aider à renouveler notre matériel, on supprime notre allocation. »

Judex Rampaul indique, pour sa part, que ce rassemblement des pêcheurs, devant le ministère, est basé sur quatre points : avoir des explications sur le paiement de Rs 3 600, avoir des éclaircissements sur la compensation par l’assureur, clarifier la situation sur la pêche hors du lagon, et demander une rencontre avec l’ambassade du Japon. « Nous voulons également savoir où est le rapport des experts sur l’État de la mer. N’était-il pas nécessaire de rassurer les consommateurs avant de rouvrir la pêche ? »

À ce sujet, Vassen, banian de Mahébourg, relate les difficultés à s’approvisionner et à écouler les poissons sur le marché. « Depuis août dernier, il n’y a ni poisson ni ourite. De plus, les gens ne veulent pas acheter des produits de la région parce qu’ils ont peur. On avait déjà dit que les hydrocarbures peuvent provoquer des cancers. S’il n’y a aucun risque de consommer le poisson de la région, il faut le dire publiquement, officiellement, pour rassurer le consommateur. »

Rajni Lallah ajoute, pour sa part, qu’il est impossible pour une famille de vivre avec une allocation de Rs 3 600. « Les pêcheurs ne sont pas en mesure d’aller hors du lagon, car ils ne sont pas équipés pour cela. » En tant que membre du comité conjoint des pêcheurs sans carte, elle réclame le rétablissement de l’allocation de Rs 10 200, ainsi qu’une compensation intérimaire, afin de soulager ceux en détresse. « Provision est faite pour les Hardship Cases et nous sommes dans une situation de Hardship. De plus, le ministre avait annoncé, le 20 août dernier, que 1909 pêcheurs sans cartes seraient régularisés. Nous attendons qu’il respecte son engagement et qu’il donne un Time Frame pour cela. »


PROMESSE DU MINISTRE MAUDHOO : Une demande au cabinet pour rétablir l’allocation

Après une demi-journée de négociations, une délégation de pêcheurs et banians a finalement eu une réunion avec le ministre Sudheer Maudhoo et ses officiers. Il a pris connaissance des doléances et a reconnu que le ministère « est en retard » concernant les directives pour l’approvisionnement des appâts. Un communiqué sera ainsi émis pour indiquer aux pêcheurs où ils peuvent s’approvisionner.
Pour ce qui est de la pêche en haute mer, il a laissé entendre qu’il n’était pas au courant que la majorité des pêcheurs de la région opéraient dans le lagon et n’étaient donc pas équipés pour sortir en haute mer. Dans ce contexte, il a pris l’engagement de faire une demande au conseil des ministres, la semaine prochaine, pour rétablir l’allocation aux pêcheurs, incluant celle du mois de décembre 2020, jusqu’à la réouverture du lagon aux activités de pêche. De même, il a trouvé intéressante l’idée d’une compensation intérimaire, dans une situation d’urgence, en vue de permettre à ceux en détresse d’avoir un moyen de subsistance.

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