Pour la première année de l’alliance morisien : Une hyperactivité malgré la pandémie de COVID-19

Le quotidien à Maurice en cette année, en grande partie dominé par la pandémie de COVID-19, a connu une hyperactivité sur l’échiquier politique. La chronique a été alimentée en premier lieu par les pétitions électorales des partis de l’opposition contestant les résultats des élections ou réclamant un nouveau décompte des bulletins dans plusieurs circonscriptions, mais également par la gestion de la pandémie, marquée par la marée noire du MV Wakashio et par une série de dossiers brûlants dont le dernier en date est connu comme l’affaire Kistnen. Pour finir avec le colistier du Premier ministre à Quartier-Militaire/Moka (No 8), le ministre Yogida Sawmynaden dans le box des accusés pour le délit d’emploi fictif et l’actuel commissaire des Prisons et ancien commissaire de police, Karl Mario Nobin, inculpé provisoirement dans la Mike Brasse Passport Saga.

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La principale “bone of contention” qui a transcendé toutes les autres controverses durant toute l’année a été sans conteste les contestations des élections générales du 7 novembre 2019. Dix pétitions avaient été logées en Cour suprême le 28 novembre de l’année dernière dont deux demandant l’annulation des élections dans les circonscriptions No 8 et 10 alors qu’un nouveau décompte des voix a été demandé dans huit autres circonscriptions.

En attendant les décisions de la Cour suprême, les partis de l’opposition n’ont jamais réussi à faire le deuil sur les résultats des dernières élections générales. Dans un premier temps, les dirigeants de l’opposition ont accusé les membres de la majorité concernés qui contestaient des éléments des pétitions de pratiquer des “delaying tactics”. Au fil des mois, la situation a évolué avec une motion du Reform Party contestant les élections générales dans son ensemble qui a été rejetée par la Cour. Certains pétitionnaires ont retiré leurs pétitions. Cela a été le cas dans la circonscription No 8. Plus de 12 mois après la déposition des pétitions, elles seront prises sur le fond à partir de janvier prochain.

Ces pétitions ont miné les débats politiques tout au long de l’année. Les membres de l’Alliance Morisien, en particulier le Premier ministre, ont systématiquement accusé l’opposition de refuser les résultats démocratiques sortis des urnes tout en défendant leur légitimité. A l’Avenir, petit village de la circonscription No 8, Pravind Jugnauth affirmait il y a peu qu’il combattra jusqu’au bout ces pétitions devant la Cour suprême et qu’il est certain qu’il sera au pouvoir durant tout son mandat qui prend fin en 2024.
Samedi à Rose-Hill, Paul Bérenger a reconnu que son parti avait eu « une bonne raclée » lors des élections générales et a affirmé qu’il attendait avec impatience que la Cour suprême se prononce sur la pétition électorale demandant un nouveau décompte dans la circonscription No 19 où 92 voix séparent le troisième député élu, le Deputy Prime Minister révoqué dabs la Saint-Louis Gate, Ivan Collendavelloo de la candidate battue du MMM, Jenny Adebiro. Il n’y aura pas de deuil tant que la Cour suprême n’aura pas terminé avec toutes ces affaires, souligne Reza Uteem.

Alors que d’aucuns croyaient que la pandémie de COVID-19 aurait pu déboucher sur une trêve politique, tel n’a pas été le cas. La suspension des travaux parlementaires par le Speaker, Soorojdev Phokeer, vedette de l’hémicyvle malgré lui, en pleine crise sanitaire en avril dans le but de protéger aussi bien les parlementaires que le personnel de l’Assemblée nationale a été diversement commentée. Toutes les tentatives de l’opposition entreprises, entre autres, par le leader de l’opposition, Arvin Boolell, afin de trouver une formule en vue de permettre à l’opposition de participer d’une façon ou d’une autre à la prise des décisions concernant la gestion de la pandémie ont été vaines. Le Premier ministre n’a jamais accepté l’idée de se retrouver autour de la même table que les autres leaders de partis, soit Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier Duval.

Le réaménagement du Parlemen afin de permettre à tous les parlementaires d’être présents physiquement dans l’hémicycle, en mai, dans le respect des protocoles sanitaires avec le port des masques, la distanciation sociale, etc., a été favorablement accueilli. Toutefois les débats parlementaires se sont très vite transformés en dialogue de sourds, en confrontations, en controverses. Alors que le gouvernement accuse l’opposition d’avoir voulu bloquer les travaux parlementaires et d’agir de façon antipatriotique, comme devait l’affirmer le ministre Joe Lesjongard lors d’une récente conférence de presse, l’opposition accuse le gouvernement « d’opacité et de pratiques anti démocratiques ».

Les relations entre le Speaker et les députés l’opposition se sont vite dégradées et n’ont jamais été aussi mauvaises dans les annales de l’histoire parlementaire avec l’opposition l’accusant d’être le « goalkeeper » du Premier ministre. On lui reproche également sa façon brutale de diriger les débats, ses expulsions en série et les suspensions allant jusqu’à quatre séances comme dans le cas du Whip de l’opposition, Shakeel Mohamed. Le Speaker a fait l’objet d’une motion de censure qui a été rejetée. Jusqu’à l’entrée du Parlement en vacances, les députés de l’opposition refusaient de se mettre debout lors de son entrée ou sa sortie dans l’hémicycle.

Durant les 38 séances parlementaires de cette année, 32 législations ont été adoptées, 594 interpellations ont obtenu des réponses oralement alors que 24 PNQs ont été posées par le leader de l’opposition. Les quatre dernières séances ont été consacrées à l’affaire Angus Road qui a fait beaucoup de bruit, donnant lieu à une expulsion du leader de l’opposition.
Parmi les dossiers brûlants évoqués au Parlement, on retiendra l’achat de médicaments et d’équipements, selon les procédures d’urgence pour un montant de quelque Rs 1,2 milliard dont des respirateurs qui ne fonctionnent toujours pas, l’utilisation des réserves de la Banque de Maurice pour le financement du budget courant, l’endettement national, l’affaire de corruption dans le cadre de l’achat des moteurs de la centrale thermique de Saint-Louis qui a donné lieu à la révocation du Premier ministre adjoint Ivan Collendavelloo du gouvernement en attendant la fin de l’enquête. Il faut également noter certains textes de loi dont ceux concernant le changement climatique et la protection des enfants qui ont fait l’unanimité.

Sur le plan extraparlementaire, l’affaire Soopramanien Kistnen, qui a trouvé la mort dans des conditions qui font l’objet d’une enquête judiciaire devant le tribunal de Moka, continue à monopoliser l’attention en cette fin d’année. Concernant l’opposition, une entente entre les partis parlementaires s’est structurée au fil des mois. Elle a pris dans un premier temps la forme d’une coordination entre les chefs de parti avant les séances parlementaires pour s’élargir par la suite aux parlementaires.

En parallèle, les leaders des partis de l’opposition et le leader de l’opposition se rencontrent régulièrement pour passer en revue la situation dans le pays. Des réunions élargies auxquels se joints cinq autres membres de chaque parti ont également lieu régulièrement sans toutefois qu’il y ait une alliance formelle des partis de l’opposition. L’idée est de se préparer pour les prochaines élections municipales.
« Ce sera l’heure de vérité », a lancé cette semaine Paul Bérenger. Un sujet qui, jusqu’ici, n’a pas encore été résolu est qui dirigera une éventuelle alliance électorale si jamais elle se concrétisait. Cette question est suivie avec attention au niveau de la majorité où on parle déjà « d’alliance contre nature ».

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