Préscolaire privé : Coup dur pour les “Tilekol” !

La baisse démographique et l’ouverture des sections maternelles dans des écoles primaires payantes ont un impact sur plusieurs écoles maternelles privées, dites « petites écoles », fonctionnant dans les normes établies par les autorités et détenant les différents permis
nécessaires. La baisse du nombre d’admis année après année « inquiète » sérieusement les responsables et le personnel de ces écoles. Une école bien appréciée par les parents à Baie-du-Tombeau compte ainsi 25 enfants, soit la moitié de ce qu’elle accueillait il y a trois
ans, tandis qu’une autre, à Quatre-Bornes, se retrouve avec seulement… neuf élèves. D’autres ont fermé leurs portes ces trois dernières années

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Les statistiques de l’Early Childhood Care Education Authority (ECCEA) confirment une baisse « importante » et « régulière » du nombre d’admis depuis plusieurs années dans l’ensemble du secteur. Les chiffres sont comme suit : 30 082 enfants en 2011; 29 893 en 2012; 28 661 en 2013; 27 631 en 2014; 28 381 en 2015; 27 380 en 2016; 25 948 en 2017; et 23 375 cette année. Ces enfants fréquentent 895 écoles maternelles réparties en trois catégories par l’ECCEA : 191 “ECCEA schools” (se trouvant dans les écoles primaires du gouvernement); 57 gérées par les collectivités locales; et 651 écoles privées, soit une centaine en moins comparé à 2013. Cette baisse du nombre d’admis affecte les écoles privées en général, mais le manque est plus aigu du côté des « petites écoles », où les frais de scolarité se situent dans la fourchette de Rs 800 à Rs 2 000. Pour les parents optant pour des écoles dites « huppées », le déboursement est bien plus considérable, allant de Rs 6 000 à Rs 10 500.

Il faut reconnaître qu’avec la mise en place de plusieurs mécanismes de  contrôle durant ces 20 dernières années par le ministère de l’Éducation, il y a eu une nette amélioration au niveau de l’environnement physique des écoles privées et même au niveau de la qualité de leur service. Les « petites écoles », fonctionnant il y a 25 ans dans les garages, ont disparu du paysage préscolaire. Par ailleurs, après une trentaine d’années dans le métier, des puéricultrices, devenues propriétaires d’école à force de persévé- rance, craignent à présent pour leur avenir professionnel en raison du manque d’admis. Jeanet, directrice de l’école Dragon Ball, située à Cité Kennedy, à Quatre-Bornes, fait part de la triste réalité au Mauricien. « Il y a huit ans, j’avais une trentaine d’enfants et, depuis trois ans, ce nombre a commencé à diminuer. Je me retrouve aujourd’hui avec neuf élèves seulement. Ce nombre est insuffisant pour couvrir les frais du fonctionnement de l’établissement », dit-elle.

Elle précise ne pas réclamer plus de Rs 800 aux parents mais certains, dit-elle, n’arrivent même pas à payer la totalité de cette somme. « Les dépenses mensuelles pour l’entretien de l’école tournent autour de Rs 2 000 sans compter les autres frais. Heureusement que je n’ai pas de loyer à payer », poursuit-elle sur un ton soulagé. Son école ne lui rapporte « pas grand-chose » en termes de revenus et elle a été obligée, dit-elle, de trouver « un autre petit boulot pour arrondir les fins de mois » lorsque les enfants repartent chez eux l’après-midi. « Avec mon école, je n’ai rien… Je continue cette année parce que ces enfants sont avec moi depuis trois ans et je n’ai pas le droit de les laisser tomber alors qu’ils entreront au primaire l’année prochaine. Je dois compléter leur préparation », explique la puéricultrice. Ayant moins de dix élèves, son école n’est pas éligible à l’obtention de la subvention gouvernementale de Rs 200 par tête d’élève. Consciente que cette baisse s’accroîtra, Jeanet commence à réfléchir à la fermeture de son école dans un proche avenir, tout comme quelques-unes de ses amies qui étaient jusqu’à l’année dernière dans la même profession.

Selon nos renseignements, quatre écoles de QuatreBornes ont fermé ces trois dernières années en raison du manque d’enfants. « Je connais bien les responsables de ces quatre écoles car nous avons commencé dans le métier à la même époque et nous avons suivi ensemble notre formation », raconte Jeanet. Une école privée, située dans une région périphérique de la capitale et qui « n’a jamais été confrontée au manque d’élèves » durant ses 30 ans d’existence, constate quelques chaises vides depuis ces trois dernières années. « Nous avons aujourd’hui 25 enfants seulement alors qu’on accueillait autrefois entre 50 et 60 enfants, répartis dans trois classes.

Nous faisons face à quelques difficultés financières et l’école est obligée de demander de l’aide à des sponsors de la région pour l’organisation de certaines activités », dit l’une des responsables. « Des parents de la région nous ont dit qu’ils ont choisi une école maternelle se trouvant dans une école primaire payante afin d’être sûr que leur enfant obtienne une place en Grade 1. Nous savons que plusieurs écoles sont affectées par cette nouvelle tendance », dit cette interlocutrice. Selon nos informations, l’ECCEA, à travers ses “coordinators” qui font des inspections régulières dans les écoles privées, est au courant de la baisse d’élèves dans ce secteur du préscolaire.

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