Prévisions et bilan : Préoccupations du groupe IBL pour l’industrie cannière

  • Arnaud Lagesse, CEO du groupe: « Le gouvernement n’est pas très “supportive” »

Arnaud Lagesse, le patron du plus important conglomérat à Maurice, IBL Ltd, engagée à travers Alteo dans le secteur cannier, ne cache pas ses appréhensions et préoccupations sur le devenir de l’industrie. Présentant ses résultats financiers hier pour le deuxième semestre 2018 au Caudan devant un parterre d’analystes financiers, Arnaud Lagesse a déclaré que « pour être tout à fait franc, je suis inquiet sur le devenir du secteur cannier à Maurice ».

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Arnaud Lagesse a indiqué que le fait d’avoir accordé des subventions aux petits planteurs « est une bonne chose ». Mais il ajoute qu’il « ne faut pas oublier qu’outre ces petits planteurs, des industries doivent aussi fonctionner ». Il poursuit : « Si on n’a pas les subventions nécessaires ou le support du gouvernement pour réorganiser la filière cannière globalement à Maurice, j’ai bien peur qu’on ne puisse plus compter dessus à moyen terme. »

Au deuxième semestre 2018, Alteo a vu ses profits régresser de 50%, soit à Rs 295 millions, contre Rs 592 millions pour la période correspondante en 2017. Alteo regroupe trois usines, soit à Maurice, en Tanzanie et au Kenya. Interrogé sur le devenir d’Alteo à Maurice dans les conditions actuelles, Arnaud Lagesse a expliqué que la plus grosse sucrerie de Maurice « a la chance » d’avoir fait de gros investissements dans la région à travers TPC et Transmara, ajoutant que l’avenir d’Alteo passe par une mécanisation plus agressive, une optimisation des outils de production et une valorisation des produits de la canne. « Sans une décision il y a vingt ans de se délocaliser en Afrique, le “cluster” aurait été sous pression, parce qu’il perd de l’argent à Maurice », explique-t-il. Et d’ajouter dans un commentaire plus général sur l’avenir du secteur que « le gouvernement n’a pas l’air d’être très “supportive” ». Il poursuit : « Il manque une vraie réforme en profondeur de la filière cannière. »

Concernant la performance générale d’IBL au deuxième trimestre 2018, le groupe a enregistré une hausse de 4% de son chiffre d’affaires, soit Rs 20,1 milliards contre Rs 19,3 milliards en 2017. Par contre, le bénéfice opérationnel a diminué de Rs 92 millions et les charges financières ont augmenté de Rs 138 millions, et ce principalement en raison de la consolidation et du financement de nouveaux investissements et d’un certain nombre d’initiatives stratégiques, qui « porteront leurs fruits dans un proche avenir ».

Arnaud Lagesse estime que le ratio dendettement du groupe, soit à 37%, est « largement sous contrôle », ajoutant que « nous avons une marge de manœuvre et cela ne nous inquiète pas plus que ça ». Il explique : « La force d’IBL réside dans sa diversification et sa capacité à saisir des opportunités de croissance tant localement que régionalement. » De son côté, Dipack Chummun, CFO, indique que l’objectif d’IBL est de « contenir son ratio d’endettement sous la barre de 44% ».

Par ailleurs, le secteur hôtelier affiche une belle croissance de l’ordre de 55% sur les profits opérationnels. Tous les hôtels ont opéré sur la période concernée. Le groupe LUX* a modifié sa structure organisationnelle fin 2018 et a lancé sa nouvelle marque SALT avec un hôtel à Palmar. Le siège social de The Lux Collective (TLC) s’est déplacé à Singapour pour implémenter son plan de croissance à l’international. Arnaud Lagesse a ensuite évoqué la nouvelle marque hôtelière SOCIO, qui est en voie développement. Le premier hôtel SOCIO sera d’ailleurs développé dans le centre commercial d’Hermes, à Ébène. « Ce sera un “business hotel” et il sera le premier du genre à Maurice. Il aura une offre très diversifiée de ce qu’on peut voir aujourd’hui au niveau des “business hotels” existants », indique-t-il. 

Interrogé sur une éventuelle cotation boursière de TLC, le CEO d’IBL a soutenu que « nous ne sommes pas pressés de coter TLC, car elle n’a pas encore la taille critique ». Il ajoute : « Puis, nous ne savons pas encore si nous coterons TLC à Maurice ou à Singapour ou alors envisager un “dual listing”. Une réflexion est en cours au niveau du conseil d’administration. Quoi qu’il en soit, il n’y aura pas de cotation de TLC avant 12 ou 24 mois. »

Quant au pôle “Building and Engineering”, il a enregistré une baisse de son chiffre d’affaires. Manser Saxon Contracting avait bénéficié de deux projets conséquents sur l’année passée et a commencé des projets de moindre envergure sur la période avec un impact non négligeable sur sa marge opérationnelle. UBP affiche une hausse de son chiffre d’affaires grâce à son implication dans des projets d’infrastructures publiques et privées. Le pôle “Logistique” affiche une croissance de 16% de son chiffre d’affaires. Les perspectives pour ce secteur sont « encourageantes » au vu des projets lancés. Le pôle “Manufacturing and Processing”, lui, enregistre une croissance de 9% de chiffre d’affaires et de 10% de profits opérationnels. Ces résultats sont portés d’une part par le regain d’activité dans le “Seafood” et par une hausse de profits chez PhoenixBev, et ce malgré un impact négatif sur les opérations à La Réunion, avec le mouvement des Gilets Jaunes. Concernant le pôle “Life” du groupe, CIDP a réalisé de meilleurs résultats en 2018, suivant une restructuration et la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie.

Au sujet de la chaîne de supermarchés Winner’s, qui évolue dans le “Commercial Sector” d’IBL, Patrice Robert, COO d’IBL, a expliqué qu’il y a actuellement tout « un travail de réflexion » sur la possibilité de centraliser la “supply chain” des 25 magasins. De plus, Patrice Robert a expliqué que « les magasins se font vieux » et qu’il « y aura un chantier de travail ». Il poursuit : « Si vous avez vu l’hypermarché de Trianon, cela vous donne une idée d’où on veut emmener ces magasins. » Il a ajouté que IBL a un plan pour que la vente en ligne, récemment lancée par Winner’s, « monte en puissance. » Expliquant le retrait de Winner’s de Bagatelle, le COO a souligné que « comme il y avait le challenge de deux supermarchés sur un même site, c’était compliqué ». Il ajoute : « À Trianon, nous sommes le “anchor tenant”. »

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