PRISON DE PHOENIX — Meurtre de Permes : Lutchigadoo et Ti Ner évoquent des appels à l’aide de la Cell No 1

Le prisonnier Siddick Islam (Ti Ner) : « Monn tann kikenn pe dir ‘Aret bate misie’. Ek ti pe kriye ‘Zot pou touy mwa’ »

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Rebondissements dans l’enquête sur la mort de Jean Cael Permes (29 ans), à La Bastille. Les détenus Kusraj Lutchigadoo et Siddick Islam, alias Ti Ner, interrogés par la Major Crime Investigation Team (MCIT) hier dans le cadre de l’enquête initiée sur le meurtre du détenu, ont en effet été appelés à témoigner. Incarcérés à la prison de La Bastille, Phoenix, ils ont ainsi expliqué aux enquêteurs que leurs cellules se trouvent dans le couloir où était détenu Jean Cael Permes. Tous deux affirment avoir entendu dans l’après-midi du 5 mai des appels à l’aide de quelqu’un en provenance de la Special Protection Cell No 1.
« Monn tann kikenn pe dir ‘Aret bate misie’. Ek ti pe kriye ‘Zot pou touy mwa’ ! » avance Siddick Islam. Ce dernier dit ignorer l’identité du détenu et qu’il pensait qu’un prisonnier avait agressé un Prison Officer, et que les autres Prison Officers auraient alors tenté de maîtriser le forcené. Ainsi dit-il avoir vu « au moins sept gardes-chiourmes » se diriger vers la cellule de la victime. Il se dit aussi capable de reconnaître la majorité d’entre eux car étant « détenu à La Bastille depuis longtemps ». Ce n’est que le soir du drame que Siddick Islam, pour rappel condamné pour trafic de drogue, dit avoir appris qu’un détenu avait été retrouvé mort dans une cellule. Il ajoute ne pas avoir souhaité dans un premier temps révéler ces détails à la CID de la Central Division, car craignant, dit-il, pour sa sécurité. Ce n’est après donc qu’après son entretien avec Me Rama Valayden qu’il a décidé de fournir ces détails à la police.
Idem pour Kusraj Lutchigadoo, en détention provisoire pour une affaire de drogue et qui s’était fait connaître pour son escapade nocturne en avril 2018 alors qu’il était censé se trouver dans une cellule au Vacoas Detention Centre. Le détenu dit ainsi avoir également entendu des cris semblant provenir de « quelqu’un qui se faisait agresser » le 5 mai. Par ailleurs, lui aussi dit avoir vu des gardiens courant vers la cellule No 1.
Les deux détenus se disent prêts à témoigner en justice. Ils ont cependant réclamé une protection, car ils disent craindre pour leur vie après avoir donné leur version à la MCIT. Me Valayden a écrit à la direction de la prison afin de demander que les deux témoins soient transférés dans un autre établissement. De leur côté, les enquêteurs comptent se rendre à La Bastille et visiter les cellules de Siddick Islam et Kusraj Lutchigadoo afin de vérifier s’ils auraient réellement pu entendre du bruit en provenance de la cellule de la victime.
Par ailleurs, les enquêteurs sont en possession des images d’une caméra de la prison de Beau-Bassin et où l’on voit le van immatriculé 130 RM 10 se diriger vers la sortie avec, à son bord, Jean Cael Permes, accompagné par des membres de la Correctional Emergency Response Team (CERT). À un moment donné, le véhicule s’est arrêté devant le bureau des Mauritius Prison Service Headquarters, où un haut gradé de la prison est venu s’entretenir avec les Prison Officers dans le van. Or, c’est avec ce même haut gradé que Jean Cael Permes avait eu une dispute lors d’un précédent passage en prison. Le détenu l’aurait même insulté dans un enregistrement vidéo posté sur Facebook une fois la liberté retrouvée précédemment. La MCIT veut maintenant savoir quelle a été la teneur de la conversation entre les membres de la CERT et ce haut gradé.
Un autre enregistrement vidéo en possession des enquêteurs concerne un Prison Officer de La Bastille ayant coupé l’enregistrement des caméras de surveillance peu avant l’entrée du fameux van à Phoenix. Bien que les gardiens interrogés aient évoqué une panne d’électricité, la police soupçonne plutôt un acte délibéré. L’officier en charge du monitoring des caméras à La Bastille sera convoqué sous peu pour s’expliquer.
Au vu des éléments du dossier, à la disposition des enquêteurs de la MCIT, les Casernes centrales soupçonnent un coup monté visant à torturer Jean Cael Permes. Selon les dernières indications, au moins trois autres Prisons Officers, dont le haut gradé en question, seront bientôt interrogés. À noter que les quatre éléments de la CERT, arrêtés sous une charge provisoire d’homicide, clament toujours leur innocence dans cette affaire.

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