Prochaines élections générales : Les options se précisent

  • Le PTr déterminé à faire la course en solitaire, alors que le MMM a dressé les deux tiers de sa liste de 60 candidats, qui compte déjà une douzaine de femmes
  • Les « béquilles » qui se voyaient déjà en alliance devront s’ajuster et probablement se saborder pour rejoindre certaines formations existantes

Et si les prochaines élections générales se déroulaient dans une configuration totalement inédite ? Et bien différente de toutes celles que le pays a connues depuis l’indépendance ? La question n’est ni fantaisiste ni farfelue, parce que les deux partis arrivés premier et second, le PTr et le MMM, lors de la partielle de Belle-Rose/Quatre-Bornes, envisagent très sérieusement de faire la prochaine course électorale en solitaire.

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Si on dit le PTr et son leader, Navin Ramgoolam, très partants pour une aventure en solo, le MMM, lui, semble avoir choisi cette option depuis un petit moment déjà, puisqu’il a déjà dressé les deux tiers de sa liste de 60 candidats, incluant une douzaine de femmes. Parmi lesquelles Daniella Bastien, une passionnée de linguistique et qui a plus d’une corde à son arc, et Karen Yvon, l’ancienne lauréate du collège Lorette de Quatre-Bornes, universitaire formée à Yale et directrice de la compagnie Aguilex. Elles ont déjà intégré le comité régional du MMM de Rose-Hill/ Stanley. Et vont rejoindre la jeune garde composée d’Hurmila Routho, Karen Foo Kune et les personnalités « vintage » comme Arianne Navarre-Marie et Sheila Bunwaree.

Le MMM entend, après le désastre de 2014, qui a vu l’émergence d’un grand nombre d’inconnus et d’opportunistes qui ont fait la honte de l’Assemblée nationale et du pays, miser sur la qualité de ses effectifs. D’ailleurs, et le PTr et le MMM, qui avaient qualifié l’attelage bricolé par Lalians Lepep à l’occasion des dernières élections générales de « camion saleté », pensent avoir vu juste, les candidats qu’ils avaient écartés de leur liste s’étant vite retrouvés sur celle de l’alliance MSM/ML/PMSD. Paul Bérenger a été on ne peut plus clair sur la décision de son parti de se présenter seul aux élections générales lors du congrès anniversaire du dimanche 23 septembre au Plaza. Il s’est montré extrêmement critique vis-à-vis du MSM allant jusqu’à dire qu’au train où évolue la gouvernance du parti du Sun Trust, il se retrouverait dans la « poubelle de l’histoire ».

Position qu’il a tenu à réitérer hier lors de sa conférence de presse hebdomadaire. Même objectif chez les rouges. Longtemps persuadé que le MMM avait conclu un accord secret avec le MSM, en dépit des démentis formels et répétés du leader des mauves, Paul Bérenger, le PTr semble maintenant croire à l’option de ce parti de se présenter seul aux prochaines consultations populaires. Il faut dire que même si ce thème d’une alliance de la « famille militante » avait été systématiquement développé et par le PTr et par le PMSD lors de la campagne électorale de décembre 2018 au No 18, ce qui avait considérablement gêné la candidate du MMM, Nita Juddoo, la situation post-partiel n’avait en rien dissipé les rumeurs d’un rapprochement entre le MSM et le MMM.

Une interview de Rajesh Bhagwan à Week-End le 25 mars 2018 affirmant son hostilité à tout accord électoral avec le MSM avait hérissé certains de ses collègues au point où ils avaient fait fuiter dans les médias que le point de vue du secrétaire général n’était pas partagé par ses collègues. « Si le MMM contracte une alliance avec le MSM, il va disparaître… » déclarait Rajesh Bhagwan, tout en ajoutant que « les Mauriciens ne veulent plus entendre parler du mot alliance. Ils sont allergiques à ce mot ».

Exprimant une position très tranchée, le dirigeant mauve avait même affirmé que « j’ai déjà dit à qui de droit que, si le MMM fait une alliance, ce sera sans moi. Ma lettre est déjà prête… » Au Parti travailliste, on fait valoir que Navin Ramgoolam a tenu un même et seul langage depuis les dernières élections générales, à savoir que son parti fera cavalier seul à l’occasion du prochain scrutin. Ils citent pour preuve les différentes déclarations faites par Navin Ramgoolam lors de sorties publiques. Le 18 septembre 2016, lors d’une cérémonie d’hommage à Sir Seewoosagur Ramgoolam à Triolet, le leader du PTr déclarait que le « le parti ira seul aux prochaines élections générales ». Même affirmation le 20 décembre 2017, au lendemain de la victoire du candidat Arvin Boolell à la partielle du No 18.

« Du bien au pays et à la démocratie »

En guise de message en direction de ceux qui pensent pouvoir s’accoler à son parti, le leader des rouges, interrogé par la presse, avait non seulement déclaré que « nous irons seuls », mais avait aussi tenu à ajouter que « le PTr écartait la possibilité d’accueillir dans les rangs du parti tout éventuel démissionnaire de la majorité parlementaire… nous ne sommes pas intéressés par les transfuges ».

Le 5 mai 2018, dans la circonscription du Premier ministre à St Pierre, si l’ancien Premier ministre plaidait pour un regroupement des partis de l’opposition « pour faire partir ce gouvernement », il a aussitôt tenu à préciser sa pensée pour dire que « par la suite, chacun ira de son côté, parce que le Parti travailliste ira seul aux élections ». Décision qui a été réaffi rmée dans une mini-interview accordée par Navin Ramgoolam dimanche dernier à Week-End. « Je le dis et je le répète : le PTr ira seul aux prochaines élections. Mon souhait est que les autres partis en fassent autant. Une telle perspective fera du bien au pays et à la démocratie ». Les options des deux partis qui partagent une même histoire — celle des conditions de leur formation, de leur construction et de leur essor — clarifiées, il reste le sort des « béquilles », pour reprendre une expression utilisée par Xavier Duval lors de la campagne au No 18 en direction du MMM qu’il accusait de « koz-kozé » avec le MSM.

La porte du PTr paraissant close, le PMSD s’est ainsi embarqué dans une stratégie visant à la reconquête d’un certain électorat en agitant des thèmes qu’il croit pouvoir exploiter à son profit. Comme le recensement ethnique, unanimement rejeté par l’ensemble des formations politiques. Il en est de même de cette insistance à revoir le redécoupage électoral ,alors que le dernier rapport de 2009 n’avait pas du tout intéressé Xavier Duval qui était pourtant alors le no 2 du gouvernement PTR/PMSD. Cette campagne un peu désespérée ira, on peut l’imaginer, crescendo à mesure que l’on se rapproche des échéances.

Et si le PTr ne veut pas de lui, le PMSD pourrait contribuer à reconstituer la plate-forme de décembre 2014. Pourquoi pas ? D’autant que la décision de Xavier Duval prise au début du mois de retirer son procès en réclamation de dommages de Rs 200 millions contre Pravind Jugnauth, bien qu’il avait été traité de « pyromane qui est prêt à mettre le pays à feu », a alimenté les rumeurs d’un rapprochement.

Le leader du PMSD n’a même pas réclamé des excuses comme vient de le faire Shakeel Mohamed. Egalement dans l’impasse avec ce scénario du solo électoral, le Mouvement patriotique d’Alan Ganoo. Malgré toute l’estime que Navin Ramgoolam a pour lui, point d’accommodement de parti à parti. C’est ce qui lui a été signifi é à maintes reprises, dit-on, dans l’entourage de Navin Ramgoolam, qui ne serait prêt qu’à offrir un ticket, à personne d’autre qu’Alan Ganoo, et, cela sous la bannière des rouges.

Quant aux autres dirigeants du MP, ils ne semblent pas intéresser le PTr, la plupart n’ayant jamais eu d’expérience parlementaire, faisant moins de poids, par conséquent, sur l’échiquier. Sauf Jean-Claude Barbier qui a, certes, une assise au No 1, mais qui semble s’être engagé dans une voie nettement « communautariste », comme en témoignent les propos qu’il a tenus il y a quinze jours, ce qui est loin de plaire aux rouges et à d’autres.

Quant à Kavi Ramano, il espère lui aussi être pris « on board » par les travaillistes, même si rien ne dit que Navin Ramgoolam le privilégiera comme candidat au No 18 aux dépens de Rama Sithanen, comme envisagé à un moment par la direction du PTr. Le PTr d’un côté, le MMM de l’autre, et le reste, MSM, PMSD, MP, et même la bande à Steve Obeegadoo, pour les contrer ? Et si ce n’était pas un scénario si improbable que ça !

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