PSAC – TEST POSITIF D’UNE SURVEILLANTE À PHILIPPE RIVALLAND : La contagion de l’angoisse se fait tenace

Forte présence policière devant l’écolePhilippe Rivalland RCA hier

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Gilberte Chung (SeDEC) : « Les autorités ont décidé de maintenir les examens du PSAC et elles doivent en assumer les conséquences. »

Les examens se sont poursuivis à l’école Philippe Rivalland RCA hier, après le test positif à la COVID-19 d’une Invigilator la veille. Les parents étaient tout remontés, en dépit de l’assurance donnée par le Mauritius Examinations Syndicate (MES) à l’effet que la surveillante en question n’a été en contact qu’avec un seul enfant, qui a d’ailleurs été placé en quarantaine. L’angoisse a également gagné les autres écoles après ce cas à la Philippe Rivalland RCA. Du coup, certains ont préféré ne pas se rendre à l’école hier. De son côté, la directrice du SeDEC, Gilberte Chung, a appelé les adultes à « faire une trêve », afin de permettre aux enfants de passer cette épreuve en toute sérénité, si sérénité il y en a.

Après la nuit mouvementée de mardi, suivant l’annonce qu’une surveillante affectée à l’école Philippe Rivalland à Beau-Bassin avait été testée positive à la COVID-19, les candidats sont retournés en salle d’examens hier matin. Les parents, venus en grand nombre accompagner leurs enfants, n’ont pas caché leur mécontentement, mais bien plus leur angoisse, quant à cette situation.
Toutefois, si certains ont été très critiques envers la Vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, en raison du maintien des examens, d’autres disent reconnaître qu’on n’aurait pu renvoyer à nouveau les examens. Ils souhaitent simplement que les autorités prendront les mesures nécessaires pour protéger les enfants contre la propagation de ce virus invisible et implacable. À ce sujet, la forte présence policière devant l’école hier matin, n’était pas au goût de tout le monde.
Par ailleurs, la directrice du Service Diocésain de l’Éducation Catholique, Gilberte Chung, a appelé à être réaliste, car en pleine crise sanitaire, dit-elle, d’autres cas pourraient surgir dans d’autres écoles. « Les autorités ont décidé de maintenir les examens du PSAC et elles doivent en assumer les consequence, » dit-elle. Cette dernière a également mis en garde contre les « implications énormes » en jeu, si jamais certains parents décidaient de ne pas envoyer leurs enfants à ces examens pour raisons sanitaires. De même, elle lance un appel pour que « les adultes fassent une trêve, afin de ne pas augmenter le stress de nos enfants et de nos parents. »

Toujours est-il que l’angoisse a gagné le milieu éducatif, ainsi que de nombreuses familles. Car non seulement il y a les examens du PSAC en ce moment, mais ceux du National Certificate of Education (NCE), du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC) se poursuivent. Une responsable d’école travaillant dans la zone rouge, ne cache pas ses préoccupations par rapport à la situation. « Déjà que nous étions très stressés de travailler dans de telles conditions, maintenant nous le sommes deux fois plus. »
Malgré l’angoisse, beaucoup de surveillants sont retournés en salles d’examens malgré tout, hier.

Anand Seewoosungkur, président de la Mauritius Head Teachers Association (MHTA), indique que la journée de mardi a été calme, même si les craintes et les risques sont bien réels. « J’agis actuellement comme Runner dans la région de Rose-Hill et j’ai quatre écoles sous ma responsabilité. D’après ce que j’ai pu constater, tout était normal. Les examens se déroulent bien, » confie-t-il.

Il ne cache pas toutefois que certains « Invigilators » ont fait part de leurs craintes par rapport à la situation sanitaire, surtout après le cas à Philippe Rivalland RCA. « En dépit de cela, ils sont venus travailler. Il y a eu des absences dans certains cas, mais on n’en connaît pas les raisons, »concède-ti-il.

De même, ajoute Anand Seewoosungkur, le MES a procédé à la distribution de posters dans les écoles hier matin et appelé les « Presiding Invigilators » à renforcer le protocole sanitaire. À ce sujet, un parent parti déposer son enfant à l’école située dans la capitale hier, confie son indignation devant l’absence de distanciation physique. « En arrivant devant l’école hier, j’ai constaté que les enfants étaient groupés dans la cour. Il n’y avait pas de distanciation physique et aucun responsible pour rappeler à ces enfants les risqué qu’ils couraient, » dit-il avec colère.

Dans d’autres régions, particulièrement en milieu rural, les responsables affirment que tout s’est déroulé dans le calme et qu’il n’y avait pas la panique après ce cas positif d’une surveillante. Un Coordinato affecté dans le Nord, témoigne : « Tout est tranquille ici, les examens se sont déroulés sans problème. » Même constat dans le Sud, où un coordonateur affirme n’avoir noté aucun mouvement de panique.

Déficit en termes de communication

Ce cas à l’école Rivalland RCA a démontré une nouvelle fois, les manquements au niveau de la communication, de la part des autorités. Dans la soirée de mardi, alors que les médias faisaient état du cas positif de l’Invigilator habitant Highlands dans la zone rouge, le Service diocésain de l’Éducation Catholique (SeDEC), pourtant responsable de l’école, n’avait aucune information à ce sujet. Les autorités n’ayant pas jugé utile de l’avertir d’un cas positif dans l’une de ses écoles. Tant et si bien qu’à 23h, inondée de questions, la directrice du SeDEC, Gilberte Chung, n’a eu d’autres choix que d’émettre un communiqué, précisant : « A 23 h ce mardi 6 avril, le Service Diocésain de l’Éducation Catholique est toujours en attente de confirmation de la nouvelle qui a circulé dans la presse et sur les réseaux sociaux. »

Ce cas rappelle celui du Curepipe College, où le recteur, Neetesh Sewpal, avait été tenu à l’écart de toutes les décisions concernant ses élèves. Il avait d’ailleurs déploré cette situation et le manque de communication des autorités.

On se souvient également du cafouillage et de la colère des parents, à l’école de Lorette de Curepipe (primaire), où la directrice avait été avertie d’un cas positif parmi ses élèves. Selon le protocole, elle a envoyé une lettre aux parents pour les en informer et deux heures plus tard, les autorités l’ont cette fois informé qu’elles s’étaient trompées et contraignant la directrice à écrire une nouvelle lettre aux parents…
La question qui se pose dans cette situation, est qui est supposé avertir l’école concernée quand il y a des cas positifs ? Il nous revient que le ministère de la Santé en informe le ministère de l’Education qui, à son tour, avertit l’école concernée. Un « desk » spécial a même été mis en place à cet effet. Mais il arrive également qu’il y a une mauvaise coordination entre les deux ministères, comme cela a été le cas pour l’école de Lorette de Curepipe.

Dans le milieu, les responsables des centres d’examens ainsi que les directeurs d’école souhaitent qu’il y ait une meilleure communication. « On ne peut pas attendre la conférence du National Communication Committee dans l’après-midi pour savoir ce qui se passe, alors qu’on doit gérer les examens en pleine crise. Le ministère de l’Éducation doit être plus proactif », font-ils valoir.

En tout cas, l’absence de la vice-Première minister et ministre de l’Education, Leela Devi Dookun-Luchoomun, sur la plate-forme de Covid-19, laissant le soin d’un One-Man Show, hier, au ministre de la Santé, Kailesh Jagutal, est caractéristique de la non-chalance du ministère de l’Education à l’égard des parents, des éleves et du peresonnel concernés par la tenue des examens PSAC.

Examens du PSAC à l’école Philippe Rivalland

Des parents donnent du fil à retordre à la police

La tension était palpable, hier, aux abords de l’école Philippe Rivalland à Beau-Bassin en marge des examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC). Des parents d’élèves de cet établissement ont exprimé leur mécontentement face à la décision du ministère de l’Éducation de ne pas renvoyer les épreuves d’anglais malgré l’annonce, la veille, de la contamination à la COVID-19 d’une surveillante. Cette journée a été marquée par des escarmouches entre les membres des forces de l’ordre et une poignée de parents à la sortie des élèves à 10h45 hier.

Des parents d’élèves de cette école, située au coeur de Beau-Bassin, étaient confrontés à un dilemme : laisser leurs enfants prendre part aux examens, avec le risque que ces derniers contractent le virus, ou refuser qu’ils entrent en classe. La quasi-majorité aurait opté bon gré mal gré pour la première option. L’entrée des élèves dans l’enceinte de l’école à 8h30 laissait déjà entrevoir la colère qui régnait à l’extérieur. « Pe zoue ar lavi dimounn », « gouvernma iresponsab », scandaient certains de ceux présents et sous le contrôle d’un déploiement conséquent de policiers.
L’inquiétude pouvait se lire dans le regard de Mylene Petit. « Je ne me pardonnerai jamais si par malheur mon enfant contracte le virus d’autant qu’il est asthmatique », soutient cette maman. D’aucuns s’insurgent que la ministre n’ait pas prise la décision de changer de centre d’examen.Tout au moins cela…
La tension monte d’un cran à 10h45 (l’heure à laquelle l’épreuve d’anglais se termine), après que les parents ont été informés qu’un dispositif, consistant à faire sortir les élèves par ordre alphabétique, allait être établi sous prétexte des règles de gestes barrières.
Les parents agglutinés devant la porte d’entrée, malgré les réprimandes de la police, se font alors entendre de plus belle. Ils ont donné du fil à retordre aux policiers qui n’ont eu d’autres choix que d’annuler ce dispositif pour éviter que la situation ne dégénère.

Bhagwan : « L’entêtement de la VPM a mis nos enfants en danger »

« En tant que député de la circonscription et avec mes deux colistiers, Karen Foo Kune et Franco Quirin, nous sommes très en colère par rapport à ce qui s’est passé à l’école Philippe Rivalland. Il y a beaucoup de questions qui se posent. Sans pointer du doigt la surveillante, on ne comprend pas comment on a pris une personne dans une zone rouge pour venir surveiller dans une école en dehors de cette zone à riques.
«  Depuis plusieurs semaines déjà, des voix s’élèvent à plusieurs niveaux, y compris des parents, pour exiger le renvoi des examens. Pas plus tard que lundi, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval et le leader du MMM, Paul Bérenger, en ont fait de même. Mais tous se sont retrouvés face à un mur d’arrogance de la VMP et ministre de l’Education.
« Par son entêtement, Leela devi Dookun-Luchoomun a mis nos enfants en danger. Elle devra porter une grande responsabilité devant l’histoire. Nous avons une ministre bornée et un gouvernement têtu. Ils auront un prix à payer. Imaginez aujourd’hui l’état d’esprit des enfants qui doivent participer à ces examens.

« Le jeu est déjà faussé. Et cela va au-delà de la circonscription no 20. Alors que Maurice est devenue un hot spot, on n’a pas jugé utile de renvoyer les examens. Et cela s’aggrave de jour en jour, alors que nos enfants qui passent le SC et le HSC n’ont pas encore vraiment démarré les examens. Je n’ai que trois mots pour décrire la situation actuelle : entêtement, incompétence et arrogance. Et cela, au détriment de nos enfants.»

De son côté, Joana Bérenger se demande « quelle est l’urgence de procéder à ces examens en plein confinement? N’y a t-il pas de renvoi des examens en cas d’intempéries? Quelle différence avec une crise sanitaire? Qui sera responsable si un enfant est testé positif à la Covid-19? » Poursuivant, elle trouve que « à part les inquiétudes face à la crise sanitaire, les plus défavorisés ont été complètement coupés des révisions depuis un mois et se voient être envoyés à l’abattoir. Au-delà du systeme éducatif qui est à réformer de fond en comble, ne voit-on pas également dans cette décision de maintenir ces examens dans les circonstances, le choix du gouvernement de laisser s’aggraver des inégalités et disparités? »

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