- Le travailleur social a pris rendez-vous avec les hommes de Navin Beekarry pour jeudi en vue de complémenter sa déposition devant la commission Lam Shang Leen
- Les principales cibles : les agissements de l’inspecteur Assad Rujub, le tombeur de Gro Derek, et le volet des drogues synthétiques de Kusraj Lutchigadoo
Alors que l’ancien juge de la Cour suprême, Paul Lam Shang Leen, attend encore le mandat officiel du Premier ministre, Pravind Jugnuath, dans l’enquête sur le Discrepancy de 16 kilos dans les 135 kilos d’héroïne de Navind Kistnah, l’AntiDrug and Smuggling Unit (ADSU) sera la cible de dénonciations formelles à l’Independent Commission Against Corruption (ICAC). En effet, dans le cadre des enquêtes relevant de la Task Force sur le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, avec la coordination assurée par le directeur général de l’ICAC, Navin Beekarry, le travailleur social Ally Lazer devra ouvrir le bal contre l’ADSU avec des dénonciations spécifiques suite à sa déposition devant la commission Lam Shang Leen et également dans le volet des drogues synthétiques volatilisées de Kusraj Lutchigadoo. Ce dossier marquera le coup d’envoi des In-Depth Enquiries recommandées dans le rapport de la commission d’enquête.
Ce matin, Ally Lazer a effectué un déplacement éclair au QG de l’ICAC. Ainsi, il a été décidé que le travailleur social est attendu jeudi pour entamer sa série de dénonciations quant aux graves allégations relatives à la situation à l’ADSU. Dans un premier temps, l’audition sera axée sur le dossier de l’inspecteur Assad Rujub, qui dirigeait l’escouade de l’ADSU à l’époque de l’arrestation du trafiquant de drogue de Richelieu, Gro Derek. Devant la commission, il avait accusé cet officier de police d’avoir « turned a blind eye » sur les activités de trafic de drogue d’un gang notoire dans la région de Plaine-Verte, avec la présence de cet élément de l’ADSU au mariage de la fille d’un habitant de la région, jugé très proche du trafiquant Siddick Islam, alias Ner, qui purge une longue peine d’emprisonnement.
Le rapport de la commission d’enquête dresse également une liste de versements bancaires suspects sur le compte de l’inspecteur, allant de Rs 1,6 million en une seule tranche à Rs 50 000 de manière régulière. Ces transactions bancaires coïncident avec l’arrestation de Gro Derek. Sur la base de nouveaux Disclosure Orders émis par des juges siégeant en référé, l’ICAC devra établir un Money Trail sur ces versements et décider si ces versements constituent des délits sous les dispositions du Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA).
Commentant cet état de choses, le rapport de la commission Lam Shang Leen note que « Allegations were made to the effect that Mr Rujub had stolen money and drugs from the locus where Gro Derek was caught. If these facts were proved, serious crimes would have been committed and will entail serious consequences for Mr Rujub, notwithstanding the fact that the drug-fighting institution (ADSU) will have to bear yet another blemish to its name ». Pour sa part, Ally Lazer ne compte pas se limiter au seul cas de l’inspecteur Rujub ou autre Goolamghouse, mentionnés dans le rapport. Il a déjà signifié son intention visant à dénoncer la « complicité de la police dans le cas Lutchigadoo ».
Animant un point de presse à la fin de la semaine dernière au centre social Marie Reine de la Paix, l’animateur de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice, affirme qu’il y a « beaucoup de zones d’ombre à éclaircir en ce qui concerne l’incarcération de Kusraj Lutchigadoo » au Vacoas Detention Centre, non seulement concernant son évasion, « que la police a tenté de relativiser », mais aussi à propos des données de son téléphone portable, « qui ont été effacées ». Il est d’avis qu’il y a eu « beaucoup de magouilles » dans cette enquête avec « la création de plusieurs alibis ». « Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à de telles “magies” », a déclaré Ally Lazer en ce qui concerne les conclusions du laboratoire “forensic” de la police. « J’ai confiance dans les institutions mais pas dans les personnes qui y sont », a souligné le travailleur social. Ally Lazer explique avoir pris la décision d’animer ce point de presse après avoir appris que l’inspecteur de police Assad Rujub, égratigné dans le rapport Lam Shang Leen, l’avait « attaqué dans un affidavit ».
L’inspecteur Rujub, affecté auparavant à l’ADSU et dont le nom a été mentionné dans le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, conteste en justice les conclusions le concernant. « Je l’attends de pied ferme. Avant lui, il y a eu trois personnes qui m’ont poursuivi en justice. C’est comme un sérum pour moi. Ce qu’il a fait constitue pour moi une deuxième jeunesse : je vais continuer ma lutte contre la drogue », a déclaré Ally Lazer. Ce dernier s’est ensuite dirigé vers les Casernes centrales pour une action symbolique : il a manifesté en compagnie de deux autres personnes.