Rapport Rotin Bazar – The Day After : L’ex-juge Lam Shang Leen débarque au QG de l’ADSU

  • L’ancien président de la commission d’enquête sur la drogue obtient la confirmation du mandat d’enquête sur les 16 kilos manquants des 135 kilos de Navind Kistnah
  • Ally Lazer, premier témoin de la Task Force Beekarry, dit sa déception face à l’ICAC, qui se concentre que sur les délits relevant du blanchiment de fonds

Douze semaines après l’annonce publique par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, l’ancien juge de la Cour suprême, Paul Lam Shang Leen, est en présence de la communication officielle au sujet de l’enquête sur la disparition de 16 kilos d’héroïne de la cargaison de 135 kilos de Navind Kistnah. C’est ce qu’a appris Le Mauricien de sources avisées en cette fin de semaine. Ce développement vient ajouter à la situation tendue prévalant au QG de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), notamment avec la passe d’armes entre l’assistant surintendant de police et Chief Investigating Officer de la commission sur la drogue, Hector Tuyau, et l’inspecteur Assad Rujub, cité dans le rapport Rotin Bazar. De sources dignes de foi indiquent que le président de la commission d’enquête pourrait débarquer dans les locaux de l’ADSU aux Casernes centrales en vue d’un premier constat des lieux avant d’entamer l’audition des principaux protagonistes impliqués dans les procédures de Securing of Exhibits. Entre-temps, le  rendez-vous du travailleur social Ally Lazer à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) ne s’est pas déroulé comme ce dernier l’aurait souhaité. Le principal intéressé déplore que les enquêteurs de l’ICAC se soient contentés d’axer son audition en tant que premier témoin de la Task Force Beekarry uniquement sur l’aspect « money laundering » découlant du trafic de drogue. Il voulait déborder sur des aspects dénonçant la connexion de « certains au sein de l’ADSU » avec la mafia de la drogue.

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Dans les jours à venir, la pression sur l’ADSU ira crescendo avec le démarrage de l’enquête quasi judiciaire sur le Discrepancy de 16 kilos d’héroïne sur les 135 kilos saisis lors d’une opération conjointe de la Customs Anti-Narcotics Section (CANS) de la Mauritius Revenue Authority et l’ADSU le 9 mars 2017 dans le port. Le point de départ de cette enquête imposée à l’hôtel du gouvernement suite aux révélations du Mauricien en date du 27 juin dernier n’est autre que le rapport du Forensic Science Laboratory confirmant ce cas de 16 kilos manquants.

Dans un premier temps, la direction générale de l’ADSU, croyant pouvoir bénéficier de la protection aveugle de l’hôtel du gouvernement, avait tenté de vendre la thèse de « 16 kilos de Wrappings ». Mais cet exercice avait été vain avec le Mentor Minister, sir Anerood Jugnauth, rejetant catégoriquement le rapport officiel du commissaire de police, Karl Mario Nobin. Les premières indications recueillies en cette fin de semaine font ressortir que la confirmation de l’ancien juge Paul Lam Shang Leen pour cette enquête a été reçue comme une douche froide au sein de l’ADSU.

« Il est vrai que de puissants lobbies avaient été activés pour contourner cette enquête sur les 16 kilos manquants de Navind Kistnah et surtout avec le cas des drogues synthétiques de Kusraj Lutchigadoo. L’enquête confiée à l’ancien président de la commission d’enquête est un signal que ces lobbies ont échoué et qu’en dépit des déclarations, le démantèlement de l’ADSU et son remplacement par une autre Anti-Narcotics Agency est toujours de mise », fait-on comprendre dans les milieux proches de l’ancien juge de la Cour suprême.

De son côté, Ally Lazer, qui avait prévu une opération de déshabillage de l’ADSU, ne cache pas sa déception comme premier témoin après qu’il a affirmé avoir de nombreuses dénonciations à faire sur les affaires de drogue survenues à la suite de son passage devant la commission d’enquête sur la drogue du juge Paul Lam Shang Leen en avril 2017. À sa sortie de l’ICAC hier, après plus de deux heures avec les éléments de Navin Beekarry, le travailleur social, qui avait prévu de faire « une série de dénonciations sur le trafic de drogue », a déclaré « ne pas avoir grand espoir sur la mise sur pied de cette “Task Force” ».

« Mo enn ti pe desi », a laissé entendre le travailleur social dans une déclaration au Mauricien hier après-midi. Il déplore le fait que les enquêteurs de l’ICAC qui l’ont interrogé hier se sont contentés de sa déposition faite devant la commission d’enquête sur la drogue en avril 2017 et que son audition a uniquement été axée sur l’aspect de blanchiment d’argent découlant du trafic. Le travailleur social est insatisfait de la manière dont son rendez-vous au QG de l’ICAC s’est déroulé alors qu’il avait d’autres déclarations à faire au sujet des réseaux de drogue ainsi que des « policiers magiciens ». « Je suis un travailleur social de longue date qui a connu la souffrance des mamans et des femmes dont les proches ont été victimes de la drogue. Je croyais qu’en tant que premier témoin à être appelé à déposer devant cette “Task Force”, j’allais pouvoir faire des révélations. Mais les enquêteurs se sont contentés du volet de l’argent, de l’aspect blanchiment, entre autres », a déclaré Ally Lazer.

Toutefois, selon le travailleur social, il a remis un document de douze pages hier aux enquêteurs de l’ICAC qui comprend des noms au sujet des réseaux de drogue actifs dans le pays. Il a également mis à la disposition de l’ICAC, a-t-il dit, des compléments d’informations sur l’inspecteur de police Assad Rujub, impliqué dans l’arrestation de Gro Derek mais qui a été égratigné dans le rapport « Rotin Bazar » de Paul Lam Shang Leen.

Ally Lazer a fait part « qu’un autre rendez-vous est envisagé au QG de l’ICAC et qui ne concerne pas pour autant les travaux de la “Task Force” ». Le travailleur social affirme détenir des informations troublantes au sujet de l’arrestation d’un dénommé Coco à Flacq et compte les remettre à la commission anti-corruption.

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