Réactions des syndicats au COVID-19 (Miscellaneous Provisions) Bill 2020

Rashid Imrith (FSSP) : « On autorise le patronat à puiser dans les poches des travailleurs »

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« Le GM n’a pas le droit d’enlever les droits acquis des travailleurs. C’est un projet de loi qui est présenté dans une période de confinement, où il n’y a pas de démocratie en termes de rassemblements. Moralement, le gouvernement n’a pas le droit de venir de l’avant avec un tel projet de loi sans qu’il y ait de discussions.
« On se souvient que lors de la dernière campagne électorale, les politiciens du gouvernement avaient fait état de la continuité du temps de service pour le Lump Sum à la retraite. Maintenant, il vient changer ces conditions. Pire : il demande aux patrons de puiser dans les poches des travailleurs pour renflouer leurs caisses en réduisant les congés annuels. C’est du jamais-vu. De quel droit le gouvernement a autorisé les patrons à prendre 15 des 22 jours du congé annuel des travailleurs ? Ce projet de loi va ouvrir la voie à plus de licenciements, surtout pour les entreprises comptant une quinzaine d’employés seulement. »

Me Sanjay Bhuckory, SC : « Contre des pouvoirs accrus à la police »

« Je m’élève énergiquement contre la clause 11 du Quarantine Bill, qui octroie des pouvoirs accrus à la police – tout d’abord, en leur dispensant de la nécessité d’un mandat d’arrêt ou de perquisition avant d’arrêter un citoyen ou de perquisitionner son domicile; et ensuite, en accroissant leur pouvoir discrétionnaire d’agir, basé sur une supposée Reasonable Cause. Au vu des abus commis récemment par certains policiers, et ce, même à l’encontre des avocats, je suis d’avis que cette clause peut constituer une arme dangereuse entre leurs mains. Je l’ai déjà dit dans un passé récent: on doit demeurer vigilants à ce que les droits fondamentaux des citoyens ne soient pas bafoués sous le prétexte du COVID-19.
« En ce qui concerne le judiciaire, je ne me fais aucun souci quant à l’implémentation de ces mesures (ndlR : la visioconférence et la limitation du nombre de personnes en cour), car j’ai entière confiance au savoir-faire et expérience du judiciaire. D’ailleurs, les procès plaidés via visioconférence furent une réussite retentissante! »

Narendranath Gopee (FCSOU) : « Pe met lamin dan lagorz popilasion »

« J’accueille favorablement l’idée d’avoir plus de contrôle sur les prix des commodités ainsi que sur le marché noir. Cependant, certains de mes doutes commencent à se confirmer à propos de la remise en question des conditions de service des travailleurs, surtout l’amendement porté à l’Education Act. On va maintenant purement et simplement surveiller les enseignants.
« Avec un tel projet de loi, il n’y aura rien à négocier. Notre grande crainte, c’est que le gouvernement soit en train de légaliser les conditions de travail qui sont normalement négociables. Le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, doit venir s’expliquer. Je constate aussi qu’on a donné des pouvoirs excessifs à la police. Il est prévu une amende de Rs 5 000 pour avoir craché en public. Sifi ki enn lapolis pa gagn ou figir, li met enn sarz lor ou parski pena exhibit pou amenn lakour.
« Au fait, ce projet de loi a pour objectif de renflouer les caisses du gouvernement à travers la hausse des amendes. Je constate aussi que le gouvernement continuera à s’ingérer dans l’indépendance de la Banque de Maurice. La BoM deviendra plus vulnérable au chantage politique. C’est dangereux, car le gouvernement veut maintenant mettre le grappin sur le Foreign Reserve Fund. Pa kapav met lamin dan lagorz lapopilasion koumsa. Nou dimann gouvernma ekout lavwa popilasion. »

Ivor Tan Yan, négociateur  syndical de la FPU : « C’est dégueulasse »

« Ce projet de loi est un recul extraordinaire en matière des relations industrielles. Les travailleurs sont en train de perdre leurs droits acquis après de longues luttes syndicales. Je parle du paiement des heures supplémentaires, la réduction du nombre de congés annuels avec la suppression de 15 jours sur 22. À mon avis, cela n’a rien à voir avec le COVID-19 mais le gouvernement a tout simplement choisi d’appliquer l’agenda des patrons, qui contrôlent la main du gouvernement.
« Se enn degelasri à l’égard bann travailleur parski azordi ena beaucoup travayer pa pe pagne overtime. Finalement, les Normal Working Hours de 45h tombent à l’eau. Travayer nek perdi so drwa. C’est inadmissible. J’espère que l’opposition agira fortement sur ces atteintes aux droits acquis de la classe des travailleurs.
« Avec la nouvelle clause 72 de la loi du travail sur le Redundancy, il y a l’ombre d’Air Mauritius.  Le ministre peut donc autoriser l’administrateur d’Air Mauritius à ne pas respecter cette section qui concerne la compression du personnel et la fermeture des entreprises.
« L’Insolvency Act a aussi été amendée dans la même mouvance. Pour moi, on est en train de se servir de la crise du COVID-19 pour démanteler les acquis des travailleurs. Le report de l’application du Portable Retirement Gratuity Fund est un autre exemple concret. Encore fois, ce sont les travailleurs qui vont être sacrifiés. Ki sann la pou met kas dans PRGF si patron pa met kas ladan ».

Roshi Bhadain : « Pe depouy labank central pou roul gouvernman »

« C’est la fin de la démocratie. Zot pe depouy labank central pou roul gouvernman. Nous sommes en train d’assister à l’instauration d’une dictature à Maurice. Sous l’article 2 (oa) du Covid-19 Bill, on utilise le mot « grant » qui implique que le gouvernement utilisera désormais que la Banque de Maurice accordera l’argent au gouvernement. De plus, le gouvernement pourra utiliser l’argent du Special Reserve Fund aussi bien que les Foreign Reserves. Li inakseptab les enn gouvernman pran Rs 40 à 50 milyar depi labank Moris. Kom si BOM inn vinn le ministère des Finances. Consolidated Fund ek kas labank Moris in vinn enn sel ek pou pran tou kas pou al fer bidze. Et aussi avec le Covid-19 Bill le ministre des Finances aura le droit de prendre des avances de Rs 15 milliards alors que le seuil était de Rs 3,5 milliards. Ce qui est encore plus grave concerne le plafond de la dette publique. The Blue Sky is the limit now. Il n’y aura plus de contrôle.  Lalwa kapav permet gouvernman pran tou kas labank santral, pran komie det li anvi, pei pe fini ek pena okenn kontrol apartir aster. Pravind Jugnauth devient Louis XIV, ‘l’Etat c’est moi’. Pour moi, le gouvernement doit partir. Un gouvernement avec 28% de l’électorat ne peut prendre de telles décisions. L’opposition parlementaire doit aussi assumer ses responsabilités et démissionner dans l’intérêt des citoyens du pays ».

Ashok Subron : « Pa kapav vot sa alor ki lepep ek travayer konfine »

« Enn lalwa ki amand 57 lezot lalwa ki contenir bann mezir libertisid ki antrav drwa fondamental morisien ek remet an kestion plizir soubasman drwa travayer, pa kapav vot sa alor ki lepep ek travayer confine dan lakaz. Alor ki nou pena drwa manifeste e exers levie revandikasion pou proteste kont sa. Mo demann lopozision parlmanter pou asim zot responsabilite ki sa lalwa la pa vote. Lor laspe travay, nou trouv bann mezir ki nou ti anonse piblikman depi dernie fwa. Malerezman pa finn ekout mazorite mouvman syndikal ek finn anpir bann zafer. Preske tou travayer moris zot drwa Annual Leave pe anleve. Gouvernman pe instor rezim travo forse kan pe aboli peyman Overtime. Gouvernman pe aboli Night Shift Allowance. Pe anlev drwa travayer ek pe fer sanblan pe anpas lisansiman. Pe pran travayer sa pei la pou kouyon ek pe fer provizion pou lisansiman masif. Mo dimann mwa ki ena dan latet Pravind Jugnauth, Maneesh Gobin ek Soodesh Callichurn. Zot introdwir derogasion lisansiman pou bann travayer sekter esansiel, ki finn met zot lavi a risk. Eski sa li sorti dan latet gro kapital ? Nouvo seksion 72A fer ki enn anployer kapav pa al divan Redundancy Board si minis otorize. Pe permet enn sitiasion servitid. Mo met twa deor me to ankor mo propriete. Se enn zafer taye sir mezir pou gro kapital. Se enn package fo e se enn arnak ki pe anlev enn seri drwa travayer. Gouvernman pe antrav prinsip collective bargaining ek la grev »

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