RÉFORME DE LA PENSION | Avec la disparition du NPF – Dommages collatéraux sur la Bourse et à la BoM avec les bons du Trésor

  • La réforme de la pension aura des effets négatifs sur le marché financier sur le long terme
  • Le NPF, dont l’acte de décès a été signé par le ministre des Finances, a placé Rs 69,7 milliards dans des obligations d’État, Rs 13 milliards dans des actions et Rs 8 milliards dans des « corporate bonds »

Avec la réforme des pensions, la Contribution Sociale Généralisée (CSG) ne sera pas gérée sur la base d’un fonds comme le National Pensions Fund l’était. Or, ce dernier a toujours été le plus gros investisseur local sur le marché boursier. Il est d’ailleurs un important actionnaire de plusieurs grandes compagnies cotées en Bourse. Avec le fonds qui disparaîtra, les milliards du NPF se volatiliseront du marché boursier. Par ailleurs, le NPF était aussi le principal client pour les placements dans des Bons du Trésor du gouvernement. À ce jour, tous les spécialistes et observateurs du monde de la finance se demandent qui achètera les Government Bonds lorsque le NPF n’existera plus et quels seront les effets, à long terme, de la disparition du NPF sur le marché financier ? Éléments de réponse…

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À ce jour, moult critiques ont été émises sur le côté « insoutenable » dans le temps de la CSG pour l’économie, avec des effets en cascade sur la population actuelle et sur les générations futures. D’autres Side Effects sont à prévoir avec le Phasing Out du Fonds national de Pension, dont un potentiel déclin de la Bourse, sachant que le NPF est le plus gros investisseur institutionnel de la place boursière.

Risque de Sell-Off  à la Bourse

Au 31 décembre 2019, le NPF avait Rs 13,9 milliards investies dans des actions locales cotées à la Bourse(“local listed shares”). « Si la CSG est maintenue et le NPF disparaît, le fonds devra éventuellement liquider toutes ses actions à moyen et long termes, en vue d’assurer le paiement de la pension aux retraités », note un spécialiste. Et l’impact sur les entreprises concernées est difficile à évaluer à ce stade. Il faut savoir que le NPF a d’importants placements dans de gros “players” de l’économie locale. Par exemple, le NPF possède 4,92% de CIM Finance. Il est aussi actionnaire de deux poids lourds bancaires comme la MCB et SBM. Le fonds national de pension est aussi actionnaire de grands groupes du secteur privé, tels que IBL, Rogers, les groupes hôteliers et des entreprises, comme Phoenix Beverages.

Et si le NPF doit revendre tous ses placements se montant à quelque Rs 14 milliards au total, cela risque d’avoir des effets sur les prix de ces titres en bourse car la demande dégringolera sur le marché boursier. « Le marché boursier est plutôt Illiquid et il y a un risque réel lorsque le NPF, qui est le plus gros investisseur institutionnel à Maurice, se désengagera de diverses compagnies d’ici quelques années, en vendant un gros volume d’actions. Il y aura une pression sur les prix qui peuvent dégringoler en bourse, surtout s’il n’y a pas assez d’acheteurs à ce moment-là », explique Samuel Jeeban, Consulting Actuary chez Aon Hewitt. C’est ce qu’on appelle un Sell-Off, qui intervient lorsqu’un grand volume d’actions est mis en vente sur une courte période. « If large investors decide to sell their holdings without any compensating increase in buyers, the price of that investment will fall », dit-il.

En outre, le NPF a investi Rs 8 milliards dans des Corporate Bonds”, soit des obligations émises par les compagnies du secteur privé. Il faut noter que le NPF, étant le plus gros investisseur local sur la Stock Exchange of Mauritius, la plupart des Investment Managers et Traders tendent à suivre les moindres agissements du fonds et, si le NPF commence à désinvestir en Bourse, les autres investisseurs risquent aussi de se retirer. « Cela risque de créer un marché statique au lieu d’un marché dynamique. Quand on encourage les fonds de pension, on encourage l’investissement et là ce n’est pas le cas. À ce jour, les gens ne sont pas vraiment conscients du problème car il surgira dans les moyen et long termes. Le problème surgira quand la personne, qui l’a créé, ne sera plus là », poursuit Samuel Jeeban.

Non seulement le marché boursier sera « en difficulté  » mais là où les choses risquent de se corser davantage, c’est que le NPF est aussi un gros investisseur dans les “government bonds”. Au 31 décembre dernier, le NPF avait placé Rs 69,7 milliards dans les obligations d’État, soit près de 53% de son portefeuille total de Rs 129 milliards. Que se passera-t-il si le fonds national de pension n’existe plus pour financer les Bons du Trésor qui sont émis par le gouvernement? Le fait que le NPF soit un « gros consommateur » de bons du Trésor soulève l’inquiétude dans divers milieux, notamment sur les marchés financiers. « Les implications ne seront pas immédiates, mais lorsque le NPF ne sera plus là pour acheter les bons du Trésor, le gouvernement en place aura des difficultés à trouver du financement pour le développement », explique-t-on.

Et la pression sera accrue sur les banques et les fonds de pension privés, qui sont aussi acheteurs des obligations d’État. Raison de plus pour donner à ces derniers plus d’incitations, selon certains actuaires : « Si avec l’introduction de la CSG et la mort du NPF on entraîne aussi la mort des fonds de pension privés, le marché boursier se retrouvera dans une situation catastrophique car il ne sera pas actif. »

Et c’est ce qui risque d’arriver avec l’introduction de la Contribution sociale généralisée (CSG) : les fonds de pension privés vont “phase out” eux aussi, selon l’actuaire Kailash Bheenick. Récemment, lors d’une conférence, il expliquait que « Existing schemes will either decrease contributions or wind up ». Et en retour, cela affectera une large partie de personnes : employés du secteur privé, “fund administrators”, “fund managers” et bien entendu la bourse locale car les fonds de pension privés investissent eux aussi dans les actions. « Reducing the source of investment will create long term issues of liquidity and the ability to raise capital by the government », prévient l’actuaire.

Et Kailash Bheenick de conclure : « Le NPF pèse environ Rs 160 milliards et si vous ajoutez les fonds de pension privés, qui représentent Rs 35 milliards, cela représente environ 40% de notre PIB qu’on est en train de mettre sur la table. Les banques vont continuer à vendre les obligations d’État mais les rendements vont chuter… »

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