Réforme électorale – Ivan Collendavelloo : « Le maintien du présent système serait un recul pour la démocratie »

Passant en revue les premiers commentaires sur le projet de réforme électorale du gouvernement, le Premier ministre suppléant et leader du ML, Ivan Collendavelloo, considère que le maintien du présent système électoral pour les prochaines élections générales sera un recul pour la démocratie. « La réforme présente est une grande avancée par rapport à ce qui a prévalu pendant un demi-siècle. J’espère qu’il ne faudra pas attendre encore un demi-siècle pour approfondir cette notion, qui commence à germer dans notre institution constitutionnelle», déclare-t-il au Mauricien.

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Au chapitre des objections formulées par le MMM contre les “best losers seats”, Ivan Collendavelloo explique qu’il croit comprendre que le point principal du MMM « est qu’on puise parmi les perdants les députés » qui entrent au Parlement. «Bérenger veut un système à la Albie Sachs. Ce sont des propositions incontestablement sérieuses. On peut discuter en longueur et en largeur mais le gouvernement ne suit pas cette logique constitutionnelle. C’est une question de logique gouvernementale. Nous allons présenter le projet. Il viendra avec ses arguments. Nous aussi avons nos arguments. Le Parlement décidera », dit-il, en ajoutant que « cela ne veut pas dire que nous déconsidérons ce genre d’arguments ».

« Par contre, concernant la nomination de six candidats par les leaders des partis, je n’ai pas vu Bérenger s’opposer à cette proposition. Il avait lui même signifié son accord à cela lorsque Ramgoolam l’avait proposé en 2014 », souligne Ivan Collendavelloo. Concernant l’objection du PTr selon laquelle la nomination des “best losers seats” après les élections serait anti constitutionnelle, il considère que cette remarque s’inscrit dans la catégorie des farfelus. « Permettez-moi de ne pas trop m’y attarder. La Constitution sera amendée. Il n’y a pas de débats constitutionnels. On dit n’importe quoi et son contraire. » Quant à la question de la « dictature des leaders politiques », il rappelle : « Qui établit la liste des candidats même après un mécanisme de consultation ? Qui établit la liste des ministres même après consultations si ce c’est le leader ? Le candidat “best loser” entre au Parlement parce qu’il a été sur une liste de candidats établie par le leader. C’est tout à fait normal que le leader désigne ces députés additionnels pour redresser les anomalies qui auraient pu surgir lors du vote des circonscriptions. Je note que cette proposition qui, je répète, fut celle de Navin Ramgoolam et de Paul Bérenger en 2014, ne fait l’objet d’aucune contre-proposition, sauf qu’on entend des arguments qui ne valent pas la peine. » Et d’insister que les “best losers seats” seront « un outil qui ne sera pas utilisé uniquement sur la base des communautés » mais « pour corriger toutes sortes d’injustice ». 

Le leader du Muvman Liberater se montre toutefois plus sévère vis-à-vis du PMSD en déclarant : « Méfions-nous des incendiaires et ceux qui veulent jouer avec la base de notre société et de notre économie. De ceux qui, tout comme il y a 50 ans, avaient voulu incendier le tissu de notre société. Honnis soit ces malfrats de la politique ! » 

Quant au redécoupage des circonscriptions, Ivan Collendavelloo a rappelé l’article 39 de notre Constitution selon lequel « le redécoupage est entre les mains d’une commission constitutionnelle indépendante », qui s’appelle Electoral Boundaries Commission». « Nul n’est habilité à redécouper les circonscriptions en dehors de cadre de notre Constitution. Ce n’est que de la démagogie pure et simple que de parler de redécoupage comme condition à une réforme électorale », a-t-il estimé.

Ivan Collendavello se dit en faveur d’une meilleure représentation des femmes au Parlement. « C’est honteux que la République ne puisse avoir un Parlement qui reflète la composition “gender” du pays. Nous sommes en retard par rapport à beaucoup de pays. Trop longtemps on a voulu promouvoir le rôle politique de la femme alors qu’on voulait préserver en vérité le territoire politique dominé par les mâles. Si cette réforme ne passe pas, c’est légalité des genres qui ne passe pas », a-t-il dit.

Par ailleurs, il ne faut pas confondre, selon lui, le financement des partis politiques avec le changement du système de calcul de vote. « C’est une réforme qui est en chantier et qui sera mise en pratique très vite », a-t-il dit.

Finalement, concernant les propositions formulées contre le tranfugisme, il a souligné que « la logique veut que les députés élus au niveau des circonscriptions l’ont été au suffrage universel et que leurs votes appartiennent à leur électorat ». Ce qui n’est pas le cas pour la liste proportionnelle ou les “best losers seats”. Il a conclu en expliquant qu’il n’y avait pas de système électoral idéal. « Il y a des systèmes que les uns et les autres préfèrent par rapport au choix des critères de représentativité qu’ils considèrent prioritaires », a-t-il dit.

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