Rentrée 2021-2022 : Pagaille et confusion dans les collèges avant la reprise de lundi

Circulaires contradictoires du ministère sur le transfert en Grade 10

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Des parents convoqués pour recevoir quatre manuels sur 15 alors que dans d’autres établissement zéro

Extended Programme : les enseignants attendent toujours de prendre connaissance du nouveau “syllabus”

Après les admissions de lundi dernier, les écoles et collèges se préparent pour le début des cours en ligne et à distance à partir de lundi. Au niveau secondaire, c’est la confusion totale après des instructions contradictoires du ministère de l’Éducation et de la Private Secondary Education Authority (PSEA) au sujet des transferts en Grade 10. D’une part, on parle d’interdiction, suivi d’une autorisation, quelques jours plus tard. Pendant ce temps, les recteurs remuent ciel et terre pour pouvoir distribuer les manuels gratuits des Grades 7, 8 et 9 avant le début des cours, mais la majorité ne sont pas encore disponibles. Les parents non vaccinés se demandent ainsi comment ils auront accès aux collèges pour récupérer les manuels après lundi, avec les nouveaux règlements sur la vaccination entrant en vigueur.

La rentrée scolaire 2021-2022 a été perturbée en raison de la situation sanitaire. Le personnel éducatif a déjà repris le travail depuis le lundi afin de planifier les cours en ligne à partir de lundi et la rentrée alternée du 5 juillet. Le moins que l’on puisse dire est que ce trimestre s’annonce des plus compliqués, non seulement pour des raisons sanitaires, mais aussi sur le plan administratif. À titre d’exemple, vendredi après-midi, des collèges d’État ont appris que les critères pour la promotion en Grade 10 avaient été modifiés.
La Government Gazette 123 du 29 décembre 2018 mentionnait qu’il fallait obtenir au minimum Grade 6 dans six matières principales, dont l’anglais, le français et les mathématiques et une note intermédiaire au minimum dans deux Non-Core Subjects pour réussir son NCE et accéder en Grade 10. Une circulaire datée du 11 juin est venue rectifier le tir, annonçant que pour l’actuelle promotion, un minimum de Grade 6 dans six matières principales, dont l’anglais, autorisait une promotion en Grade 10.
En d’autres mots, même ceux qui ont échoué au NCE peuvent monter en Grade 10. Alors que les recteurs des collèges d’État revoyaient tout leur programme pour se plier aux nouveaux règlements, ceux des collèges privés n’étaient même pas au courant des nouvelles directives. Certains disent avoir appris la nouvelle dans les médias.
D’autre part, cette même circulaire du 11 juin est venue également rappeler les engagements de la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, envers les managers des collèges privés, selon lesquels il n’y aurait pas de débauchage après les départs vers les académies. Sauf qu’il y a eu un effet boomerang de cette mesure. Les transferts qui se faisaient habituellement en Grade 10 (Form IV), en raison des matières non disponibles dans certains collèges, n’ont pu se faire. De nombreux élèves qui avaient obtenu de places dans des collèges en fonction de la filière demandée se sont ainsi retrouvés pris au piège. Ce qui a donné lieu à un mouvement de protestation des parents à la PSEA mercredi.
Dans le cafouillage, les responsables de l’autorité ont dû avoir recours au ministère de l’Éducation pour des précisions. Cette situation a donné lieu à l’émission d’une nouvelle circulaire, mercredi après-midi, informant les responsables d’établissement que les transferts pour cause de matières indisponibles dans certains collèges étaient autorisés. Toutefois, il n’y a eu aucune indication sur les mesures qui s’appliquent pour prévenir le débauchage.

Manuels non disponibles
Les responsables d’établissement ne sont pas au bout de leurs peines pour autant. Cette fois-ci, c’est l’indisponibilité des manuels qui leur pose problème. Alors que les classes débuteront lundi, un grand nombre de collèges – Etat et privés – sont toujours dans l’attente des manuels destinés aux classes de Grades 7-9 (Forms I – III) et offerts gratuitement par le ministère de l’Éducation. Pour la rentrée de la Grade 7, certains collèges ont eu la chance d’obtenir seulement quatre manuels pour quatre matières alors que le Curriculum comprend une quinzaine de matières, avec les langues optionnelles et les Non-Cores.

En revanche, dans d’autres établissements, les nouveaux venus en Grade 7 sont rentrés chez eux sans aucun manuel. Pas de manuels non plus dans un bon nombre de collèges pour les Grades 8 et 9, alors que la VPM et ministre de tutelle avait annoncé les dates pour la distribution des livres pour les Grades 1-9, soit la période du 14 au 21 juin. Plusieurs parents de Grades 8 et 9 ont fait le déplacement mardi, mais sont rentrés chez eux les mains vides. D’où leur mécontentement d’avoir fait le déplacement jusqu’au collège pour rien, surtout parmi les parents qui travaillent et qui ont demandé la permission pour une absence durant la matinée.

Un enseignant d’un collège d’Etat de la région Nord indique : « En effet, plusieurs parents sont venus au collège et ils ont compris finalement que ce n’était pas la faute de l’établissement si on n’avait pas de manuels à leur donner. Ils se demandent comment les élèves pourraient suivre les cours on line et à la télévision s’ils ne disposent pas d’abord de manuels appropriés entre les mains. Et ils ont raison de se poser des questions. »
Des chefs d’établissement racontent qu’ils obtiennent la même réponse chaque jour lorsqu’ils appellent le ministère pour s’enquérir de la date de livraison des manuels, soit : « Ne vous en faites pas, on fait le nécessaire. » Dans les collèges recevant à compte-gouttes les manuels des Grades 7-9, on fustige le ministère pour le retard accumulé.
Une mère invitée à venir prendre les manuels de son fils, témoigne pour sa part : « J’ai reçu un message du collège de mon fils pour venir prendre les livres un matin alors que j’allais travailler. Pour respecter l’ordre alphabétique, je devais être au collège avant dix heures. J’ai dû chambouler tout mon travail et obtenir une permission. Finalement, quand je suis arrivée au collège, il n’y avait que quatre manuels disponibles. Le recteur m’a dit qu’on allait recevoir les autres d’ici la semaine prochaine. Comment mon fils va-t-il faire pour le Remote Learning” alors ? »
D’autres parents se posent également des questions par rapport aux nouveaux règlements sur la vaccination. Ceux qui n’ont pas eu l’occasion de faire leur vaccin jusque-là se demandent ainsi s’ils vont devoir payer un test PCR à plus de Rs 2 000 pour pouvoir aller chercher les manuels.

Extended Programme : le flou

Cette indisponibilité des manuels n’affecte pas uniquement les élèves, mais également les enseignants qui doivent préparer le programme de travail. Pour l’Extended Programme, par exemple, le Syllabus a changé. Ceux qui sont en EP9+ et qui passeront l’examen du National Certificate of Education sont encore dans l’expectative. Un enseignant avance ainsi : « je n’ai aucune idée à quoi ressemble le livre EP9+, je ne peux pas encore planifier le travail car je ne sais ce qu’il y a à faire. Pour le moment, je sais simplement qu’on a revu le programme d’études et on a demandé aux enfants de choisir leurs matières. Sans plus. »

Rappelons que suite à un rapport très critique de la Banque mondiale, le ministère a dû revoir sa copie concernant l’Extended Programme. Le programme d’études a ainsi été allégé et l’accent a été mis sur la littératie et la numératie. Les enseignants attendent ainsi de voir les manuels pour savoir à quoi ressemble le nouveau programme dans le concret.
Par ailleurs, les responsables affirment également qu’il manque toujours des enseignants pour compléter leur staff. Cette situation viendrait du fait, selon eux, que la liste de Supply Teachers n’a pas encore été finalisée. Ils souhaitent ainsi que le nécessaire soit fait rapidement afin que les classes puissent reprendre dans la sérénité, en dépit de la situation difficile.
Au vu du cafouillage qui s’est installé dans les collèges ces derniers jours, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette rentrée s’annonce très compliquée. Si l’on peut bien comprendre qu’il y a eu des inconvénients avec la crise sanitaire et le confinement, les enseignants et les recteurs se demandent comment ils vont travailler avec autant de problèmes à résoudre.

 

SECONDAIRE PRIVÉ : Admission squelettique en Grade 7

Alors que des collèges d’Etat régionaux ont fait le plein pour les nouvelles admissions en Grade 7, un grand nombre de collèges privés subventionnés se retrouvent avec des classes quasiment vides pour cette nouvelle année scolaire. Les managers concernés par cette situation sont dans le désarroi.

« On approche la fin du secondaire privé à Maurice dans pas longtemps. J’ai eu seulement 17 élèves et je m’attends à tout désormais », dit sur un ton résigné le manager d’un collège situé dans la région Sud du pays. De son côté, l’Union of Private Secondary School Employees (UPSEE), le principal syndicat des employés du secondaire privé, est inquiète par ces nouveaux chiffres et appréhende l’avenir professionnel de ses membres.
Même si la Private School Education Authority n’a pas encore entrepris un premier relevé officiel du nombre d’élèves dans les 86 collèges Grant-Aided, des officiers de cet organisme qui sont sur le terrain et qui ont commencé la visite des écoles confirment le faible nombre d’admis en Grade 7 dans bon nombre d’établissements. « Nous constatons que la situation par rapport à l’admission en Grade 7 est très critique dans beaucoup d’établissements », dit à Le-Mauricien l’un d’entre eux. Selon ce dernier, hormis la situation satisfaisante pour un petit nombre de « grands collèges privés », les autres collèges ont pu avoir au moins une vingtaine d’élèves. Toutefois il y a des établissements qui ont eu tout juste une dizaine d’admis quand ce n’est pas moins. Ainsi, il y a eu seulement trois nouveaux venus dans certains collèges le jour de la rentrée lundi, tandis qu’un seul enfant s’est présenté dans un établissement de Port Louis ce jour-là.

Des professionnels du secondaire privé sont d’opinion que les travaux d’agrandissement prévus par le gouvernement dans certains collèges d’État de même que la construction de nouveaux établissements dans ce secteur – annonce faite par le ministre des Finances, Renganaden Padaycahy, dans le discours du budget 2021-2022 – vont définitivement hâter la fermeture d’établissements privés déjà secoués par la baisse drastique du nombre d’élèves. « Nous nous trouvons déjà dans une situation catastrophique et dans trois ans, plusieurs opérateurs ne seront plus dans ce secteur de l’éducation », note le manager d’un collège qui existe depuis plus de 60 ans.

Les dirigeants de l’UPSEE admettent que la situation de la population estudiantine du secondaire privé pour cette nouvelle année scolaire n’est guère rassurante pour l’avenir de ses membres. « À l’exception de bann gran kolez prive, en général la situation est dramatique concernant la Grade 7 » affirme Arvind Bhojun, secrétaire de l’UPSEE. « Beaucoup de collèges n’ont pas eu le nombre réglementaire pour faire fonctionner une classe de Grade 7. Elles ont pu remplir seulement 50% des places disponibles », poursuit le secrétaire de ce syndicat qui craint un surplus d’enseignants dans les établissements concernés.
« Les informations qui nous parviennent indiquent une situation sombre dans le secondaire privé subventionné. S’il n’y a pas d’élèves en nombre suffisant, cela veut dire qu’il n’y aura pas de Workload pour l’ensemble du personnel enseignant. La carrière des jeunes profs est menacée », appréhende Arvind Bhojun. L’UPSEE appelle la ministre de l’Éducation à trouver une solution pour que le secondaire privé subventionné « continue à être présent dans le paysage éducatif du pays. »

ÉCOLES PRIMAIRES — PSAC : résultats du « resit » ce lundi

Alors que l’école reprend lundi, les candidats qui ont passé le Resit du Primary School Achievement Certificate (PSAC) étaient toujours dans l’attente de leurs résultats à hier. De nombreux parents se sont rendus dans les écoles respectives pour s’enquérir de la situation, mais les responsables d’établissement n’étaient pas plus informés non plus.
Finalement, le Mauritius Examinations Syndicate (MES) devait émettre un communiqué hier après-midi, pour informer les parents que les résultats seront disponibles lundi. Ceux du Modular Assessment pour Science et Histoire-Géo, également. Ces parents ne cachent pas leur mécontentement de cette situation car c’est au dernier moment qu’ils doivent aller faire les admissions, voire même chercher un collège.
Rappelons que cette année, le Resit avait une importance particulière car il ne concernait pas seulement les candidats à qui il manquait une matière pour décrocher son PSAC. Environ 200 enfants qui n’avaient pu passer les examens tenus en plein confinement avaient aussi eu l’occasion de se rattraper. D’où l’importance des résultats pour leur admission au collège.

ACADÉMIES  : Mixité, la nouvelle réalité

Ils sont un millier de garçons à faire leur entrée dans des collèges de filles… et autant de filles à traverser le portail des citadelles réservées aux garçons. Les académies affichent un nouveau visage avec la première promotion du National Certificate of Education. Lundi dernier, c’est entre fierté et appréhensions que les parents ont accompagné leurs enfants pour l’admission dans les académies.

Malini, dont la fille a été admise au collège Royal de Port-Louis, ne cache pas sa satisfaction pour la belle performance de sa petite dernière. Toutefois, elle parvient difficilement à dissimuler ses craintes. « Elle va se retrouver dans un collège avec 900 garçons beaucoup plus grands qu’elle. Cela me fait peur. Elle-même, elle a commencé à douter au dernier moment, me demandant s’il n’était pas mieux de rester dans son collège régional. Mais là-bas, on m’a dit que je dois aller au collège Royal, » note la mère.

Pour Ryan, admis dans un collège généralement réservé aux filles, il n’y a aucun complexe à se faire. « Je suis parti pour l’admission, j’ai eu l’occasion de visiter le collège et cela me plaît. Je ne suis pas intimidé pour autant de poursuivre mes études là-bas. La seule chose qui m’agace, c’est que les gens sont en train de faire des blagues de mauvais goût sur les réseaux sociaux disant que nous allons porter des jupes pour aller au collège. J’espère que les autorités vont réagir car c’est du Cyber Bullying. »

Sollicité sur l’admission dans les académies, Vikash Ramdonee, Acting Rector du Collège Royal de Curepipe, avance que tout s’est bien passé. « Tout notre staff était mobilisé pour accueillir nos nouveaux élèves et ils ont eu de nouveaux élèves. En raison de la situation sanitaire, je n’ai pu faire de réunion avec les parents, mais ceux qui souhaitaient me rencontrer sont venus me voir. »

Ce dernier dit avoir reçu la visite d’au moins un parent dont la fille avait des craintes de fréquenter le collège Royal de Curepipe. « J’ai parlé à la fille et j’ai tenu à la rassurer que nous serons là pour l’encadrer. Je dois aussi préciser que même si le collège Royal était jusque-là un collège de garçons, nous avons un grand nombre d’éléments féminins parmi notre personnel. Elles seront aussi là pour accompagner les filles. Je peux donner l’assurance que nous serons à l’écoute, » rassure-t-il.

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