Réunion tripartite : le secteur privé s’oppose à la compensation salariale

  • Quasi-unanimité syndicale pour le paiement d’une compensation salariale uniforme à partir du 1er janvier prochain
  • Reaz Chuttoo (CTSP) propose Rs 1 000 pour ceux au bas de l’échelle et Rs 550 pour ceux touchant plus de Rs 16 500

Le taux d’inflation retenu par Statistics Mauritius pour les tripartites en vue de la compensation salariale est de 3,3%. Cette annonce a été faite au comité technique qui a tenu au siège du ministère du Travail jeudi. Ce comité technique, présidé par le ministre Soodesh Callichurn, comprenait des représentants du ministère, du secteur privé et du monde syndical. Toutefois, devant le taux retenu, le patronat soutient la thèse que, de par les paramètres établis, aucune compensation salariale n’est due aux salariés au 1er janvier prochain, année de la campagne électorale. À l’issue de cette annonce, les syndicalistes ont été appelés à formuler leurs propositions pour la compensation salariale, qui sera soumise au Premier ministre, Pravind Jugnuath, lors des tripartites du 6 décembre.

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Pradeep Dursun, de Business Mauritius, estime que la compensation salariale « n’est pas payable » dans un contexte où le taux d’inflation s’élève à 3.3%. « La compensation salariale n’est pas payable car il est moins de 5%. Il ne faut pas prendre en considération le seul indicateur du taux d’inflation. D’autres indicateurs, comme la croissance, la productivité, la compétitivité et l’emploi doivent être pris en considération afin que les entreprises puissent avoir les moyens de payer la compensation salariale ».

Il a également fait ressortir que le salaire minimum a été introduit en 2018. Il propose ainsi un “impact assessment” dont les résultats seront pris en considération dans l’exercice de la compensation salariale. Par ailleurs, selon Pradeep Dursun, il faut faire attention que la compensation salariale « ne vienne pas alourdir encore les charges des PME et des secteurs “highly labour intensive”. »

Pour sa part, le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, a souligné que le gouvernement et les syndicalistes « ne sont pas en faveur de la proposition de Business Mauritius », soit un non-paiement d’une compensation salariale. Il a expliqué que l’objectif de ce comité technique était de prendre connaissance des chiffres de Statistics of Mauritius, dont le taux d’inflation et le Consumer Price Index (CPI). À ce stade, aucun chiffre pour la compensation salariale n’a été mentionné. A l’issue de cette réunion, les différentes parties prenantes calculeront leurs propositions de compensation salariale qui seront soumises au Premier ministre le 6 décembre.

Le président du Mauritius Labour Congress (MLC), Haniff Peerun, estime pour sa part que le gouvernement de Maurice « est en mesure d’offrir une compensation adéquate ».

Et d’ajouter : « Si nous prenons en considération tout ce qui est préconisé par les instances internationales, Maurice est sur la bonne voie. Cela dit, tous les indicateurs économiques montrent que Maurice se situe à la première place parmi les pays d’Afrique. La compensation salariale est offerte pour permettre aux Mauriciens de combattre le coût de la vie. La justice sociale est primordiale. Maurice souhaite-t-elle faire face à la même situation que la Réunion en ce moment ? Donc, nous sommes confiants que le gouvernement répondra aux besoins de la classe des travailleurs ».

De son côté, Reaz Chuttoo, porte-parole de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public (CTSP), a soutenu que le taux d’inflation de 3.3% « n’est pas valable pour tous les Mauriciens ».

« Le chiffre de 3.3% a été calculé à partir d’un “basket” déterminé par Statistics of Mauritius. Or, le dernier Household Budget Survey montre que le budget domestique s’élève à Rs 16 500. Donc, les Mauriciens doivent avoir Rs 548 en termes de pertes de pouvoir d’achat. Et 95% des membres de la CTSP n’ont jamais touché plus de Rs 16 500. Cela dit, nous proposons une formule bien simple. Nous proposons une compensation salariale de Rs 1 000 pour ceux au bas de l’échelle et Rs 550 pour ceux touchant plus de Rs 16 500 », a déclaré Reaz Chuttoo. Et d’ajouter que les réunions tripartites organisées ces cinq dernières années « n’ont pas apporté une solution à la pauvreté ». 

Rashid Imrith, de la Fédération des syndicats du secteur public (FSSP), a souligné que tous les travailleurs à Maurice doivent indistinctement bénéficier d’une compensation salariale uniforme. « Il n’est pas question de l’arrêter à un barème. Comme par le passé, elle était limitée à ceux bénéficiant de seulement Rs 12 000 et moins. La formule utilisée en janvier 2015 et en janvier 2018 doit être utilisée cette année. Une formule soit être trouvée pour les vieilles personnes également », a-t-il fait ressortir.

Pour le syndicaliste Atmo Shanto, le taux d’inflation de 3.3% ne reflète pas la réalité. Il s’en est pris à Business Mauritius qui, selon lui, est venu faire un « amalgame » entre la compensation salariale et l’augmentation salariale. « La compensation salariale vise à rétablir le pouvoir d’achat des Mauriciens. Et nous souhaitons qu’elle soit appliquée pour tous les travailleurs », a-t-il dit.

Enfin, Ashok Subron de la General Workers Federation (GWF) a abondé dans le même sens et indiqué que la compensation salariale « permet de donner de la valeur à un salaire ». La GWF a réclamé des chiffres inédits, jamais publiés. « Nous devons savoir, secteur par secteur, les taxes qui vont aux capitalistes, aux travailleurs et à la société mauricienne. Maurice sera choqué si ces chiffres sont dévoilés », a-t-il ajouté.

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