RODRIGUES | En prévision des élections régionales : Les formations politique en ordre de bataille

L’OPR « enn gro morso » en face d’une opposition divisée

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Le nom du PPS Francisco François revient régulièrement en tant que probable successeur de Serge Clair au sein de l’OPR

En marge de la dissolution annoncée de l’Assemblée régionale de Rodrigues (RRA), devant intervenir entre ce mois-ci et février 2022, mais selon toute probabilité au cours de la seconde quinzaine de ce mois, des élections régionales se tiendraient dans les six Wards de l’île avant la fin de cette année. La moindre indication sur le terrain donne lieu à des conjectures les unes plus savantes que les autres.

Les partis politiques, que ce soit dans les rangs de l’opposition – en l’occurrence le Mouvement Rodriguais (MR), l’Union du Peuple de Rodrigues (UPR), le Parti Mauricien Social Démocrate Rodrigues (PMSD Rodrigues), le Mouvman Indepandantis Rodriguais (MIR) et le Front Patriotique Rodriguais Écologique (FPRe) – ou de l’adversaire principal qu’est l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) de Serge Clair, sont déjà en ordre de bataille. Louis Ange Perrine et Laval Guillaume, le premier nommé ancien commissaire et le deuxième ayant siégé à l’ARR sous la bannière du MR, sont gagnés par la fièvre électorale. Une indication sur le terrain se résume à la succession de réunions politiques dans l’île depuis ces derniers jours.

Mais le Political Talk of The Island reste l’état de santé du leader historique de l’OPR et chef commissaire, Serge Clair. Rentré de Maurice le 28 août, après avoir subi une intervention chirurgicale d’envergure, il est actuellement en auto-isolement à son domicile et ne reprendra ses obligations à la tête de l’Executive Council que le 5 de ce mois. Lundi dernier, l’état-major de l’OPR s’est ainsi réuni à Mont-Lubin chez Serge Clair pour un tour d’horizon. Pour autant, aucune indication n’a transpiré de ces échanges à la veille du scrutin pour le renouvellement de l’ARR.

Ces échanges sont intervenus après un peu plus de deux mois sans contact avec le chef commissaire. Mais les spéculations vont bon train quant à une nouvelle candidature de Serge Clair. Et les mauvaises langues prétendent que cela n’est plus aussi rose dans le camp de l’OPR. Il se chuchote en effet qu’il y existe des divisions internes, sans compter que les promesses électorales faites dans le passé n’ont pas été tenues.

La principale crainte est que les déçus de l’OPR puissent se rallier à l’UPR de Franceau Grandcourt, dont le nouveau groupe s’apprête à affronter l’électorat pour la première fois. Au sein de l’OPR, on ne cache pas que le principal obstacle à surmonter n’est autre que l’usure du pouvoir. Il y a également le fait qu’un ancien chef commissaire sous la bannière du MR pourrait bénéficier de l’investiture de la Bougie, confirmant un réalignement sur l’échiquier politique.

Depuis l’avènement de l’autonomie, et même bien avant, l’OPR a toujours été « enn gro morso » pour ses adversaires politiques. Toutefois, la succession de Serge Clair est une donnée comme un “Game Change” en politique dans l’île. L’Establishment de l’OPR se garde d’ailleurs d’aborder cette question en public. Notamment pour l’effet de surprise. D’aucuns affirment que le PPS Francisco François présente de meilleures chances d’aspirer à devenir le prochain chef commissaire en cas de victoire du parti au prochain scrutin.

De ce fait, c’est Francisco François qui se verra confier la responsabilité de mener l’OPR dans cette bataille électorale à un moment crucial. Mais rien n’est encore joué ou encore couru d’avance. D’autant que la fille du chef commissaire est donnée comme candidate dans le bastion sûr de Grande-Montagne (No 6) et qu’elle pourrait devenir ainsi la première femme à assumer ces importantes responsabilités au sein du gouvernement régional. « Serge Clair pou poz ankor e apre li pou pran responsabilite kouma enn komiser mentor e li pu sed la plas a Francisco. Mo pe tande ki Francisco pou demisyone pou al poze. E pa blye ena posibilite osi ki so tifi poz dan rezion 6 ek apre kapav pran lidership dime », fait-on comprendre dans les milieux proches de l’OPR.

L’UPR de Franceau Grandcourt, lui, se place en position de force au sein de l’opposition. Car avec les réunions privées que le parti enchaîne sur le terrain à travers l’île, ainsi que les conférences de presse et autres, ce parti se donne pour objectif de grignoter inlassablement dans le pool d’électeurs de l’OPR. Plusieurs visages très en vue, connus pour être des “Diehards” de l’OPR dans le passé, ont « vire » en se mobilisant au sein de l’UPR.

Des “bases”, auparavant inaccessibles pour les adversaires de l’OPR, sont aujourd’hui des “bases” de l’UPR. Ce parti a fait son entrée dans la région de Baie-aux-Huîtres (No 4) grâce à Christian Lisette, qui se bat contre Nicolson Lisette. Dans la région de Port-Mathurin (No 5), l’UPR se situe en bonne position. Dans la région 3, un proche de Jean Rex Ramdally se bat contre lui, divisant ainsi l’électorat de l’OPR.

Franceau Grandcourt, le leader du parti, se dit confiant, avec le coup de main de la population, pour affronter les prochaines élections. « Kapav koste, me avek bann dimounn de bonn volonte ki pe travay pou pei, parski fode pa ki li vinn enn lekip ki kase o milie simin », dit-il. Est-il possible qu’il y ait un Remake de 2006, mais cette fois avec l’UPR aux commandes ? D’ici la dissolution de l’ARR et le dépouillement des bulletins de votes, des développements attendent d’être confirmés.

Pour sa part, Johnson Roussety, leader du FPRe, a été le premier à réclamer l’unification de l’opposition. Son parti a déjà essayé en début d’année de conclure une entente avec l’UPR, mais « les fiançailles » n’ont pas duré. De là où il se trouve en ce moment, en Australie, il réclame toujours des discussions autour d’une table ronde avec les autres partis de la minorité afin de faire un seul bloc face à l’OPR.

Mais force est de constater que les revendications et les attentes de chacun, que certains estiment légitimes, compliquent la conclusion de cette entente. Cependant, pour Franceau Grandcourt, tout est jouable jusqu’au dernier moment. Alors que Nicolas Von Mally ne souhaite pas retravailler avec les dissidents de son parti, ni avec le PMSD Rodrigues.

D’un autre côté, le PMSD Rodrigues se verra face à un OPR très remonté, et qui est inexorablement et farouchement contre lui. On se souviendra que le slogan de l’OPR pour les élections nationales de 2019 était « PMSD go home ». L’OPR ne veut pas du PMSD à Rodrigues. Et les circonstances qui expliquent la remontée considérable de ce parti lors des élections nationales, en 2019, ne sont plus les mêmes aujourd’hui, car les enjeux sont très différents.

En 2019, les électeurs du MR avaient en effet voté avec rage pour le PMSD, contre le MR. Ce qui explique aussi la cassure du parti, avec Franceau Grandcourt créant son propre parti. Pour l’heure, rien n’indique si le PMSD Rodrigues fera cavalier seul ou pas. En somme, rien n’est encore acquis là aussi. Mais comme le dit l’adage : « Eleksyon fer zour eleksyon ». Quoi qu’il en soit, tous les partis se disent prêts pour affronter l’électorat. La bataille électorale s’annonce rude avec les multiples Stakeholders affichant leurs couleurs respectives.

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