RS 3 MDS SAGA | À l’ICAC : Les casinos Monte Games au cœur du détournement allégué

– Un dénonciateur balance à l’ICAC le modus operandi du réseau Sawmynaden pour s’approprier des machines à sous à travers l’argent d’Éric Freymond

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– Le témoin étale une “high political connection” entre 2005 et 2010 sur laquelle s’appuyaient les Rungassamy pour leur permis de maison de jeux

L’Independent Commission Against Corruption (ICAC) a reçu durant la semaine écoulée un témoin clé qui aurait assisté au montage de plusieurs plans d’investissement des Rungassamy et du réseau de l’homme d’affaires Ramen Sawmynaden qui sont accusés d’avoir détourné les fonds d’investissement du multimilliardaire suisse, Éric Freymond. Celui qui se présente comme un témoin ayant assisté au modus operandi de la bande de l’ancien banquier de la State Bank of Mauritius, dont fait partie un certain Nad Steve Ah Hang, l’un de ses proches collaborateurs et directeur des casinos Monte Games, a fourni des détails sur les plans qui auraient été orchestrés pour que l’argent de l’homme d’affaires suisse soit utilisé pour acheter des machines à sous de l’Afrique du Sud en 2009.

Le dénonciateur a, durant son déballage à la commission anti-corruption, indiqué aux enquêteurs que l’axe Rungassamy-Sawmynaden s’appuyait sur une “high political connection” au sein du gouvernement de 2005-2010 pour faciliter l’obtention des permis pour les casinos de Monte Games situés à Vacoas et à Goodlands.

Le témoin en question affirme avoir choisi de débarquer à l’ICAC après avoir pris note que des enquêtes avaient été initiées au sujet du détournement et blanchiment allégué des Rs 3 milliards du Suisse Freymond par le tandem Ramalingom Rungassamy et Ramen Sawmynaden. Se présentant comme celui qui aurait côtoyé les protagonistes clés de cette Rs 3 milliards Saga, il a fourni des détails précis sur les plans orchestrés pour « extorquer » l’argent que le Suisse voulait investir à Maurice par voie de procuration confiée aux Rungassamy dans un premier temps. Le dénonciateur a mis en relief le rôle de la bande opérant les casinos Monte Games, soit Ramen Sawmynaden lui-même ou encore le dénommé Nad Steve Ah Hang. Il a expliqué comment le plan d’investir dans des maisons de jeux avait été ourdi lors des rencontres dans un établissement hôtelier dans l’Ouest du pays. Selon lui, il y aurait eu de gros transferts bancaires pour que l’argent d’Éric Freymond soit utilisé pour s’approprier de machines à sous neuves pour le compte des casinos de Vacoas et de Goodlands qui étaient sous le contrôle de Monte Games Ltd et Katar Ltd, selon les documents en date de 2008 déposés aux enquêteurs.

L’ICAC a, dans le cadre de ces développements, pris contact avec les revendeurs sud-africains des machines à sous et des roulettes pour les casinos grâce à la communication établie par Jensy Sabapathee lors de ses déplacements en Afrique du Sud. Il s’avère que la commission anti-corruption est déjà en présence de documents attestant que ces achats pour les casinos Monte Games ont été faits par Éric Freymond.

“High political connection”

Le témoin a, lors de sa déposition à l’ICAC, mis aussi en relief une “high political connection” entre l’axe Rungassamy-Sawmynaden et un Top Gun du gouvernement travailliste entre 2005 et 2010, période durant laquelle les casinos Monte Games ont pris de l’essor. Il a indiqué aux enquêteurs de l’ICAC que le VVIP en question avait agi comme facilitateur des procédures entamées auprès des autorités pour l’obtention des permis requis pour la mise sur pied de ces casinos. Pour lui, il était clair que cette personnalité politique aidait les protagonistes concernés pour la mise en opération des casinos en question.

Il a également soutenu que Ramen Sawmynaden rencontrait souvent ce personnage politique durant la période 2008 à 2010. Et d’ajouter que la bande Rungassamy-Sawmynaden-Ah Hang avait des « high profile connections » à plusieurs niveaux, notamment auprès des avocats ou des corps para-étatiques. L’ICAC, qui a servi un Attachment Order sur les biens de la fille des Rungassamy, Delphine Ngoy, dispose à présent d’autres éléments au sujet du détournement allégué de l’argent du Suisse Éric Freymond. Les enquêteurs devraient, selon nos informations, entamer des démarches auprès de la Gambling Regulatory Authority (GRA) pour connaître le “funding” derrière les machines à sous des casinos de Monte Games.

D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que Monte Games se retrouve en situation controversée, ayant été sous la loupe de la commission d’enquête sur la drogue de Paul Lam Shang Leen. En mai 2017, des officiers de la commission d’enquête sur la drogue, de la GRA, de l’IT Unit de la police et de la Mauritius Revenue Authority avaient débarqué dans les deux casinos de Monte Games pour vérifier leurs livres de comptes et des machines à sous. Ils tentaient de savoir si Monte Games n’avait pas manipulé ses chiffres pour blanchir l’argent des trafiquants de drogue.

L’ICAC avait aussi précédemment arrêté un directeur de la branche vacoassienne de Monte Games pour blanchiment. Il était accusé d’avoir facilité l’achat d’un hors-bord pour Rs 2,4 millions pour le compte du skipper Mike Brasse qui avait été arrêté en novembre 2016 à La Réunion avec 42 kg d’héroïne. On laisse entendre à l’ICAC que cette enquête peut prendre une autre tournure avec ce nouveau témoignage.

Par ailleurs, en fin de semaine, l’ICAC a aussi été informée que Ramen Sawmynaden tenterait de vendre les actions qu’il détient au sein de la société Cap Ouest. Il n’est pas écarté qu’un Attachment Order de la commission anti-corruption soit émis sur ces propriétés, indique-t-on dans les milieux de l’enquête. Affaire à suivre…

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