SAINT-LOUIS SAGA – BOMBE À RETARDEMENT DE RS 700 M : Coup de théâtre: le DG p.i. du CEB interdit de ses fonctions

A la réunion d’urgence en début de soirée d’hier, Rajcoomar Bikoo, passe du ministère des Utilités publiques au poste d’Officer-in-Charge

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Le PMO et les Finances au coeur de la tempête électrique de l’épisode de l’enquête de BWSC sur les pots-de-vin

L’escouade de l’ICAC passe cinq heures au QG du CEB, à Ébène, pour procéder à la saisie de fichiers informatiques et d’autres dossiers sur ce projet de Rs 4,5 milliards

Coup de théâtre dans le dossier de la Saint-Louis Gate. La réunion d’urgence du Board du Central Electricity Board (CEB), se terminant en début de soirée d’hier, a pris la décision d’Interdict l’Acting Director General, Shamshir Mukoon, de ses fonctions. Rajcoomar Bikoo, un haut cadre du ministère des Utilités publiques, se voit confier la responsabilité d’Officer-in-Charge au CEB. Par ailleurs, les éléments d’information constituant la réponse du Premier ministre, Pravind Jugnauth, à la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition Arvin Boolell, sur la Saint-Louis Gate avec une bombe à retardement variant entre Rs 700 millions et Rs 1,3 milliard, alimentent davantage la chronique autour de cette affaire, notamment en ce qui concerne le fait que les autorités étaient informées ou non de ce scandale de fraude et corruption bien avant le lundi 8 juin dernier.

La situation s’est corsée au cours des dernières 24 heures avec l’Acting General Manager du Central Electricity Board, Shamshir Mukoon, faisant de la résistance malgré l’annonce du chef du gouvernement à l’Assemblée nationale que le premier nommé allait informer le “board” de son intention de “stepping down” en attendant la conclusion de l’enquête en cours sur la bombe à retardement de Rs 700 millions. Ainsi, les membres du Board ont pris la décision de trancher sur le vif. À hier soir, très peu de détails ont transpiré des délibérations sauf que la lettre d’interdiction devait être remise au principal concerné tard dans la soirée d’hier. D’autres sources avancent qu’à un certain moment des tractations, Shamshir Mukoon s’était vu offrir le poste de Production Manager au CEB.
Dans l’entourage de l’Acting General Manager du CEB, qui se présente comme le fusible principal dans ce scandale confirmé de pots-de-vin et d’appel d’offres “tailor-made” pour un montant de Rs 4,5 milliards, l’on maintient qu’après avoir accusé réception de l’e-mail de Nikolaj Holmer Nissen, Chief Executive Officer de Burmeister & Wain Scandinavian Contractor A/S en date du 15 février 2019 à 11h41 du matin, il avait informé verbalement le Board des conclusions de la Poul Schmith/Kammeradvokated Legal Investigation sur des “corrupt practices”. Cette version est contestée par Lakwizinn du PMO en maintenant qu’à aucun moment cette information n’a été relayée aux plus hautes sphères de l’hôtel du gouvernement.
Par contre, lors de son intervention sur le budget, hier après-midi, le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, a déclaré que cette information avait été communiquée aux membres du Board « verbally ». Ce détail relance, pour ne pas dire amplifie, toute la polémique autour de la position adoptée par Pravind Jugnauth à l’effet que « I was not aware ». Outre le fait qu’un Top Gun of the Parent Ministry, soit les Utilités publiques, siège sur ce “board”, le ministère des Finances et par extension le Prime Minister’s Office sont également représentés sur cette instance.
« Force est de constater qu’en février/mars 2019, le portefeuille des Finances était sous la tutelle du Prime Minister’s Office. So as the then Minister of Finance, Pravind Jugnauth must have been informed by the Permanent Secretary of the Ministry of Finance », font comprendre ceux qui n’arrivent pas à digérer les explications fournies à ce jour par le Premier ministre (voir la dernière déclaration de Pravind Jugnauth à la presse hier après-midi).
D’autre part, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) a pris la décision d’enclencher, même avec plus d’un an de retard, des descentes simultanées dans les locaux du Central Electricity Board (CEB) à Ébène, au ministère de l’Énergie et des Services publics, à Ébène, du Central Procurement Board et de l’Independent Review Panel, à Rose-Hill. Auparavant, l’équipe de Navin Beekarry a eu un “briefing” au Réduit Triangle, où les enquêteurs travaillant sur ce dossier ont pris connaissance des Assignments qui leur ont été alloués.
À l’arrivée de l’escouade de l’ICAC au ministère des Utilités publiques au deuxième étage à la SICOM Tower à Ébène à cet effet, le Deputy Prime Minister, Ivan Collendavelloo, avait déjà quitté son bureau pour participer aux délibérations du Conseil des ministres d’hier matin.
À leur arrivée au QG du CEB, les enquêteurs de l’ICAC sont montés directement dans le Corporate Office où, après avoir expliqué le but de leur présence, un Senior Officer de ce bureau les a dirigés dans une pièce où étaient déjà stockés des appareils informatiques et des documents ayant trait à la réhabilitation de la centrale thermique de Saint-Louis. L’ICAC a dû faire un “marking” comme référence sur chaque dossier saisi en présence de ce Senior Officer du CEB. Cet exercice a pris plus de cinq heures avec la saisie de « milliers de papiers », selon une source, qui ont été placés dans des boîtes en carton et emportés au QG de l’ICAC.
D’après les renseignements recueillis, certains documents saisis concernent des mails et des “board proceedings”, entre autres, par rapport à la Saint-Louis saga. Idem au bureau du ministère de l’Énergie et des Services publics où les enquêteurs ont mis la main sur « des correspondances échangées entre ce ministère et le CEB », a indiqué la même source, ajoutant que les enquêteurs n’ont pas encore épluché les documents saisis. Tandis qu’au bureau du Central Procurement Board, l’ICAC a souhaité obtenir une copie de l’appel d’offres lancé sur la réhabilitation de cette centrale thermique sous l’ancien régime en 2014 et celui de 2015 « pour comparer les détails ». Les enquêteurs n’auraient pas obtenu tous les papiers voulus à ce stade, le CPB promettant de faire le nécessaire au plus vite.
Par ailleurs, une équipe spéciale au sein de l’ICAC a été mise sur pied pour travailler exclusivement sur la Saint-Louis saga. Pour les prochains jours et semaines, les enquêteurs examineront les dossiers saisis et écouteront aussi toute personne qui souhaite apporter des détails/documents sur cette affaire. Et c’est cette même équipe qui assurera la liaison avec la Banque africaine de développement. Les enquêteurs ont confirmé qu’aucune convocation n’est prévue, avec « cette étape se faisant en temps et lieu ».

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