Santé publique- Shift System : dix minutes par patient

  • Les médecins en colère, une série d’actions prévue

Il y a eu vote à bras levés. Plus d’une centaine de médecins généralistes du secteur public s’est réunie dans la salle de la Tamil League hier pour une Special General Assembly organisée par la Medical & Health Officers Association (MHOA) et la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU). Las des “magouilles” et autres tergiversations des autorités concernées, les médecins ont décidé de faire une piqûre de rappel aux autorités et envisagent plusieurs actions syndicales dans les semaines à venir.

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“Ce combat n’est pas que pour les médecins mais aussi pour les patients”, a déclaré le Dr Vinesh Sewsurn, président de la MHOA. À cet effet, une manifestation pacifique de onze personnes est prévue devant l’hôtel du gouvernement, suivie d’une marche pacifique dans la capitale dont la date sera communiquée ultérieurement. La MHOA compte aussi écrire au ministère de la Santé, demain, pour l’informer de la résolution votée hier après-midi à l’unanimité, soit la nouvelle règle des 10 minutes par patient que les médecins devront appliquer, et ce, “uniquement dans l’intérêt des patients. Ce n’est donc pas un go-slow”, soulignent-ils. En attendant, l’équipe légale des deux corps syndicaux s’attelle à monter un “dossier solide” pour le présenter devant une institution internationale car, selon eux, il y a clairement eu une violation des droits acquis des médecins. Narendranath Gopee, de la FCSOU, compte aussi écrire à l’International Labour Organisation (ILO) pour dénoncer les agissements du ministère du Travail local.

Une série d’actions qui fera peut-être changer d’avis les autorités concernées. En tout cas, c’est ce qu’espèrent les 1500 médecins généralistes des cinq hôpitaux régionaux concernés par ce Shift System controversé que le ministère de la Santé souhaite mettre en place depuis bientôt trois ans. “Nous avons perdu une bataille, mais pas le combat”, a avancé Vinesh Sewsurn. En effet, c’est après que la demande d’injonction de la MHOA pour obliger un officier du ministère du Travail de superviser le Strike Ballot prévu les 4 et 5 septembre — soit la première étape avant de pouvoir organiser une grève —, a été rejetée la semaine dernière par la juge Renuka Dabee que les choses ont commencé à s’envenimer davantage entre médecins et l’État.

1 500 patients par jour
Toutefois, face à cette première défaite légale, les médecins restent déterminés. Ils persistent et signent : un médecin généraliste ne peut travailler plus de 33 heures. Ils s’opposent aux 40 heures imposées par le ministère de la Santé.
Un combat d’ailleurs amplement justifié, selon Vinesh Sewsurn. Ce dernier explique que le médecin mauricien ne peut être comparé au médecin étranger qui travaille dans des conditions totalement différentes.

“Le workload est totalement différent. À Maurice, un médecin peut recevoir près de 1500 patients par jour surtout dans les grands hôpitaux. Il y a d’ailleurs un manque aigu de médecins. L’on nous traite de plus en plus comme des opérateurs en chaîne qui sont obligés de travailler sous pression. Comment pensez-vous que l’on puisse donner le meilleur de nous-mêmes quand on doit traiter un patient en 1 ou 2 minutes ? Il est temps de faire entendre notre voix”, devait-il ajouter. Pour lui, il est essentiel d’écouter les médecins afin de promouvoir la bonne pratique de la médecine à Maurice, et ce, encore une fois dans l’intérêt des patients. “C’est pour cela que nous avons voté ces 10 minutes obligatoires de consultation. Que l’on fasse notre métier comme l’on nous a appris de le faire”, devait-il poursuivre.

Narendranath Gopee a quant à lui fustigé le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, pour son silence sur toute cette affaire. “Si le système médical ne fonctionne pas aujourd’hui, ce n’est pas à cause des médecins, mais à cause des officiers du ministère qui ne font pas suffisamment bien leur travail”, a-t-il affirmé. “Le combat que nous menons, ce n’est pas pour plus d’argent, ou pour moins de travail, c’est pour un meilleur système de santé”, a ajouté le syndicaliste. Ce dernier est convaincu qu’il y a eu mauvaise foi et “magouilles” pour enlever le droit de grève aux médecins.

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