Santé – Saisie d’équipements informatiques : « Mauvais signal du GM aux lanceurs d’alerte », selon Gopee

Le président de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU), Narendranath Gopee, estime que le gouvernement « a donné un mauvais signal aux lanceurs d’alerte », faisant ainsi référence à la fuite d’informations survenue au niveau du ministère de la Santé, suivie d’une déposition à la police et de la saisie d’équipements informatiques pour connaître le(s) lanceur(s) d’alerte par rapport au dossier ayant trait à l’achat des équipements médicaux durant la période de confinement.

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Rencontrant la presse mardi, le président de la FCSOU a souligné qu’en agissant de la sorte, « le gouvernement ne respecte pas l’article 44 de la Prevention of Corruption Act », qui stipule que les lanceurs d’alerte, même anonymes, sont protégés. « Je ne crois pas qu’avec une telle façon de faire, quelqu’un aurait aimé dénoncer des cas de fraude et de corruption. Les gens auront peur. C’est une façon pour eux de faire taire la population sur les mégas scandales financiers qui ont placé Maurice sur la liste noire de l’Union européenne. Que voit-on maintenant ? À la suite d’une dénonciation, on vient saisir des ordinateurs au ministère de la Santé », dit-il. Selon lui, , c’est l’ICAC qui aurait dû saisir ces appareils, « car c’est un cas de corruption, et non pas une affaire de police », fait-il remarquer.

« C’est un conflit terrible, car la police a pris tous les indices. Que fera l’ICAC maintenant ? Est-ce que la police lui remettra ces équipements ? Je ne pense pas. Se enn grimas ki zot finn fer. Finn al met enn case lapolis e an mem tan met enn case Licac pou fer investigasion. Ladan, se bann whisleblower ki pou al pai lepo kase », a souligné Narendranath Gopee. Il se demande ainsi « qui, avec un tel déploiement, aura le courage maintenant » de dénoncer des cas de corruption, de vols ou de transactions suspectes. « Il est malheureux, aujourd’hui, de constater qu’on a affaire à un système de police qui opère à deux vitesses. D’une part, on constate que lorsqu’une VVIP consigne une déposition, le lendemain, on vient arrêter aux petites du matin la personne incriminée. Et d’autre part, lorsqu’une simple personne fait une déposition, son dossier dort dans un tiroir. C’est triste pour l’île de 2020 », lance le syndicaliste.

Le gouvernement, ajoute-t-il, dans son manifeste électoral de 2014, « avait promis à la population le Public Service Bill pour créer une ligne de démarcation entre les politiciens, les nominés politiques et les fonctionnaires, et la Freedom of Information Act, qui allait “empower” la population pour poser des questions sur les dépenses publiques ». Et d’indiquer que « le fonctionnement de l’Assemblée nationale, ces derniers temps, laisse à désirer ».

«Le gouvernement est en train de tout faire pour que les parlementaires de l’opposition ne siègent pas au Parlement et ne posent pas de questions. Donc, la population n’a pas le droit de poser des questions, car il n’y a pas de Freedom of Information Act. Si vous devenez un “whisleblower”, vous serez arrêté. Le gouvernement fait aussi tout pour provoquer un walk-out de l’opposition au Parlement. Donc, le gouvernement tente de contrôler l’information au maximum. C’est de cette façon que le pays est en train d’opérer. Avec cette façon de faire, Maurice ne sortira pas de la liste noire de l’UE. Il faut qu’il y ait de la transparence pour que Maurice puisse sortir de cette liste noire », estime Narendranath Gopee.

Le président de la FCSOU est également revenu sur le licenciement de deux présidents de syndicats à la suite de comités disciplinaires institués par leurs employeurs. Il s’agit de Luximon Badal, président de l’Union of Post Office, pour refus de se faire transférer de Port-Louis à Terre-Rouge, et de Sharvin Sunassee, président de l’Airport of Mauritius Staff Union, pour n’avoir pas déposé devant la réunion du comité disciplinaire, qu’il considère « illégal », car le comité disciplinaire a changé le libellé de la charge en cours de route.

Selon Narendranath Gopee, « c’est devenu une pratique maintenant que l’employeur a recours à une personne de son choix pour présider un comité disciplinaire », avant de poursuivre : « Nous savons tous qu’un président qui a été nommé agira au nom de l’employeur ». Faisant l’historique de la mise à pied de ces deux présidents, il souligne que « c’est parce qu’ils ont tenu tête contre les mauvaises gestions des affaires qu’une série d’actes d’intimidations a été utilisée » à leur encontre. À noter que les présidents licenciés feront appel contre les décisions prises par ces comités disciplinaires par voie légale ou de médiation et de conciliation, conclut le syndicaliste.

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