Scénario « Pez Nam » : dissolution probable du Parlement avant le 13 novembre

  • Avec le Writ pour la partielle au No 7, conformément aux dispositions de la Representation of People’s Act, le Nomination Day nominatif fixé au samedi 17 août et le Polling Day, au 13 novembre 2019
  • Les états-majors des partis politiques, surtout ceux de l’opposition, se préparent à des élections générales à la mi-décembre au plus tôt

Finalement, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a opté pour le scénario “Pez Nam” en ce qui concerne ses intentions par rapport à la tenue des élections générales. Ainsi, avec le Writ pour la partielle au No 7 (Piton/Rivière-du-Rempart), publié presque à la toute dernière minute hier après-midi par la State House, fixant le Nomination Day au samedi 17 août et le Polling Day au mercredi 13 novembre 2019, les conjectures sont relancées sur le plan politique quant au calendrier des prochaines élections générales. Déjà, les états-majors des partis politiques, notamment ceux de l’opposition, se préparent à voir le pays appelé aux urnes à la mi-décembre de cette année, avec la date du mercredi 12 décembre avancée avec persistance. À part quelques Top Chefs de Lakwizinn du Prime Minister’s Office, qui continuent à assurer le marketing politique à l’effet que la partielle sera organisée à la date précitée, très peu d’observateurs se rallient à cette thèse, préférant croire en une dissolution de l’Assemblée nationale bien avant ce 13 novembre.

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D’aucuns affirment que l’élection d’un parlementaire avec le potentiel de siéger pour seulement un mois, vu que la dissolution automatique de l’Assemblée nationale interviendra le 21 décembre prochain, aux termes des dispositions de la Constitution, relève plus que d’une « hérésie », pour emprunter un terme cher au leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Mais le précédent de l’Assemblée régionale de Rodrigues est également mis en avant pour remettre en question le projet d’élection partielle au No 7 à exactement 24 jours de la dissolution constitutionnelle de l’Assemblée.

En effet, la Rodrigues Regional Assembly Act fait provision que si une vacance intervient au sein de cette instance au cours des six mois précédant la fin du mandat en cours, aucune élection de remplacement n’est obligatoire à Rodrigues. Ce précédent s’est avéré avec le décès du commissaire à la Santé de Rodrigues, Maël Vallymamode, lors du dernier mandat. En tout cas, même si l’opposition continuera à accentuer la pression pour pousser le Premier ministre à abandonner son projet d’élection partielle à l’extrême limite, elle sera présente au Nomination Centre le samedi 17 août.

« Au sein de l’opposition, nous devrons être prudents pour ne pas jouer dans la main du gouvernement en ne présentant pas de candidat à cette partielle, car en l’absence de tout candidat de ce jour-là, et avec une seule candidature, notamment celle du MSM, le tour sera joué et le mandat prolongé », fait-on comprendre dans les premières analyses politiques post-Writ. Du côté du Parti travailliste, des noms de candidats à cette partielle sont cités, avec un professionnel du monde des assurances, Ashok Prayag, donné comme favori de ce tour préliminaire.

Selon les indications, le Premier ministre peut décider d’intervenir pour demander la dissolution de l’Assemblée nationale en vue d’organiser des élections générales à tout moment entre le 17 août prochain et la veille du scrutin au No 7, le 13 novembre. Sauf qu’il faudra un préavis d’une dizaine de jours avant cette dernière date à la Commission électorale pour éviter de s’engager dans l’impression de bulletins à l’intention des 43 270 électeurs de la circonscription. Le Returning Officer désigné pour cette élection partielle est le Principal State Counsel Pratapsingh Seetaram.

Tout pourrait être enclenché à partir de la fin septembre, soit après la visite du Premier ministre indien, Narendra Modi, dont la date de la venue est actuellement en discussions entre Port-Louis et New Delhi, et celle du pape François, le 9 septembre. Mais dans les rangs de l’opposition, les échéances arrêtées dans le Writ du No 7 sont analysées en vue de déceler la moindre indication au sujet des élections générales. La date du 12 décembre est évoquée avec persistance à cet effet.

Les plus futés des parlementaires devront tenter de tirer les vers du nez du Premier ministre la semaine prochaine. Il faudra s’attendre à une série d’interpellations à l’Assemblée nationale lors de l’examen en comité du budget de Rs 300 millions cette année et de Rs 280 millions l’année prochaine, fonds alloués à la Commission électorale.

Dès le début de l’après-midi, soit vers 14h15, pendant le break pour le déjeuner à l’Assemblée nationale, le Writ était déjà officialisé avec une séance de travail au Prime Minister’s Office réunissant le commissaire électoral, Irfan Rahman, le Solicitor General, Dheeren Dabee, et le Principal State Counsel Pratabsingh Seetaram. Vers les 16h, alors qu’il recevait à la State House les participants au symposium international marquant le 60e anniversaire de la Commission électorale, le président de la République par intérim, Barlen Vyapoory, devait confirmer qu’il avait déjà signé le Writ et qu’un communiqué sans ambiguïté était subséquemment émis.

Cette décision de fixer la partielle au No 7 à un mois de la dissolution de l’Assemblée nationale est critiquée par l’opposition. Pour le leader du PMSD, il n’y aura pas d’élection partielle au No 7. « C’est de la folie d’organiser cette élection partielle. Il est clair que nous n’allons pas avoir une élection à Piton/Rivière-du-Rempart à quelques semaines de la dissolution automatique de l’Assemblée nationale. Il n’y a aucune logique à dépenser de l’argent pour tenir cette partielle. Le Parlement sera dissous avant le 13 novembre et il n’y a pas lieu de penser à une participation du PMSD », déclare-t-il.

De son côté, Rajesh Bhagwan, du Mouvement militant mauricien (MMM), affirme, lui, que le pays ne peut pas tenir une élection partielle qui coûtera plus de Rs 60 millions alors que l’Assemblée nationale sera dissoute en décembre. « Li kler ki nou pe al dan eleksyon zeneral. Pei pa kapav aford al depans Rs 60 miyon pou enn depite vinn asiz enn mwa dan Parlman alor ki nou kone pe disout le 22 desam. MMM pe reklam eleksyon zeneral. Tou dimounn fini konpran nou finn rant dan kanpagn elektoral ek ki gouverma MSM-ML an fin de regne », dit-il.

Quant à Arvin Boolell, du Parti travailliste, il abonde dans le même sens que les autres partis de l’opposition. « Tous les politiciens savent que nous sommes en fin de règne de ce présent gouvernement. Nou tou kone nou pe al ver eleksyon zeneral. Oken lider politik pa kapav insilte lelektora. Ce gouvernement sait très bien qu’aller au-delà de décembre serait suicidaire. Nous pensons que la dissolution du Parlement devrait intervenir en septembre, soit après la venue du pape. Nous allons aussi voir comment le gouvernement MSM-ML activera les choses dans les jours à venir avec la conclusion des débats budgétaires ainsi de préparer les Jeux des Îles et d’autres événements majeurs annoncés. Il y a aussi des textes de loi importants qui doivent être présentés par le gouvernement, notamment sur la question du financement des partis politiques. Le bureau politique du Ptr va se pencher sur sa stratégie », a affirmé hier soir Arvin Boolell. Le Mouvement patriotique d’Alan Ganoo avait précédemment soutenu que l’organisation de cette partielle représente un gros gaspillage d’argent des contribuables.

Dans le camp de la majorité gouvernementale, on affirme se tenir à la décision politique du Premier ministre et leader du MSM. « Si le Premier ministre a procédé de cette manière, c’est qu’il a sa propre stratégie politique. Cette partielle a maintenant été officialisée, comme annoncée précédemment. Maintenant, des discussions sont à prévoir sur la question, le leader détenant toutes les cartes politiques en main de par ses prérogatives », laissait entendre un Senior Minister hier soir.

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