Secteur des services : le Global Business sous pression

Le second semestre de cette année était donné comme étant déterminant pour le secteur du global business, dont le poids au sein de l’économie représente Rs 35 milliards, soit 8% du Produit intérieur brut (PIB), Rs 6 milliards de revenus fiscaux et plus de 10 000 emplois. Le principal élément majeur de la road map pour consolider le secteur des services financiers avec l’ambition de doubler son empreinte sur l’économie, soit une contribution de Rs 70 milliards en termes réels au PIB d’ici à 2030 se résume au Blueprint for Success du Mauritius International Financial Centre.

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Néanmoins, le cuisant échec essuyé par le ministre des Services financiers, Sudhir Sesungkur, avec le damning mutual evaluation report de l’Eastern and Southern Africa Anti-Money Laundering Group (ESAAMLG) lors de la réunion du conseil des ministres de cette organisation régionale africaine, n’a fait qu’accentuer la pression sur un secteur économique de plus en plus fragilisé sur le front international, que ce soit du côté de l’Europe ou de l’Inde. De ce fait, il y a urgence et la conférence de deux jours, soit mercredi et jeudi, organisée par la Financial Services Commission sur le thème « Mauritius International Financial Centre — Forward Looking » revêt toute son importance. La teneur du Blueprint for the Global Business Sector, commandité par la FSC depuis l’année dernière, dressant le diagnostic et la thérapie à suivre, devra être en filigrane aux discussions du séminaire de Balaclava.

Le blueprint devant servir de tremplin pour permettre d’asseoir le programme de réformes du global business sector est axé sur les grandes lignes des propositions élaborées initialement par l’IFC Core Working Group, en collaboration avec le ministère des Services financiers et la FSC. Mais les recommandations ont également subi un exercice de validation de la part des consultants de McKinsey & Co. Le premier constat établi est que, depuis ces derniers mois, les ambitions du global business sector visant à doubler d’ici à 2030 sa contribution au PIB, à accroître les recettes fiscales à hauteur des Rs 12 milliards avec quelque 17 000 emplois ciblés, soit quelque 50% de plus qu’actuellement, sont contrariés par une série de facteurs.

« The Mauritius International Financial Centre’s ambitions are being challenged by growing international pressures, adverse press coverage, eroding competitive advantages and the changing international economic lansdcape », font comprendre de manière unanime ceux qui ont participé aux discussions débouchant sur le blueprint en soulignant avec force que « Mauritius has severe reputation challenges based on adverse perceptions and lack of awareness about the International Financial Centre’s attractivity. »

Dans la conjoncture, surtout après le coup de massue d’ESAAMLG dans le rapport de juin dernier et en dépit des amendements adoptés dans le Finance Bill 2018, la conclusion du côté de la FSC est que « the improvements it has made in transparency, compliance with the highest international standards and attractiveness as a jurisdiction with deep specialisation in certain financial services are not widely known. » Tenant en ligne de compte les facteurs prévalant sur le plan international et les pressions sur le global business sector à Maurice, des craintes sont exprimées par rapport à la possibilité de réaliser les objectifs fixés pour 2030.

Les dernières prévisions en marge du blueprint n’écartent pas le fait que « the target to double the size of the financial sector » pourrait être trop ambitieux vu que « the International Financial Centre is likely to grow 1-1,3 times in terms of its real contribution to GDP. This is well below its ambition. » Mais il y a pire avec un pessimistic scenario de no-growth en raison de l’éventualité d’une worse-than-expected reduction dans les India investment flows face à la rude concurrence que représentent les centres financiers de Singapour, Dubaï ou Johannesburg.

Dans le cadre de cette réforme, Maurice n’a d’autre choix que de se concentrer que sur trois core pillars pour les dix prochaines années, à savoir les investissements transfrontaliers, la cross-border corporate banking et la filière de private banking and wealth management. Les compléments comprenant les marchés de capitaux internationaux, la captive insurance en Afrique, le cross-border assets management et l’African Fintech ne sont pas à dédaigner.

Avec un apport de quelque Rs 21 milliards ($ 600 millions), le cross-border investments sector représente 60% des recettes du centre financier de Maurice à travers les trois filières suivantes :

Management Companies, soit la plus importante source de revenus dans l’offshoremais avec une croissance réduite à 2% annuellement au cours de ces quatre dernières années. À ce jour, le créneau des management companies reste fragmenté avec les Top 10 management companies contrôlant la moitié du marché et les 170 autres se partageant la balance ;

Investment Structuressoit au nombre de 20 000 « serviced » par les management companies. Au cours de ces quatre dernières années, la progression n’a été de 2% annuellement et « there is a risk that growth may slow because the investments are predominantly geared towards India. » Le pourcentage vers l’Inde est de l’ordre de 60% et de 20% vers l’Afrique ;

Eco-Systemen vue de mettre sur pied et de gérer ces structures. Maurice, qui bénéficie de la présence de big names en comptabilité, souffre d’un manque de large international law firms.

Less clear

Même avec des avantages non négligeables en matière de politique fiscale, des low service costs et de stabilité politique, « Mauritius’ relative value proposition is under threat. » Jusqu’ici, la réputation de Maurice en tant que centre financier pour les India-related investments était restée incontestable. « However, the recent amendments to the DTAA with India has made Mauritius’advantage over other International Centres as a location from which to invest in India less clear », concèdent les spécialistes de l’offshore dans leur état des lieux en énumérant les points vulnérables de Maurice par rapport à Singapour, Dubaï et le Luxembourg.

La recommandation par rapport au cross-border investment sector préconise que « Mauritius needs to protect its traditional markets and position the sector to capture value from growth areas. » Les dernières indications sont qu’avec les amendements apportés au traité indo-mauricen, le nombre de GBC 1 investissant à Maurice a régressé de 1,3% de décembre 2016 à décembre 2017. « Based on the observable trends, FDI into India through Mauritius is expected to decline substantially in the next ten years unless action is taken to re-establish Mauritius’ value propostion as destination from which to invest into India. » 

émuler Singapour

Au titre de la cross-border corporate banking, l’ambition de Maurice est de se transformer en “Singapore of Africa”Valeur du jour, ce créneau génère des revenus de l’ordre de Rs 17 milliards, soit 32% de la valeur ajoutée du centre financier. « 70% of the banking revenus is cash management and the rest is a mix of corporate lending, structured lending, trade finance and payments. » Toutefois, pour émuler Singapour, Maurice devra privilégier la gestion de trésorerie et la trade finance.

Le potentiel de croissance dans le treasury management est estimé à Rs 350 milliards d’ici à 2030 et Rs 160 milliards pour les opérations de trade financing. Néanmoins, Maurice devra surmonter des obstacles majeurs, dans la mesure où les setting up of business costs sont 30% supérieurs à ceux en vigueur à Johannesburg et de 50% plus chers qu’à Singapour.

Un autre désavantage majeur se situe sur le plan bancaire. « The top five banks (two of which are local) dominate the market with 70 % of revenues and there are few internationally recognised financial institutions », indique-t-on en réclamant des efforts pour attirer des entités internationales à opérer à partir de Maurice des « headquarters, treasury and procurement centres » comme c’est le cas à Singapour.

Avec le private banking and wealth management, Maurice peut se positionner en tant que « compelling home for African wealth. » La croissance pourrait être de l’ordre de 7 à 8% annuellement pour constituer un revenue pool de Rs 700 milliards au cours des dix prochaines années.

Tout en concédant que « the opportunities are great — so are the challenges », l’IFC Core Working Group est venu de l’avant avec une série d’impératifs « to fulfil the Mauritius International Financial Centre to become a major financial hub. » Ces préalables se déclinent comme suit :

Business Environment avec l’exigence de « future-proof Mauritius’regulatory and tax regimes » aussi bien que des procédures user-friendly en appoint aux institutions financières et autres corporates ;

Human Capital : attirer et développer une expertise de niveau international avec un « focus on African talent » ;

Secteur financier : présence des high-calibre corporates et institutions financières dans le global business sector ;

Infrastructure : une meilleure desserte des commercial property hubs à Port-Louis et à Ébène, car « transport is a challenge as traffic is dense, parking is scare and public transport is limited », sans compter un upgrading des liaisons aériennes avec l’Afrique et de l’ICT infrastructure et ;

Réputation avec l’objectif de « improve the nature and reach of Mauritius’reputation by building and communicating its image as a world-class specialist International Financial Centre. » 

Implemented cautiously

Le blueprint sur le global business sector ne fait pas abstraction des « regulatory pressures from the international community » en soutenant que « international pressure on the cross-border investment industry has been mounting in relation to Base Erosion and Profit Shifting (BEPS). »  Au terme des engagements sous l’OECD Inclusive Framework on BEPS, Maurice est tenue à adopter un package de 15 action items, de même qu’à adhérer à la Mandatory Binding Treaty Arbitration (MBTA) et les covered tax agreements.

Sous pression du Forum for Harmful Tax Practices et de l’Union européenne, Maurice a été forcé de revoir sa politique pour les GBC 1 et GBC 2. Les nouvelles mesures annoncées dans le dernier budget devront entrer en vigueur en cette fin d’année, même si le blueprint réclame que « these amendments must be implemented cautiously so that Mauritius remains an attractive jurisdictions from which to invest into its target markets. » 

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