BLANCHIMENT ET DÉTOURNEMENT : Maurice « in the line of fire » du scandale Wirecard AG

– Branle-bas de combat à la Banque de Maurice, à la FSC et à la FIU au sujet d’une opération de “Round-Tripping” dans l’offshore pour un montant de Rs 15 milliards remontant à 2015

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– Une Mauritius-Registered Entity ciblée pour des “Cross-Border Transactions”, facilitant une fraude de Rs 100 milliards au préjudice de ce groupe allemand de paiements électroniques

En marge de l’affaire de “Risky Exposure” de Rs 5 milliards, avec le scandale NMC Health Care Ltd auprès de six institutions bancaires, dont le ténor MCB Capital Market Ltd, Maurice doit faire face à un autre scandale sur le plan international. L’écroulement du géant allemand dans les paiements électroniques Wirecard AG rattrape le Global Business Sector, avec une Mauritius-Registered Entity, Emerging Markets Investment Fund, en tant que pivot des transferts relevant des opérations de blanchiment et de détournement débouchant sur un trou de Rs 100 milliards (1,9 milliard d’euros) au détriment de cette société allemande. À ce stade, le préjudice, portant atteinte à la réputation du Global Business Sector et des institutions est évalué à quelque Rs 15 milliards. Toutefois, ce chiffre pourrait grimper, car, dans un communiqué officiel émis par la Banque de Maurice hier en fin de journée, les autorités mauriciennes font non seulement état d’un « probable case of round-tripping » intervenant en 2015, mais également d’autres « possible cross-border transactions » liées aux dessous de cette affaire financière, devant faire l’objet d’enquête de la Commission européenne, qui vient de placer Maurice sur la “Blacklist” de juridictions financières à risques.
Des recoupements d’informations effectués de sources concordantes laissent entendre que l’affaire Wirecard AG pourrait se transformer en une épine dans le pied de Maurice dans ses démarches pour quitter la “Grey List” de la Financial Action Task Force et la liste noire de l’Union européenne. En tout cas, le délit principal reproché à cette Mauritius-Registered Entity dans le Global Busines Sector est celui du “Round-Tripping”, dénoncé de manière systématique par les autorités indiennes sous le Double-Tax Avoidance Treaty (DTAT). À ce stade, la Banque de Maurice, la Financial Services Commission (FSC) et la Financial Intelligence Unit (FIU) conjuguent leurs efforts pour initier une enquête à Maurice en vue de complémenter celles entreprises par les autorités allemandes sur les irrégularités comptables reprochées à ce conglomérat.
Ainsi, la Banque centrale et la FSC, confirmant l’implication d’une “Mauritius-Registered Entity” dans les opérations de détournement et de blanchiment sur le plan international, annonce une « joint investigation in alleged round-tripping connected to Wirecard AG ». Ces deux régulateurs du secteur des services financiers ajoutent que cette enquête sera également axée sur de « possible cross-border transactions that could be related to the case ».
Les premiers détails disponibles sont que cette société de gestion de fonds dans l’offshore a joué un rôle pivot en 2015 dans l’acquisition par la société allemande d’entreprises indiennes avec au moins un montant de Rs 15 milliards cité. À quelques semaines de cette transaction, ces actifs indiens ne valaient que 37 millions d’euros, soit Rs 1,7 milliard. L’enquête conjointe de la Banque de Maurice et de la FSC devra déterminer le rôle de paravent de cette entité dans l’offshore et l’utilisation abusive des dispositions sous le traité indo-mauricien pour faciliter la fraude et le transfert illicite de fonds.
Stratégiquement, cette présence de Wirecard AG en Inde devrait permettre à ce géant du paiement électronique d’étendre ses opérations en Inde et au Sud-est asiatique. D’ailleurs, les logiciels et les systèmes de Wirecard aident les entreprises à accepter les paiements électroniques, et l’accord avec l’Inde était le plus important d’une série de prises de contrôle ayant réparti leurs opérations en Asie. Les deux “sister companies” indiennes Hermes et GI Technology disposaient d’un réseau de plus de 100 000 « boutiques intelligentes », des kiosques où les Indiens payaient des factures de services publics, achetaient des billets de train ou encore effectuaient des transferts d’argent.
Sur le plan international, des perquisitions sont en cours au siège de Wirecard et dans quatre sites du groupe en Allemagne et en Autriche, a annoncé hier par le parquet de Munich. Les dirigeants du groupe allemand de paiements électroniques sont soupçonnés de « fraude, de manipulation de marché et de falsification de comptes».
Wirecard, au cœur d’un scandale pour irrégularités comptables, a déposé la semaine dernière le bilan après la découverte d’un trou de 1,9 milliard d’euros dans ses comptes, qui laisse ses créanciers face à une dette de 3,5 milliards d’euros. Le scandale Wirecard a conduit à la démission de Markus Braun, soupçonné par la justice allemande d’avoir gonflé le bilan du groupe afin de le rendre plus attractif aux yeux des investisseurs et des clients. Il a depuis été remis en liberté conditionnelle contre une caution de cinq millions d’euros (Rs 225 millions). Affaire à rebondissements à suivre…

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