SIDA – Nicolas Ritter (PILS) : « Inadmissible d’enregistrer chaque semaine un décès parmi les malades ! »

Dhiren Moher (président) : « Est-ce normal que les patients du sida meurent parce que le système ne fonctionne pas ?»

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Coup de sang du directeur et fondateur de PILS, Nicolas Ritter, et du président de l’Ong, Dhiren Moher ! Les deux hommes, tous deux premiers Mauriciens à vivre ouvertement leur condition de séropositifs, ont déploré l’actuelle situation où « il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’un patient du sida ne meure ! » C’est « totalement inadmissible ! », estime Nicolas Ritter, qui rappelle que « Maurice présente toutes les conditions pour justement éviter cela ! » Pour sa part, Dhiren Moher a fait ressortir que « si les gens meurent, malgré toutes les dispositions existantes, c’est que le système ne fonctionne pas comme il le faut ! »

Nicolas Ritter se dit « partagé. Je suis déchiré entre deux sentiments : d’un côté, je suis désespéré. Nous avons bien compris l’engagement du Premier ministre quand il a parlé de créer un Drug & HIV Council. Enfin quelque chose, un point de départ, et surtout, une prise de leadership ! Mais nous sommes en mai, et cette annonce a été faite en janvier. Et nous ne voyons toujours rien venir ! D’autre part, je suis aussi serein depuis que le dialogue a été renoué avec l’actuel ministre de la Santé, le Dr Husnoo. Et quand je vois aussi qu’il y a des médecins qui sont formés et qui viennent élargir le “pool” des médecins s’occupant des Personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Je suis optimiste aussi avec les avancées médicales, la recherche et les nouvelles molécules. C’est en effet rassurant…» En même temps, cependant, soutient notre interlocuteur, « j’ai envie de hurler qu’il faut sauver des vies ! C’est inadmissible et révoltant d’enterrer un patient chaque semaine ! » D’autant, rappelle-t-il que « nous avons, à Maurice, les conditions réunies, car nous avons l’accès au traitement et aux soins, entre autres, qui font que nous devrions être dans une situation où l’on n’enregistrerait plus aucun décès de patient du sida ! Mais pourtant, la réalité est toute autre…»

Fait qui amène Dhiren Moher, président de PILS, à sortir de ses gonds : « est-ce normal que les malades meurent parce que le système est défaillant ? Faut-il accepter cela ? » Notre interlocuteur continue : « c’est un drame courant à Maurice : un séropositif pauvre, vivant souvant dans la rue, toxicomane, de surcroît, n’a aucune chance de s’en sortir ! Et s’il a fait la prison, il est détenteur d’un certificat de moralité qui n’est pas valide quand il cherche du travail. Il faudra accepter cet état de choses pendant longtemps encore ? » L’homme poursuit : « pourquoi est-ce que les investisseurs ou étudiants étrangers séropositifs sont repoussés ? Est-ce normal de continuer à mettre des lois répressives s’agissant de la drogue, bien que cela engendre davantage de nouvelles infections au sida, et que la pauvreté et la criminalité augmentent ? » Dans ces circonstances, trouve-t-il, « nou paradi pe vinn lanfer ! »

Nicolas Ritter dit « comprendre la colère de Dhiren Moher. C’est un sentiment partagé d’ailleurs par toute la communauté de ceux qui œuvrent à faire régresser l’épidémie, et qui sont au chevet des malades et de leurs proches. » Le directeur de PILS fait écho « à toutes ces personnes. Nous espérons avoir des nouvelles concrètes et bonnes rapidement…»

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