SME MAURITIUS – ALLÉGATIONS DE FAVORITISME : Le frère d’une VVIP recruté en 2017 sans les qualifications requises

Un sentiment de déception règne parmi les employés de SME Mauritius. Ils décrient des pratiques de corruption et de favoritisme par rapport au recrutement. Car le frère d’une VVIP politique faisant partie de SME Mauritius occuperait un poste de responsabilité sans détenir les qualifications requises.

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Une correspondance signée par les employés de SME Mauritius sera bientôt envoyée au Bureau du Premier ministre pour faire état des principes de méritocratie, de bonne gouvernance, de transparence et d’intégrité concernant le recrutement des candidats. Cette démarche fait suite au recrutement du frère d’une VVIP politique qui ne détiendrait pas les qualifications requises.

Créée cette année pour remplacer la Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA), SME Mauritius est l’objet de la controverse sur le plan du recrutement. Un document dénonce la manière de recruter à l’ex-SMEDA depuis 2017 et fait étalage d’éléments troublants sur des mauvaises pratiques pour ce qui est de la sélection à des postes vacants.

Il en ressort que le frère de cette personnalité politique avait été recruté l’an dernier après la date limite de dépôt des lettres de candidature. Selon les critères de sélection, la personne qui opte pour ce poste doit, au moins, posséder dix ans d’expérience dans une entreprise. Selon le document, ce dernier a travaillé à son propre compte depuis 2002. Selon les règlements, une personne qui envoie sa lettre de candidature après le délai prescrit est automatiquement disqualifiée. Alors que dans ce cas, il n’était pas parmi les meilleurs candidats mais sa demande avait été acceptée en janvier 2017 à l’ex-SMEDA.
De plus, les derniers recrutements effectués à l’ex-SMEDA au sujet d’autres “Business Development Officers” et d’une “Account Officer” sont aussi décriés à cause de leur manque de qualifications et de compétences appropriées. Par ailleurs, une “Clerical Officer” a été recrutée sur une base permanente depuis janvier dernier alors que cette dernière était critiquée à cause de son manque de professionnalisme et de compétences pour ce poste. D’ailleurs, en septembre 2015, le conseil d’administration de la SMEDA l’avait remerciée à cause de ses absences répétées sans autorisation et de son retard au travail. Le document révèle qu’une des proches de cette “Clerical Officer” est conseillère à la municipalité de Quatre-Bornes.
D’après le document, un fort parfum de favoritisme imprègne la sélection du personnel et des stagiaires de l’ex-SMEDA pour démarrer les opérations de cette nouvelle compagnie. Sur les 197 candidatures reçues pour le poste de BDO, 102 étaient éligibles pour le poste qui requérait un diplôme de troisième cycle ou une autre qualification acceptable et deux ans d’expérience dans l’industrie. Toutefois, la réunion du conseil d’administration de l’ex-SMEDA, qui s’était réuni le 28 avril 2017, avait approuvé le recrutement des six meilleurs candidats dont le frère du député. Sur les six candidats retenus, deux d’entre eux ont préféré soumettre leur démission après trois mois. Ils n’ont pas encore été remplacés par les deux autres meilleurs. Dans ce document qui fait également une comparaison entre les compétences et le nombre d’années d’expérience des candidats retenus et les autres qui sont juste après eux, on note que ces derniers sont plus qualifiés.
Une certaine frustration est notée chez quatre hauts cadres dont le contrat a été renouvelé pour encore une année à SME Mauritius car ces derniers attendaient d’être employés à titre permanent. Alors que leur collègue, une “Accounts Officer”, qui était sur une période d’essai de six mois, a été employée. Pour ce poste d’“Accounts Officer”, le document révèle que 52 candidats étaient éligibles et qu’une seule personne a été retenue. Cette dernière qui habite dans la circonscription numéro 10 était aussi une employée de l’ex-SMEDA. D’autres candidats étaient plus compétents avec les qualifications requises.
En ce moment, ils ne sont que 26 personnes qui travaillent contre 94 à l’ex-SMEDA. Le document fait ressortir la forte appréhension des employés de la SMEDA à intégrer SME Mauritius car « ils savaient que le recrutement des candidats ne serait pas transparent » et « méritocratique ». Le rapport mentionne également que 77 employés de l’ex-SMEDA ont choisi leur redéploiement, 10 ont choisi de travailler pour SME Mauritius et sept autres ont préféré prendre leur retraite.
Après le départ de l’ex-CEO de SME Mauritius, Raj Puddoo, l’entretien pour désigner son remplaçant a commencé depuis mercredi pour prendre fin ce jeudi. Ils sont sept personnes dont certains qui ont travaillé à Enterprise Mauritius à avoir été sélectionnées.
Par ailleurs, selon les informations qui circulent à SME Mauritius sur le départ de Raj Puddoo, ce dernier aurait subi de fortes pressions du ministère de tutelle pour endosser les initiatives prises par celui-ci. À ce sujet, Le Mauricien a appris que Raj Puddoo devait promettre en Cour suprême qu’il allait enlever la procédure de sélection concernant le recrutement des employés de l’ex-SMEDA à SME Mauritius alors que cette condition était imposée par le ministère.
L’ex-CEO a démissionné le même jour où certains employés de l’ex-SMEDA allaient faire appel pour une révision judiciaire concernant l’“Option Letter” et les modalités et conditions d’emploi après l’arrêt des opérations de la SMEDA. Il se chuchote que Raj Puddoo ne voulait pas être tenu responsable des actions qui étaient prises par le ministère alors que SME Mauritius était une compagnie privée. De plus, Raj Puddoo avait fait part de sa déception à cause d’un manque de personnel à SME Mauritius alors qu’il avait fait comprendre qu’une bonne partie de l’ex-SMEDA allait joindre la compagnie.
La situation s’est détériorée après le redéploiement rapide de la grande majorité des employés de l’ex-SMEDA. De ce fait, les activités ont été compromises dans la mesure où des manquements étaient perceptibles sur les services offerts aux entrepreneurs. L’un des effets directs a été la fermeture des boutiques d’artisanat à l’aéroport Sir Seewoosagur Ramgoolam et au Caudan Waterfront pendant deux semaines en attendant le recrutement d’un “Sales Assistant”.
Cette fermeture a directement influé sur les activités des artisans qui ne pouvaient pas écouler leurs produits. Ce dernier n’aurait reçu aucune formation avant de commencer. S’agissant de la visibilité de SME Mauritius, elle est critiquée car l’exercice de communication a été très faible. De plus, l’absence d’un plan stratégique par SME Mauritius, le manque d’assistance aux PME, entre autres, corsent davantage la situation pour la compagnie.
La compagnie SME Mauritius a été enregistrée en juillet 2017 pour remplacer l’ex-SMEDA. Le but était de mieux soutenir les PME. D’ailleurs, le “Ten-Year Master Plan” pour le secteur de l’entrepreneuriat lancé en mars 2017 avait recommandé la mise en place de cette compagnie pour éviter les erreurs commises par l’ex-SMEDA.

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