Souveraineté territoriale—Résolution pour l’évacuation des Chagos dans six mois

Maurice affirme sa conviction pour un vote aux Nations unies traduisant dans la réalité l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice

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Londres et Washington solidaires dans leur entêtement et obstination pour contrer les velléités de Maurice

Le Sénégal, au nom de l’Union africaine, pilotera la résolution de Maurice réclamant que l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice de La Haye soit mise à exécution par l’Assemblée générale des Nations unies. Au terme des procédures établies, des débats et un vote devront avoir lieu le 22 courant sur le point 88 de l’ordre du jour de la 73e session des Nations unies et portant sur la demande d’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos en 1965. Le principal point de ce projet de résolution est que la Grande-Bretagne disposera d’un délai de six mois à partir du prochain vote aux Nations unies pour évacuer sans condition l’archipel des Chagos, complétant du même coup le processus de décolonisation de Maurice.

Pour ce qui est de l’étape du 22 mai à New York, la confiance est de mise dans le camp de Maurice quant à la majorité nécessaire à l’Assemblée générale des Nations unies pour faire adopter la résolution. La position de l’Inde pourrait s’avérer intéressante à suivre à la suite des dernières manoeuvres militaires en compagnie des Américains à Diego Garcia. Néanmoins, le Premier ministre, Pravind Jugauth, a pris la décision de se rendre à New York pour des contacts dans le cadre d’un lobbying diplomatique et politique. “Certes, la motion doit bénéficier de la majorité pour être adopté. Mais nous devons nous tenir sur nos gardes en ce qui concerne les manoeuvres de dernière heure de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis en marge de cette étape”, dit-on dans les milieux autorisés à l’Hôtel du gouvernement.

La Permanent Mission de Maurice aux Nations unies à New York se voit confier la tâche d’assurer un Close Watch sur ce qui se passe à différents niveaux du système des Nations unies avec le droit de veto qui peut être exercé au niveau du Conseil de sécurité et surtout la solidarité dont font preuve Londres et Washington. Pour contrer les velléités de Maurice suite à l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice sur les Chagos, ces deux capitales s’alignent sur le fait que “a resolution of the dispute through the International Court of Justice as it would set a wrong precedent”.

En début de semaine, le porte-parole du département d’Etat américain, Morgan Ortagus, soulignait que “the United States supports the United Kingdom’s continued sovereignty over British Indian Ocean Territory (BIOT) and the April 30 statement of the UK government. The joint US-UK military base on Diego Garcia plays a critical role in the maintenance of regional and global peace and security”.

Des questions à la Chambre des communes

Maurice conteste cette affirmation anglo-américaine au sujet de la base de Diego Garcia. “Government considers that the UK’s claim in regard to defence and security is completely misplaced. Mauritius has confirmed on various occasions to the UK and the US as well as to the UN General Assembly and the International Court of Justice that it fully recognizes the military base in Diego Garcia and will take no action that would impede its continued operation”, avait fait comprendre le Premier ministre Pravind Jugnauth à l’Assemblée nationale.

Il ne fait aucun doute que durant les dix jours à venir et jusqu’au mercredi 22, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne resteront pas les bras croisés pour se faire administrer une nouvelle gifle diplomatique sur la scène internationale. S’appuyant sur des précédents et des résolutions adoptées par les Nations unies restant sans effet, des observateurs s’interrogent sur les recours à la disposition de Maurice au cas où les Américains et les Britanniques continuent à ignorer les décisions entérinées en vue de respecter le caractère indivisible de la souveraineté territoriale de Maurice.

Probablement, avant le 22 mars, des indications de la posture de la Grande-Bretagne pourraient être obtenues venant de la Chambre des communes et de la House of Lords. Ainsi, la Baroness Whitaker, siégeant à la Chambre des Lords, a déposé, en fin de semaine, une Parliamentary Question sur la souveraineté des Chagos, notamment “to ask Her Majesty’s Government what assessment they have made of the communiqué from the government of Mauritius on 30 April that the UK’s actions over the Chagos Archipelago are ‘in flagrant disregard of the… conclusions of the International Court of Justice’; are ‘an affront to the rule of law’; and have ‘perpetuated a historically wrongful act vis-à-vis the forcibly evicted inhabitants of those islands’”.

A la Chambre des communes mardi, le Foreign and Commonwealth Office abordera le prochain vote sur la résolution du Sénégal sur l’Advisory Opinion devant les Nations unies. De ce fait, Patrick Grady, du Scottish National Party, veut savoir “what recent discussions he has had with counterparts at the UN on the International Court of Justice advisory opinion on the Chagos Islands”. 

Les éléments de réponses fournies par le gouvernement de Theresa May vont constituer des Pointers valables par rapport aux menaces proférées par le Foreign Secretary, Jeremy Hunt, lors d’échanges téléphoniques avec le Premier ministre Pravind Jugnauth le 27 avril dernier. Il avait fait clairement comprendre que “if Mauritius were to proceed with action at the United Nations, this could adversely impact on relations between Mauritius and the UK”.

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