Special Reserve Fund : « Misguided and dangerous » selon Bérenger

– « J’exhorte le Premier ministre à ne pas aller de l’avant avec ce projet », lance-t-il

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– Il propose que le gouvernement demande au FMI de faire une étude afin de déterminer le niveau adéquat de son capital

– Le leader du MMM souhaite que les élections générales soient organisées avant le 22 décembre

Le leader du MMM, Paul Bérenger, a, dans son discours parlementaire dans le cadre du budget hier, exhorté le gouvernement à ne pas aller de l’avant avec le projet de puiser dans le fonds de réserve spécial de la Banque de Maurice pour éponger une partie de la dette publique. « L’introduction de cette mesure a été “misguided” et est dangereuse », a-t-il affirmé. Il a également souhaité que le gouvernement organise les élections générales avant le 22 décembre prochain « au lieu d’imposer à la population un “caretaker government” » à partir de cette date.

Commentant l’intention du gouvernement de puiser un montant de Rs 18 milliards pour éponger partiellement la dette étrangère, Paul Bérenger a observé que le 30 juin 2018, le montant de ce fonds s’élevait à Rs 13 milliards. Tout à la faveur d’une dépréciation de la roupie de l’ordre de 3% par rapport au dollar en particulier entre juin 2018 et juin 2019, ce montant est passé à Rs 20 milliards. Il estime que la décision de puiser Rs 18 milliards de ce fonds est « nos seulement “misguided and dangerous”, mais envoie également un mauvais signal et peut être perçu comme un signal de désespoir », ce qui équivaudrait, selon lui, à « zoue ek dife ».

Pour Paul Bérenger, « cet argent est nécessaire pour défendre la roupie, mais également contre tout choc extérieur et crise financière ». Il rappelle que le FMI, dans son dernier rapport concernant le pays, a plaidé pour le maintien d’institutions solides et indépendantes. Le personnel de la Banque de Maurice a même observé que le maintien de l’indépendance des institutions « permet au pays de rester une destination attractive pour les investissements et l’emploi ». C’est dans ce contexte qu’il a demandé au gouvernement de pas aller de l’avant avec son projet et de « demander au FMI d’effectuer une étude » afin de déterminer le niveau adéquat du capital que la Banque de Maurice doit maintenir « as a safeguard against adverse risk », sans compromettre sa stabilité et son indépendance.

Un autre point fort du discours de Paul Bérenger aura été sa demande au gouvernement d’organiser les élections générales avant le 22 décembre. « Si le gouvernement pense vraiment que les mesures annoncées dans son dernier budget ont été bien reçues, il ne devrait pas avoir de problème pour dissoudre le Parlement bien avant l’expiration de son mandat de cinq ans et convoquer les élections générales afin de ne pas imposer sur la population un “caretaker government” sans Parlement après le 22 décembre. »

Le discours de quelque 35 minutes de Paul Bérenger a été essentiellement consacré à passer en revue l’état du pays et les menaces auxquels il doit faire face. Selon lui, l’économie du pays « n’est pas aussi rose que le dépeint le Premier ministre » et ministre des Finances. Il estime que contrairement aux prévisions de croissance de 3,9%, le pays connaîtra cette année une croissance inférieure à 3,7%. Il a fait mention des différents fondamentaux économiques qui ont connu une détérioration. La dette publique « a dépassé le niveau d’alerte, dit-il, et si on prend en considération toutes les dettes contractées par les institutions de l’État, la dette publique a atteint 70% du Produit intérieur brut en 2019. » Affirmant que le déficit budgétaire a atteint le niveau de 5%, il exprime aussi son inquiétude par rapport à la détérioration de la balance commerciale. « L’excédent de la balance des paiements s’amenuise dangereusement alors que l’industrie touristique passe par des moments difficiles. »

S’agissant du prix de Rs 25 000 par tonne de sucre accordé à tous les planteurs sur les premières 60 000 tonnes produites, Paul Bérenger a observé que sur le montant des Rs 650 millions nécessaires pour financer cette mesure, Rs 500 millions viendront du CEB. « Contrairement au leader de l’opposition, qui se dit satisfait de cette mesure, je déplore que cette compensation soit financée par le CEB, et par conséquent de la poche des consommateurs du pays, ainsi que des prélèvements sur le prix des produits pétroliers. » Il a aussi eu un mot sur le climat, disant souhaiter que Maurice « participe pleinement aux efforts visant à empêcher une hausse des températures sur la planète ». Et de déplorer ensuite « qu’aucune mesure n’ait été proposée » pour les SIDS, dont fait partie Maurice.

Sur le chapitre des Chagos, Paul Bérenger a souhaité que la Grande-Bretagne mette en œuvre la résolution adoptée à l’Assemblée générale des Nations Unies. Il a dit sa « fierté » pour le travail abattu par le MMM, qui avait réussi, dit-il, « à introduire les Chagos dans la définition officielle du territoire mauricien ». Il a par ailleurs demandé au gouvernement de préciser sa position par rapport à Tromelin, dont la revendication par Madagascar avait été abandonnée à la suite de son intervention auprès du président Ratsiraka en 1978. Le leader du MMM a souhaité que le gouvernement « ne s’engage par dans des discussions » concernant la cogestion de cette île, « mais sur sa souveraineté de cette île ». Et de dire son souhait que Maurice et la France « arrivent à un accord pour que ce dossier soit porté devant la CIJ ». Paul Bérenger a regretté qu’aucune mention n’ait été faite de St-Brandon. Il s’est cependant réjoui que le MMM ait « contribué à faire de Rodrigues une île autonome ».
Au chapitre de la drogue, le leader mauve a déploré qu’aucune mention n’ait été faite concernant le “follow up” du rapport Lam Chang Leen. Paul Bérenger s’est dit par ailleurs « satisfait » que le MMM « n’ait rien eu à faire ni avec l’affaire Betamax, ni l’affaire CT Power ». Il constate que le budget « ne fait aucune mention du financement des partis politiques à un moment où tout le monde appréhende la pratique du “money politics” ». Paul Bérenger a également dit souhaiter que des dispositions soient prises pour que, dans le cadre de la déclaration des avoirs, les avoirs des personnes concernées puissent être rendus publics.

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