ST-LOUIS GATE – BOMBE À RETARDEMENT DE RS700M : Les malheurs accumulés de PAD & Co des Hao Thyn Voon

- Des dettes bancaires de l’ordre de Rs 700 millions et le gel des comptes bancaires à la demande de l’ICAC changent la donne - Des transferts de $ 1,18 million (Rs 48 millions) de BWSC à AMB Engineering de Bertrand Lagesse au départ du Money Trail

Il y a un an, Philippe Hao Thyn Voon en tant que que président du Comité olympique mauricien (COM) planait sur un nuage avec l’ouverture des Jeux des Îles de l’océan Indien (JIOI) à Maurice. Aujourd’hui, il fait face à des malheurs accumulés avec la compagnie qu’il a construite de ses mains, le groupe PAD & Co. Ltd. L’administrateur volontaire que le board avait nommé récemment, Georges Chung, de BDO, a été viré à la première occasion par l’un des principaux créanciers, la MauBank, avec l’appui tacite du MCBGroup. Il a été remplacé par Rajeev Basgeet, de PwC. Plus grave encore a été le gel des comptes bancaires de la compagnie mère et de ses 26 filiales sur ordre de la Cour suprême suite à une demande de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) dans le cadre de la Saint-Louis Gate avec la bombe à retardement de Rs 700 millions. L’annulation d’une série de contrats alloués au groupe Hao Thyn Voon est venue se greffer sur une équation des plus compromettantes, alors que l’enquête de l’ICAC prend pour point de départ des transferts de Rs 48 millions ($ 1,18 million) de la firme danoise Burmeister & Wain Scandinavia AC (BWSC) à la compagne mauricienne AMB Engineering de Bertrand Lagesse.

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La fin de la semaine a été marquée par un twist dramatique dans les affaires de PAD & Co Ltd. Avec les créanciers, notamment les banques, dont MauBank, le MCBGroup, l’ABC Banking Corporation et la State Bank of Mauritius, présentant des réclamations de l’ordre de Rs 700 millions, la mission du nouvel administrateur nommé pour sauver les emplois demande à être revue. Deux autres facteurs pèsent également lourd au préjudice des employés du groupe Hao Thyn Voon.
D’abord, PAD & CO Ltd aura perdu en cours de semaine pas moins de huit de ses contrats et les travaux de chantiers alloués à d’autres compagnies. L’un des rares chantiers encore sous le contrôle de ce groupe est celui de la construction de la nouvelle tour de contrôle du Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport. L’allocation de ce contrat à PAD & CO a été caractérisée par des allégations de faux et d’usage de faux, soit de fausses garanties bancaires présentées en guise de bonds.
Puis, les attachment orders obtenus par l’ICAC sur tous les comptes bancaires et les avoirs du groupe remettent en question le business as usual escompté. À partir de ce début de semaine, le nouvel administrateur de PwC prévoit un exercice d’audit de la situation en vue d’établir un calendrier pour décider s’il y a des possibilités de redressement de cette compagnie de construction ou si le levier de la mise en liquidation doit être activé impliquant des risques conséquents pour les quelque 900 emplois.
Cette effervescence sur le plan de la mise en administration de PAD & Co. Ltd. contraste avec le calme apparent en ce qui concerne l’enquête de l’ICAC au sujet des allégations de pots-de-vin
« to officials of the Mauritian administration through third parties ». Certes, les disclosure orders obtenus contre les protagonistes présumés de la Saint-Louis Gate indiquent des développements à venir.
Mais pour ce qui est des VVIP politiques, en l’occurrence l’ancien Deputy Prime Minister et ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo, et le leader du MMM, Paul Bérenger, ce move paraît être superflu, fait-on comprendre dans certains milieux. D’aucuns affirment que l’ICAC dispose des détails nécessaires par rapport à ces deux personnalités sur la base des declarations of assets déjà soumises en marge des dernières élections générales du jeudi 7 novembre de l’année dernière.
Informations
troublantes
Ces démarches confirment que le money trail est lancé du côté du QG de l’ICAC. Des recoupements d’informations indiquent que les documents versés dans le dossier à charge laissent voir des transferts pour un montant de Rs 48 millions en dollars américains de BWSC de Danemark à ABM Engineering, la firme de consultants de Bertrand Lagesse. Ce montant ne figure nullement dans les documents officiels du contrat de Rs 4,3 milliards alloué à BWSC-Pad & Co Ltd. De sources avisées au niveau des enquêteurs, l’on se pose déjà des questions sur cette somme, représentant à ce moment-là 1% de la valeur du contrat, versée par Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) à AMB Engineering.
L’ICAC tentera dans un premier temps de déterminer les circonstances et raisons de ces transferts de cette envergure. Les limiers responsables de ce dossier comptent effectuer des vérifications préliminaires en attendant qu’elle puisse mettre la main sur les documents et être en présence des explications officielles en provenance du Danemark, plus particulièrement les conclusions des enquêtes menées par la firme légale Poul Schmith et la firme d’audit KPMG en juillet 2018 à la demande de BWSC suite à des informations troublantes fournies par un whistleblower depuis au moins le mois d’avril de la même année.
D’autre part, Week-End a appris de sources avisées que c’est en fin de semaine dernière que la demande de mutual legal assistance a été formellement soumise aux autorités danoises pour une collaboration en vue d’élucider les dessous du Saint-Louis Gate. Au terme de ces dispositions, le ministère des Affaires étrangères s’est chargé de l’échange diplomatique entre la Central Authority de Maurice qui n’est nulle autre que l’Attorney General, Maneesh Gobin, et ses homologues du Danemark. La mutual legal assistance sollicitée réclame ainsi la collaboration danoise en termes de « documentary evidences » aussi bien que tous les « statements » des employés qui ont été trouvés coupables de « financially rewarding members of the Mauritian administration and others ». Maurice demande aussi que les versions des deux employés faisant face à des poursuites criminelles au Danemark soient versées à la MLA dont les informations sur ces potentiels transferts d’argent.
L’ICAC attend aussi l’authentification des échanges électroniques versés dans l’enquête initiée par BWSC sur les « corrupt and fraudulent practices » entourant le 67 MW St-Louis Redevelopment Project et dont certains de ses employés impliqués ont concédé. La commission anticorruption devrait a priori consolider son enquête sur les moyens utilisés par les employés de BWSC et de leurs contacts locaux pour être en posture avantageuse dans l’obtention du contrat de Rs 4,3 milliards du CEB.
Affaire à suivre…

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