STATISTIQUES — Fléau social : 1 963 cas de maltraitance d’enfants enregistrés en cinq mois

Les chiffres donnent froid dans le dos. De janvier à mai de cette année, pas moins de 1 963 cas de maltraitance à l’égard des enfants ont été rapportés au ministère de l’Égalité des genres, soit 1 149 filles et 814 garçons. Vacoas caracole en tête du classement par région, avec 392 cas, suivi de Flacq (386), Port-Louis (365), Goodlands (337), Souillac (264) et Bambous (219). La plupart des affaires de maltraitances (“child abuse”) ont été rapportées aux Child Protection Services du ministère de tutelle. C’est ce que révèle un document déposé à la bibliothèque de l’Assemblée nationale par la ministre concernée, Kalpana Koonjoo-Shah.

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Les cas de maltraitance envers des enfants sont alarmants. C’est ce que révèle une liste déposée à la bibliothèque de l’Assemblée nationale par la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Koonjoo-Shah, et ce, dans le sillage d’une question parlementaire adressée par la députée Joanna Bérenger concernant l’agression sexuelle d’une mineure à Cité Anoska. Le document met en évidence des cas de différentes natures (abus sexuels, négligences parentales, incestes, agressions physiques, abandon…). Au total, 1 963 cas de maltraitance à l’égard d’enfants ont été enregistrés au ministère de tutelle entre janvier et mai 2020.

D’autre part, selon les statistiques, le pays avait, en 2016, enregistré un total de 5 904 cas de maltraitance d’enfants, contre 6 035 en 2015. En 2016 toujours, sept viols, 734 cas de négligence, 124 agressions physiques par le père et 84 par la mère, ainsi que 42 cas d’inceste, 169 de relations sexuelles avec mineur et 352 d’abus sexuel envers des enfants (incluant l’inceste) avaient été relevés.

Parlant de l’agression sexuelle de Cité Anoska mardi dernier au Parlement, la ministre a expliqué que le 28 juin dernier, « des efforts ont été déployés en vue d’apporter une assistance aux parents et à l’enfant » à travers, d’une part, le ministère de l’Éducation, pour s’assurer que quatre mineurs aient un suivi éducatif, mais aussi la National Empowerment Foundation, pour une assistance économique, et une ONG pour la réhabilitation de la mère à travers un traitement de désintoxication et un suivi psychologique. La ministre devait par ailleurs affirmer que la mère de l’enfant a été arrêtée par la police et que la mineure concernée a, elle, été placée dans un centre d’accueil. Quant à la police, elle poursuit son enquête, souligne encore la ministre.

S’adressant à cette dernière, la députée Joanna Bérenger lui a demandé si elle était « au courant que les études montrent qu’un accompagnement psychiatrique des agresseurs réduit de 90% les risques de récidive », ajoutant : « La ministre peut-elle nous dire si un traitement psychiatrique est inclus dans le Perpetrators Rehabilitation Programme, qui sera rendu obligatoire, et quand il le sera ? » Ce à quoi Kalpana Koonjoo-Shah lui a répondu, qualifiant la députée Bérenger de « confuse », qu’au fait, « ce genre de programme est appliqué dans les cas de violences domestiques ». La députée a alors voulu connaître la nature de l’accompagnement psychologique prévu pour ce type d’agresseur. Rappelant que cette affaire « relève de la police », la ministre a rétorqué : « We do not address a perpetrator at the level of my Ministry, a perpetrator of child abuse. When there is an enquiry, the perpetrator is in custody of the Police. »

Poursuivant avec son interpellation, la députée Bérenger a souligné qu’à la sortie du “shelter”, en janvier 2020, les enfants avaient été confiés à leur grand-mère par la District Court de Curepipe, et que le 15 juin, l’Ong Youth for Human Rights International avait alerté la CDU à travers une lettre sur la situation des enfants, affirmant que les enfants étaient à Cité Anoska, et non pas chez leur grand-mère, et qu’ils étaient de plus « gravement » négligés. « La ministre peut-elle nous dire quelles sont les mesures qui ont été mises en œuvre concrètement par son ministère pour s’assurer d’un suivi régulier et qualitatif depuis janvier 2020, sachant que ces enfants étaient à risque ? » Ce à quoi Kalpana Koonjoo-Shah a expliqué que le lieu où devraient habiter ces enfants « est déterminé à la suite d’un ordre de la cour ».

Joanna Bérenger devait aussi insister sur le fait que, sur les ondes d’une radio, le 30 juin dernier, l’Officer in Charge de l’Alternative Care Unit avait affirmé, selon elle, que « les officiers de la CDU s’étaient rendus sur les lieux, à Cité Anoska, le 15 juin, après avoir reçu la lettre alertant la CDU, et n’avaient pas trouvé les enfants ». Alors qu’une résidente de Cité Anoska témoignait dans la même émission de radio, dit encore la députée, « pour dire que les enfants habitaient chez elle depuis début juin », et que les officiers de la CDU étaient venus le 15 juin à Cité Anoska pour parler aux enfants.

« La ministre peut-elle nous dire pourquoi la cour n’a pas été alertée et pourquoi les enfants n’ont pas été mis en sécurité ? » a demandé la députée. Ce que la ministre a réfuté, estimant qu’il n’était « pas exact » de dire que les enfants avaient été laissés avec leur mère. « It is very misleading to claim that the children were left with the mother and that the CDU or my officers were aware that the mother is incapable of looking after the children. When the Court ordered the children to be under the guardianship of the mother and the grandmother, it was following a through investigation by officers and the Court. The honourable member also stated that following a letter received at my Ministry, in fact, it was also recorded on our hotline 113 on 14 June and an urgent visit was effected in Cité Anoska. The inhabitants were extremely hostile, the children could not be found. An EPO was issued immediately, by then the children and the mother had already left Cité Anoska. There has been extensive search carried out through the south of the island to try and retrace the four children and the mother », a conclu la ministre.

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