- Le Legal Adviser de Pravind Jugnauth et ex-Chairperson de la GRA accuse la commission Lam Shang Leen de parti pris contre des membres du MSM
- Le PM : « Mo espéré ki à la rantré parlementer, lider lopozision, Xavier-Luc Duval, ava vini avek ene PNQ lor ladrog »
- Le leader du MSM distribue des cartons rouges à Showkutally Soodhun, Sudhir Sesungkur et Soodesh Callychurn
Le rapport de la commission d’enquête Lam Shang Leen sur l’étendue du fléau de la drogue à Maurice et à Rodrigues a été abordé lors des délibérations des instances dirigeantes du MSM au QG du Sun Trust hier. Comme il fallait s’y attendre, le candidat battu au N°3 aux dernières élections générales et Legal Adviser de Pravind Jugnauth de même qu’ancien Chairperson de la Gambling Regulatory Authority, Me Raouf Gulbul, est monté en première ligne avec des critiques acerbes contre les conclusions du rapport Rotin Bazar. Il a accusé la commission Lam Shang Leen de parti pris contre des membres du MSM.
De son côté, le Premier ministre et leader du MSM, Pravind Jugnauth, s’est demandé pourquoi jusqu’ici le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, n’a pas proposé de Private Notice Question (PNQ) sur le dossier de la drogue. Il a également procédé à une distribution de cartons rouges notamment à Showkutally Soodhun, qui en a pris pour son compte, même s’il n’avait pas participé aux délibérations d’hier, au ministre des Services financiers, Sudhir Sesungkur, pour ses démêlées avec la police suite à l’agression d’un photographe lors des célébrations d’un mariage, et au ministre du Travail et des Relations industrielles, Soodesh Callychurn, qui avait fait preuve de réticence pour animer avec Joe Lesjongard et Zouberr Joomaye le point de presse du MSM d’hier.
Avec cette ambiance quelque peu tendue, un groupe de ministres, dont les deux Mahen, Seeruttun et Jhugroo, d’ailleurs très proches du clan Jugnauth, ont tenté de calmer le jeu dans la conjoncture.
Raouf Gulbul, qui a écopé de 40 paragraphes de critiques acerbes dans le rapport de la commission Lam Shang Leen, sans compter une recommandation à l’Attorney General, Maneesh Gobin, pour des procédures en vue d’un disbarment (radiation de l’ordre des avocats) du premier nommé, est revenu à la charge contre l’ancien juge de la Cour suprême. Le rapport consacre une dizaine de têtes de chapitre à Me Raouf Gulbul comme suit :
-opération « Devir Lanket » avec des dénonciations de Botteroie et de Jeeva
-des counsel’s fees payés avec l’argent de la drogue sur la base des allégations des trafiquants du calibre de Siddick Islam, alias Ner, Mme Vavra, et surtout du trafiquant en prison Veeren Peroumal
-conflits d’intérêts dans des enquêtes de la drogue, notamment les cas Jeeva-Peroumal et Agathe-Salva
-le financement de la campagne politique par des trafiquants de drogue, dont l’épisode du big black bag de Saint-Pierre en pleine campagne pour les législativs de 2014, avec des coupures de Rs 2 000 à l’effigie de sir Gaëtan Duval, les révélations de Sada Curpen par le truchement de message WhatsApp ou encore Gloria Food de Dade Azareeu
-l’encadrement de « former drug offenders » pendant la campagne électorale
– la subornation de témoins de la commission d’enquête
-des instructions à des Juniors pour des pratiques illicites
– le port de blinkers en tant que Chairman de la Gambling Regulatory Authority dans des cas flagrants de blanchiment de fonds et
-des transactions en devises étrangères et des acquisitions immobilières et foncières en série par dizaines de millions de roupies avec des « VAT Receipts most of which were illegible » ou encore « the commission wonders how he was able to purchase so many immoveable assets (house, flats, office spaces, etc) amounting to several million of rupees in spite of his wife earning the fixed salary of a judge. »
Sur la base d’un tel indictment sheet, Raouf Gulbul pouvait difficilement lasser passer sa chance de s’attaquer à la commission d’enquête. D’ailleurs, ce ne sera pas la première fois que le président de la commission d’enquête est pris pour cible par le candidat battu du MSM aux élections générales du 10 décembre 2014. Précédemment, une déposition avait même été consignée au Central CID pour enquête criminelle contre Week-End pour avoir fait état des propos de Me Gulbul dans les instances du MSM contre l’ancien juge Lam Shang Leen. Lors de son intervention devant les membres du Bureau politique du MSM, hier, il a accusé la commission d’enquête d’avoir été partiale. « Rapor la fiin fer partii pri kont bann MSM », se serait-il appesanti en substance, selon des recoupements d’informations effectués par Week-End auprès des sources concordantes.
Détermination
De son côté, le leader du MSM est revenu sur le fait que, contrairement, à Navin Ramgoolam, qui avait refusé d’accéder à la demande l’opposition d’alors, le gouvernement mené par le MSM a institué une commission d’enquête sur la drogue. « Trois de nos membres ont été cités dans le rapport. Zot pe al defann zot. Saki pou sorti a sorti. Saki pou tombé a tonbé. Mais nous avons la détermination de mener ce combat contre la mafia de la drogue », aurait-il poursuivi en substance. Il a également passé en revue la situation après la publication du rapport Lam Shang Leen en faisant état de la première réunion ministérielle sous sa présidence, vendredi, en vue de mettre à exécution les recommandations.
Le Premier ministre s’est attardé sur la posture adoptée par l’opposition parlementaire, en particulier le PMSD, avec la publication du rapport de la commission d’enquête sur la drogue. « Je m’attendais et j’étais prêt à répondre à une Private Notice Question du leader de l’opposition sur la commission d’enquête. Kouma dir Xavier finn zwe sove lor PNQ-la. J’avais des révélations à faire sur le réseau de trafic de drogue. J’espère qu’à la prochaine rentrée parlementaire, le leader de l’opposition proposera cette PNQ et la population en saura davantage à ce sujet », aurait-il laissé entendre aux membres du bureau politique
D’autre part, Pravind Jugnauth aurait tenu à régler des comptes au sein de cette instance du MSM.
Les récents commentaires de Showkutally Soodhun contre la vice-Première ministre et ministre des Administrations régionales, Fazila Daureeawoo, et l’épisode de son départ raté à l’étranger pour un poste avec des salaires de Rs 17 millions par moinont provoqué l’irritation du Premier ministre, qui s’est montré sévère, même en l’absence du principal concerné. Les ministres Sesungkur et Callychurn ont également subi un brosaz latet de classe. Le premier nommé a attiré les foudres du leader du MSM par rapport à cette agression d’un photogaphe et Sudhir Sesungkur sur le point d’être convoqué au Central CID pour interrogatoire under warning.
Pour sa part, le ministre du Travail s’est fait ramasser par son leader, car dans un premier temps, il avait fait preuve de réticence pour participer au point de presse du MSM en compagnie Joe Lesjongard et de Zouberr Joomaye. Devant la pression des dirigeants, il n’avait eu d’autre choix que d’obtempérer, avant de recevoir un carton rouge du leader devant les autres membres du MSM. Toutefois, l’on notera qu’un groupe de ministres MSM ont tenté de jouer les “pompiers politiques” pour atténuer les tensions en vue d’éviter tout remaniement dans la conjoncture politique.
Parmil, il y avait les ministres Seeruttun et Jhugroo, ou encore Yogida Sawmynaden, qui sont intervenus pour ramener la sobriété dans le ton lors des échanges entre membres du Bureau politique.