La Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP) considère que la situation qui prévaut chez Air Mauritius « est toujours floue ». Elle dit sa forte crainte que la compagnie d’aviation nationale soit placée en liquidation si la situation perdure.
« La CTSP n’est pas d’accord avec cette éventualité, car il s’agit de notre fierté nationale et tout le peuple de Maurice ne serait pas d’accord que l’on procède à la liquidation de la compagnie d’aviation nationale. Si on procède à sa fermeture et que l’on ouvre à nouveau la compagnie sous un autre nom, cela sera suicidaire pour la compagnie d’aviation, car il faudra renégocier les droits d’atterrissage. Remplacer Air Mauritius par une autre compagnie ne se fera pas du jour au lendemain. Le peuple a besoin d’explications », a déclaré Reaz Chuttoo, négociateur de la CTSP. Selon lui, des négociations ont actuellement lieu entre un groupe de syndicats et Sherry Singh, qui préside un comité sur la transformation d’Air Mauritius.
Rencontrant la presse jeudi, il a déclaré avoir écrit une lettre en vue de rencontrer Sherry Singh, demande qui a été rejetée, dit-il. Un accord, selon lui, serait en train de circuler à travers certains syndicats et un comité technique. Pour lui, « cette façon de procéder créera plus de confusion chez Air Mauritius ». Et d’ajouter : « Il faut que les discussions se déroulent dans la transparence, pour que tous les syndicats puissent faire des propositions afin d’arriver à un accord commun. »
« Toutes sortes de nouvelles sont en train de se répandre. On a entendu dire que l’administrateur de la compagnie d’aviation nationale est en train de réclamer la liquidation d’Air Mauritius. La CTSP s’attend en tout cas à ce qu’il y ait une nouvelle administration chez Air Mauritius qui ne soit pas sujette à des ingérences politiques et une valorisation de la compétence des employés. Il est inacceptable que les conditions de travail d’un Licence Aircraft Egineer soient beaucoup moins favorables que les autres catégories de travailleurs en termes d’heures de travail », a-t-il souligné. Reeaz Chuttoo devait dire disposer d’informations à l’effet qu’il y aurait un accord entre un groupe de syndicats en particulier et Sherry Singh.
« Nous faisons une requête pour qu’il y ait une table ronde pour des discussions. Le ministère du Travail a déjà fait savoir qu’il ne pourra pas agir comme intermédiaire entre les syndicats et l’administrateur d’Air Mauritius pour la négociation, et a référé le cas au Redundancy Board. Nous ne comprenons toujours pas comment les négociations se déroulent de façon officieuse », a-t-il encore souligné, avant d’affirmer avoir déjà alerté le ministère du Travail sur l’existence d’un comité technique opérant « dans le secret ».
« Il semblerait que c’est seulement l’Intersyndicale d’Air Mauritius qui est en mesure de discuter et faire des propositions. Même les membres de l’Intersyndicale ne savent pas ce qui se passe au sein de ces négociations. Il y a un syndicat qui en fait partie et qui a tenu une Assemblée générale ayant tourné au vinaigre. Les membres n’ont pas été d’accord à l’effet que des propositions soient en train d’être menées et qu’ils sont dans le secret. La demande de la CTSP pour qu’il y ait une hiérarchie au niveau d’Air Mauritius n’a pas été prise en considération », a souligné le négociateur de la CTSP.
De son côté, Jane Ragoo, secrétaire générale de la CTSP, est revenue sur l’agression perpétrée à l’égard de cinq ouvriers bangladeshis vendredi à Tropical Garments. Elle a dénoncé le traitement infligé en général aux travailleurs étrangers à Maurice, surtout durant la période du confinement lié à la Covid-19. Elle trouve ainsi « inconcevable » qu’il n’y ait pas un interprète parlant le bangladeshi à Maurice. « Il est temps de cesser de stigmatiser les travailleurs étrangers à Maurice et de les traiter comme des esclaves des temps modernes. Ce ne sont pas esclaves, mais des ‘guest workers’ », a-t-elle fait ressortir.