TELFAIR SAGA – AU TRIBUNAL DE MOKA HIER – Me Bhadain mitraille Sawmynaden sur son emploi du temps du 16 au 18 octobre

– Le PC Manoovaloo soumet les relevés téléphoniques de l’ex-ministre ainsi que trois autres personnes interrogées par la MCIT pour les besoins de l’enquête judiciaire

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– Me Bhadain met l’ex-ministre du Commerce devant le point qu’un iPhone stocke des messages pour un minimum de 30 jours alors que lui avait soutenu que ses messages s’effaçaient après moins d’une semaine

L’ex-ministre du Commerce et député Yogida Sawmynaden a fait face à un feu roulant de questions de Me Roshi Bhadain sur son emploi du temps et ses déplacements du vendredi 16 octobre 2020, jour de la disparition de Soopramanien Kistnen, au dimanche 18 octobre, jour où son cadavre avait été retrouvé dans un champ de cannes à Telfair, Moka. Yogida Sawmynaden a campé sur sa position, maintenant toutes les réponses données au Senior Assistant DPP, Me Azam Neerooa, auparavant, sur ces trajets vers des temples dans le Sud et son dîner à St-Julien d’Hotman, où il a appris par téléphone que le corps de Soopramanien Kistnen avait été découvert. Il continue d’affirmer que ce dernier se sentait en danger face aux menaces de son frère Khoumada Sawmynaden, allant même jusqu’à interpréter un message comme une menace de Khoumada qui a fait que Kistnen « essayait de gagner du temps » pour le rembourser.
L’audition de Yogida Sawmynaden par Me Roshi Bhadain a débuté par les événements du 16 octobre relatés par Khoumada Sawmynaden, de par ses échanges au téléphone avec Soopramanien Kistnen sur une somme d’argent que Yogida Sawmynaden allait remettre à Kistnen. Il devait maintenir que Kistnen ne l’avait jamais appelé le 16 octobre ajoutant qu’il s’était rendu à un temple à Rivières-des-Anguilles, jusqu’à 21h30 pour se rendre par la suite vers un autre temple.

Roshi Bhadain (RB) : Le 16 octobre, selon les messages échangés dont le tribunal est en présence, Kistnen avait dit à Khoumada Sawmynaden qu’il allait vous contacter pour dire qu’il vous attend avec l’argent promis. Est-ce que Kistnen vous avait appelé ou avait appelé votre garde du corps à cet effet ?
Yogida Sawmynaden (YS) : Non.
RB : Selon les témoignages, Kistnen disait qu’il venait vous voir pour vous convaincre de lui donner de l’argent, est-ce vrai ?
YS : Il ne venait pas me voir tout le temps pour de l’argent ou me convaincre de lui donner de l’argent.
RB : Il serait donc possible que le 16 octobre, quand Kistnen parlait de dettes à payer, il faisait référence à vous comme celui qu’il aura à convaincre pour avoir de l’argent ?
YS : Je ne suis pas d’accord.
RB : Vous avez dit en cour que quand vous aviez fini au temple à Rivière-Des-Anguilles vous avez été récupéré par une personne pour aller à l’Escalier. Pourquoi avez-vous renvoyé votre garde du corps chez lui ?
YS : Je l’ai autorisé à rentrer chez lui car on passait me prendre et me déposer à la maison.
RB : Est-ce possible que vous ne vouliez pas que votre garde du corps sache votre itinéraire après 21h30 une fois avoir quitté Rivière-des-Anguilles ?
YS : Non.
RB : Donc vous n’aviez pas de garde du corps avec vous cette soirée-là ?
YS : Je ne vois aucune raison d’avoir un garde du corps qui allait rester à m’attendre alors que j’avais quelqu’un pour me prendre puis me déposer chez moi.
Yogida Sawmynaden explique que c’était un prêtre et un dénommé Khalingee qui l’avaient pris en voiture pour aller au temple de L’Escalier. Le trajet de Yogida Sawmynaden à Tamarin vers 2h du matin a intéressé Me Bhadain. Yogida Sawmynaden avait expliqué qu’il y était allé pour récupérer son fils à la discothèque Big Willy’s, après une fête privée organisée par l’école que fréquente son fils.
RB : Savez-vous que Big Willy’s n’admet pas de mineurs après 22h ?
YS : C’était une fête privée organisée par le Lycée Labourdonnais.
RB : Si je vous dis que l’unique événement du vendredi 16 octobre 2020 était une soirée exotique de moins de 18 ans ! » (Présentant alors une copie de la brochure de cet événement).
YS : Je ne sais pas si ce document est vrai, mais les parents qui sont venus récupérer leurs enfants peuvent en attester.
RB : Vous avez aussi déposé votre fils au Big Willy’s ?
YS : Je dois vérifier, je pense que c’est possible.
RB : Avez-vous rencontré d’autres personnes aux petites heures du samedi 17 octobre à Tamarin ?
YS : Il se peut que j’aie déposé des amis de mon fils chez eux.

Le bureau à Ébène

Autre volet abordé par Me Bhadain, le fait que Yogida Sawmynaden s’était rendu à son bureau au ministère du Commerce, à Ébène, les 17 et 18 octobre. Me Bhadain lui a demandé comment il a fait pour avoir accès à son bureau le week-end, rappelant la procédure selon laquelle les clefs sont gardées au poste de police le plus proche et que le Permanent Secretary doit en être informé avant toute utilisation. Yogida Sawmynaden devait alors répondre : « J’ai les clés, j’ai moi-même ouvert la porte d’entrée pour ensuite avoir accès à mon bureau ministériel. » Il devait aussi indiquer qu’il était seul lors de ce détour à son bureau, car il y était allé ce week-end pour allumer une lampe et prier par respect pour une fête religieuse.
Yogida Sawmynaden, face aux questions de Me Bhadain, devait aussi affirmer qu’il n’avait pas eu quelconque contact avec Vinay Appanna le week-end du 16 et 17 octobre. Aussi, qu’il ne pense pas qu’il se trouvait dans la région de Telfair-Moka-Mt Ory ce week-end-là.
Yogida Sawmynaden a expliqué en cour que c’est le matin du dimanche 18 octobre que Nanda Arian, frère de Sivom Arian, l’avait informé que Kistnen était porté manquant depuis le 16 octobre. C’est à son dîner à St-Julien d’Hotman, en compagnie notamment de son épouse et ses enfants, qu’il a appris d’un agent au téléphone que le cadavre de Kistnen avait été découvert dans un champ de cannes à Telfair.
RB : Qu’avez-vous fait au départ lorsque vous avez appris que Kistnen était porté manquant ?
YS : Comme la dernière fois où il a disparu quelques jours, j’ai demandé à ses proches d’informer la police.
Magistrate Mungroo-Jugurnath : Quelle a été votre réaction par la suite lorsque vous avez appris la mort de Kistnen ?
YS : Bien sûr j’étais choqué comme je l’aurais été pour toute autre personne qui meurt de façon tragique dans ma circonscription ou ailleurs.

Par la suite, Me Bhadain devait mettre Yogida Sawmynaden devant les faits selon lesquels Khoumada Sawmynaden est celui qui avait rapporté Soopramanien Kistnen à la police pour non-remboursement de dettes et que Kistnen n’avait jamais rapporté Khoumada à la police. Cela pour obtenir plus d’éclaircissements sur les propos de Yogida Sawmynaden selon lesquels Kistnen faisait face à des menaces graves de la part de Khoumada. Yogida Sawmynaden a expliqué qu’il n’était pas au courant de cette plainte à la police de son frère, réitérant « tout ce que je relate en Cour c’est ce que me disait Kistnen ».
RB : Après tout ce que vous avez entendu en cour, cela ne démontre pas que ces histoires de Kistnen concernant des menaces de Khoumada n’étaient pas vraies, mais qu’au fait Kistnen ne faisait que tenter de vous leurrer en vous soutirant de l’argent ?
YS : Pour moi ces messages démontrent clairement que Khoumada donnait des Deadlines à Kistnen et le menaçait. Kistnen essayait de gagner du temps.
Me Bhadain est par la suite revenu sur les propos de Yogida Sawmynaden concernant son téléphone qui ne stocke pas les messages pour plus d’une semaine et que ses messages s’effacent automatiquement en moins d’une semaine. Après un exercice sur son téléphone recommandé par Me Bhadain, l’ex-ministre a dû concéder que, selon les paramètres, son téléphone stocke des messages pour un minimum de 30 jours. Les deux autres options du téléphone pour le stockage « one year or forever ». Yogida Sawmynaden de répondre : « Je ne suis pas un expert en télécommunication, c’est la première fois que je vois ça. » L’audition de Yogida Sawmynaden reprendra lundi prochain pour la poursuite de l’interrogatoire de Me Bhadain.

Des relevés téléphoniques soumis

Le constable Norbert Manoovaloo de la MCIT a fourni à la cour les relevés téléphoniques de Yogida Sawmynaden, obtenus la veille après un Judge’s Order. Les relevés téléphoniques de trois autres personnes interrogées par la MCIT, dont deux portant le prénom Ravi, ont aussi été fournis par le constable pour les besoins de l’enquête judiciaire.
Par ailleurs, face aux questions de Me Rama Valayden sur les objets qu’il avait remis à la MCIT pour enquête, le constable Manoovaloo devait répondre que ces objets ont été analysés par le laboratoire, mais « rien de concluant qui pourrait faire avancer l’enquête policière ». Sur les débris de peinture de couleur rouge, le constable d’avancer qu’une des personnes interrogées par la MCIT a une voiture rouge, mais que cette peinture analysée « ne correspond pas » au véhicule de la personne.
Le PC Manoovaloo a aussi confirmé que le téléphone de Yogida Sawmynaden a été localisé par les antennes-relais à l’aéroport de Plaisance dans la matinée du 14 octobre 2020 ainsi que dans l’après-midi du 15 octobre. Yogida Sawmynaden avait en effet soutenu qu’il était en mission officielle à Rodrigues à cette période.

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