(Telfair Saga) Yogida Sawmynaden : « Aucune idée de ce qui est arrivé à Kaya Kistnen »

Le colistier du PM soutient que l’agent du MSM au No 8 « était un ami en qui je pouvais placer ma confiance »

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Le représentant du DPP pointe du doigt le silence de Yogida Sawmynaden après la mort de Kistnen sur les confidences de ce dernier au sujet de graves menaces reçues

L’ancien ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, a révélé que Khoumada Sawmynaden et aussi Pooveden Subbaroyan n’arrêtaient pas de menacer Soopramanien Kistnen car il leur devait de l’argent. C’était lors de sa première audition, hier, dans l’enquête se déroulant au tribunal de Moka sur le meurtre de Soopramanien Kistnen, alias Kaya, un agent du MSM à Quartier-Militaire/Moka (No 8). Il a ajouté qu’il l’avait encouragé à porter plainte à la police car ces menaces devenaient insistantes. Toutefois, il a dû concéder n’avoir pas réagi tout de suite après la mort de Kaya Kistnen en dévoilant à la police ces mêmes menaces, prétextant qu’il avait préféré attendre son tour pour divulguer à la police ce qu’il sait. Au sujet de son emploi du temps le 16 octobre 2020, jour de la disparition de l’agent politique MSM, le colistier de Pravind Jugnauth au No 8 a expliqué qu’il priait dans des temples jusqu’à fort tard, après une journée marquée par le Cabinet Meeting hebdomadaire du vendredi.

Après le déballage de Khoumada Sawmynaden au tribunal de Moka sur les relations tendues entre son frère et Kaya Kistnen des mois avant la mort de ce dernier, c’était au tour de Yogida Sawmynaden de faire part des agissements de Khoumada Sawynaden à l’encontre de l’activiste MSM et agent politique au No 8 (Moka-Quartier-Militaire). Tout d’abord, lors de l’interrogatoire mené par Me Azam Neerooa, Senior Assistant DPP, c’est l’itinéraire de l’ex-ministre du Commerce dans la semaine où Kaya Kistnen avait été porté manquant avant d’être retrouvé mort, avec le corps en partie calciné dans un champ de cannes à Telfair, Moka, qui intéressait.

Face à la fameuse question propre à l’enquête judiciaire en cours « Where were you on the 16th of october 2020? », Yogida Sawmynaden a entamé son récit : «  j’ai assisté au Conseil des ministres comme c’était un vendredi. Puis j’ai pris mon déjeuner au Cabinet Room. J’ai fait un tour à mon domicile à Floréal et puis je me suis rendu à un temple à Rivière-des-Anguilles jusqu’à 21h30. J’ai procédé vers un autre temple à La Sourdine, L’Escalier, et j’ai quitté ce temple pour rentrer à la maison vers minuit ».

Confronté à ses déclarations à la police dans le cadre de l’enquête policière, l’ancien ministre du Commerce a apporté des précisions, déjà du fait qu’il avait fait un tour à son bureau à Ebène juste après les délibérations du Conseil des ministres avant de rentrer chez lui pour par la suite se rendre aux temple jusqu’à tard dans la soirée. Il devait aussi expliquer qu’il s’était rendu au premier temple dans sa voiture officielle en compagnie d’un VIPSU mais que pour l’autre temple, c’est une autre personne en compagnie d’un prêtre qui l’y avait conduit.

Yogida Sawmynaden ajoutera qu’une fois rentré chez lui, il était passé prendre son fils vers 2h dans une discothèque à Tamarin pour être de retour vers 2h30. Sur son emploi du temps le 17 octobre, Yogida Sawmynaden a expliqué qu’il s’adonnait à sa routine habituelle entre passer du temps avec sa famille et prier, puis s’être rendu dans sa circonscription pour rencontrer les agents dans les différentes régions et aller prier dans les temples, avant d’avoir fait un tour à son bureau à Ebène.
Me Neerooa (AN) : Aviez-vous rencontré Soopramanien Kistnen dans la circonscription ?
Yogida Sawmynaden (YS) : Non.
AN : N’était-il pas un proche agent politique à vous ?
YS : Il ne m’accompagnait pas dans la tournée des temples.
AN : En quelle qualité était-il votre agent ?
YS : Il était principalement actif lors des campagnes électorales, après cela il était discret mais nous restions en contact.
Le 17 octobre, Yogida Sawmynaden a expliqué qu’il était rentré chez lui vers 21 h. Le 18 octobre, après ses prières du matin il s’était rendu à St-Julien avec son épouse pour un diner. Sur son emploi du temps le 14 octobre, soit la date à laquelle il aurait rencontré Kistnen selon certains témoignages, Yogida Sawmynaden a expliqué qu’il était à Rodrigues pour une mission officielle et qu’il est rentré au pays dans l’après-midi du 15 octobre.

Première rencontre en 2008

Yogida Sawmynaden a révélé, au fil de l’audition, qu’il avait fait la connaissance de Kaya Kistnen depuis 2008 mais ce n’est qu’en 2011 qu’ils se sont rapprochés car Kistnen lui faisait part de ses problèmes financiers. Il a indiqué lui avoir alors offert du travail sur un site de construction à Baie-du-tombeau puis l’avait embauché comme sous-contracteur pour un site à Quatre-Bornes pour l’aider financièrement.
AN : Vous étiez donc très proches ?
YS : Nous avions développé de bonnes relations. I do trust people but I am not someone who socialise. Il était un ami en qui je pouvais placer ma confiance.
Me Neerooa le met ainsi devant les faits qu’il aidait un ami jusqu’à lui transmettre Rs 390 000 en chèque, payer Rs 180 000 de loyers impayés ou encore rembourser ses créanciers. Et Yogida Sawmynaden d’avancer qu’il a « un point faible », qui est d’aider des amis dans le besoin, coûte que coûte.
Yogida Sawmynaden devait aussi confirmer avoir accepté la requête de Kistnen d’embaucher son épouse Simla comme sa Constituency Clerk mais n’a pas voulu en dire plus, faisant état d’enquêtes en cours.

AN : Quand avez-vous su que Soopramanien Kistnen était décédé ?
YS : On m’a informé dans la soirée du dimanche 18 octobre alors que j’étais au diner à St-Julien.
AN : Quelle a été votre réaction ?
YS : J’étais choqué.
AN : Aviez-vous rendu visite à la famille ce soir-là ?
YS : Non, j’ai appris par son frère qu’ils étaient encore au poste de police. Je suis allé aux funérailles le lendemain.
AN : Selon vos déclarations à la police, vous dites que vous avez appris de Kistnen qu’il faisait l’objet de menaces de la part de Khoumada Sawmynaden et Pooveden Subbaroyan. Après la mort de Kistnen, n’avez-vous pas pensé qu’il serait important de divulguer à la police tout ce dont vous saviez ?
YS : Je savais qu’il y avait une enquête de police, puis il y a eu l’enquête judiciaire, j’attendais d’être convoqué.
AN : Vous avez parlé, dans vos déclarations, de l’inquiétude de Kistnen par rapport aux menaces de Khoumada Sawmynaden et vous dites l’avoir même conseillé de rapporter cela la police. N’était-ce pas des informations sensibles que vous auriez pu divulguer à la police le plus tôt possible après la mort de Kistnen ?
YS : J’attendais d’être informé du jour où je pourrai consigner ma déclaration.
AN : Cela a fait plus d’un mois après sa mort que l’enquête judiciaire a été mis sur pied !
YS : Oui, mais dans les journaux on disait que c’était un suicide.
AN : Depuis août 2020 Kistnen vous faisait part de ces menaces !
YS : Oui.
Yogida Sawmynaden a rajouté qu’il avait rencontré Kistnen pour la dernière fois le 23 septembre 2020. C’était près d’un abribus à Bagatelle où il lui avait remis Rs 50 000 pour l’aider financièrement. Il a dit alors que Kistnen lui avait intimé par téléphone par la suite que Khoumada Sawmynaden l’avait menacé de s’en prendre à son fils et qu’il allait lui faire vivre un calvaire s’il ne lui retournait pas l’argent dû.
Quand Me Neerooa lui a fait part qu’il connaissait bien Kistnen et s’il pensait qu’il aurait pu se suicider, Yogida Sawmynaden a répondu « déjà je ne savais pas que Kistnen était un Great Gambler et il m’avait jamais dit qu’il connaissait bien Khoumada ». D’ajouter «  j’avais aussi appris que des personnes réclamaient leur argent à Kistnen et qu’il y avait une période où il disparaissait pendant plus de quatre jours ».
AN : Encore une raison d’en informer la police ?
YS : Quand il disparaissait, j’avais demandé à son épouse si elle avait rapporté la disparition de son mari, elle me disait qu’il allait revenir, qu’il avait l’habitude de le faire.
Yogida Sawmynaden fait état de son dernier contact au téléphone avec Kistnen le 12 octobre 2020. Me Neerooa devait par la suite lui faire part de sa surprise de voir qu’il connaissait les dates et heures exactes de ces conversations avec Kaya Kistnen. Il répondra alors qu’il avait fait la requête pour obtenir ses relevés téléphoniques, et que la police avait fait de même, ayant eu une lettre d’autorisation pour l’obtention d’un Judge’s Order à cet effet.

Me Neerooa devait alors lui faire part du fait que l’enquête judiciaire devant le tribunal de Moka n’est toujours pas en présence des relevés téléphoniques et que la requête a été faite vendredi dernier. Yogida Sawmynaden a par ailleurs expliqué qu’il pouvait se rappeler la nature des messages de Kistnen mais pas les mots exacts. De soutenir en plus que ces messages et appels sont effacés automatiquement après une semaine sur son téléphone.
Me Neerooa devait aussi évoquer la disparition d’une personne qui travaillait pour le compte de Yogida Sawmynaden. Ce dernier a confirmé, ajoutant que cette histoire date de bien avant 2011.

L’audition de Yogida Sawmynaden se poursuit devant le tribunal de Moka.

 

 

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