(Telfair Saga)Aux Casernes centrales, hier – Simla Kistnen déshabille le ministre Sawmynaden

“Kaya ti dir mwa ki li ine alle rakont tou bann zafer Yogida à Premye Minis Pravind Jugnauth”

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L’ex-agent MSM du No 8 au ministre du Commerce: “Prye ki mo mor, sinon mo grène zotte ene par ene kuma zamalak”

Qui du ministre Sawmynaden ou de son bodyguard sera entendu en premier par la MCIT au sujet des incidents virulents sur des airs de réglements de compte?

Shakuntala Kistnen, aussi connue sous le nom de Simla, la veuve de l’ancien agent du MSM de Quartier-Militaire/Moka (No 8), Soopramanien Kistnen, alias Kaya, a joué à quitte ou double dans l’enquête sur le meurtre de celui-ci le vendredi 16 octobre 2020. En consignant, hier, une nouvelle déposition au QG de la Major Crime Investigation Team (MCIT), elle a procédé à une opération visant à déshabiller le colistier du Premier ministre, Pravind Jugnauth et ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden. Techniquement, cette étape devait être consacrée à des compléments d’informations sur l’affaire d’emploi fictif de Constituency Clerk du MSM au No 8. Toutefois, les détails dévoilés et axés sur les relations entre Soopramanien Kistnen et Yogida Sawmyaden, que ce soit au sujet de deux contrats présumément fictifs de nettoyage de drains de Rs 2,5 millions et de Rs 4,6 millions, respectivement, alloués par le conseil de distrtict de Moka à la veille des élections générales du 7 novembre 2019 ou encore des dénonciations par son époux contre Yogida Sawmynaden au PM et leader de L’Alliance Morisien, font que les limiers sous la supervision du Deputy Commissioner of Police contractuel, Heman Jangi, se retrouvent avec du pain sur la planche dans cette affaire, avec un potentiel de ramifications dépassant tout entendement.

À la conclusion de la déposition de Simla Kistnen, en début d’après-midi d’hier, la question qui se posait est si le ministre Sawmymaden sera entendu Under Warning aux Casernes centrales avant mardi, jour de la reprise des débats en Cour de Port-Louis sur la Private Prosecution du scandale de Constituency Clerk au No 8. À un certain moment dans la matinée d’hier, il était question que le rendez-vous devait être fixé pour demain matin. Mais au fil de la déposition, la stratégie devait être revue au point où aucune des sources n’a voulu se prononcer sur le Timing de cette séance d’interrogatoire.

Toutefois, le fait brutal est que Yogida Swamynaden pourra diffcilement échapper à ce déplacement aux Casernes centrales, mettant dans la balance sa carrière de ministre du gouvernement de L’Aliance Morisien. Une des questions cruciales à laquelle le colistier du leader du MSM devra impérativement répondre porte sur un virulent incident l’opposant à son bras droit politique dans la circonscription, Kaya Kistnen. C’était peu avant que ce dernier n’aille se faire admettre à l’hôpital pour des traitements médicaux.

Scène de haute tension

“Pryé ki mo mor, sinon mo pou grène zotte en par ene kuma zamalak”, aurait proféré Kaya Kistnen à l’encontre de Yogida Sawmynaden. Simla Kistnen a fait état de cette affaire dans sa déposition à la police, hier, en présence des membres du Legal Panel de The Avengers avec le ministre devant définitivement donner sa version des faits au sujet de ces menaces à peine voilées.

Mais un autre témoin de cette scène à haute tension entre le ministre et son agent devra intéresser à plus d’un titre les enquêteurs de la MCIT. En effet, un des éléments de la VIPSU, affecté au service du ministre du Commerce, assistant à cette dispute verbale, devait intervenir pour rappeler fermement à l’ordre Kaya Kistnen. “Si to koz kumsa, to pou konné!”, lui aurait-il rétorqué en l’expulsant des lieux. Logiquement, ce policier de la VIPSU aura à confirmer ou à infirmer s’il a été témoin de ces accrochages verbaux et si c’est bien lui l’auteur de ces propos à l’encontre de Kaya.

Un autre volet de la déposition de Simla Kistnen devra amener les hommes du DCP Jangi au Prime Minister’s Office (PMO) pour obtenir confirmation des contacts de l’ancien agent du No 8 avec le leader du MSM au sujet du comportement de Yogida Sawmyaden. Pravind Jugnauth était-il au courant de cette brouille au sein de son Inner Circle au No 8? Et depuis quand? En tout cas, la veuve de Soopramanien Kistnen soutient que les ponts étaient coupés entre les deux antagonistes du No 8 au point où son époux ne voulait même pas répondre aux appels du ministre Sawmynaden.

Simla Kistnen a laissé entendre à la police que “Kaya ti dir mwa ki li ine alle rakont tou bann zafer Yogida à Premye Minis, Pravind Jugnauth.” Ce à quoi ce dernier lui aurait répondu: “Apré konfinma, nou pou guette sa. To revine guette mwa!” Des recoupements d’informations effectués par Week-End indiquent que Soopramanien Kistnen aurait obtenu un rendez-vous au PMO au début d’octobre de l’année dernière.

Mais cette étape fut avortée avec une somme de Rs 200,000 remise à l’ex-agent du No 8 à Helvetia et l’autre agent orange, Satyam Ramruttan de La Laura-Malenga, utilisant le téléphone cellulaire portant le numéro 59103641, entrant en scène avec l’affaire des chèques. Autant de détails critiques à vérifier et à contre-vérifier pour que la lumière soit faite sur les dessous de la Telfair Saga et le meurtre de Soopramanien Kistnen.

Avant de mettre à la disposition des enquêteurs de la police des documents au sujet de l’emploi fictif en tant que Constituency Clerk, réfutant les questions de la police au sujet de cet emploi, Simla Kistnen a ouvert un autre chapitre dédié aux Emergency Procurements sur le plan des collectivités locales. Elle aurait fait état de deux contrats de Rs 2,5 millions et de Rs 4,6 millions alloués par le conseil de district de Moka avec des documents à l’appui.

Contrats fictifs ?

Ces contrats portaient sur le nettoyage de drains, avec celui pour la somme de Rs 2,6 millions alloué à la veille de la dissolution de l’Assemblée nationale en octobre dernier, et l’autre de Rs 4,6 millions en juillet 2019. La police devra confirmer si ces contrats étaient fictifs comme il a été allégué et engager un Money Trail pour remonter la filière des bénéficiaires. À ce stade, la chronologie des événements semble vouloir accréditer la thèse que l’emploi fictif de Constituency Clerk décidé unilatéralement par le ministre du Commerce aura été le détonateur dans l’escalade Sawymnaden /Kistnen. En produisant à la police des relevés de trois comptes bancaires, opérés en son nom, Simla Kistnen a réitéré avec force qu’à aucun moment, elle aurait assumé des fonctions de Constituency Clerk ou encore donné son assentiment à cet emploi fictif.

La veuve de Kaya Kistnen a affirmé qu’elle avait découvert ce pot-aux-roses quand elle avait voulu bénéficier de l’assistance financière des COVID-19 Schemes sous le contrôle de la Mauritius Revenue Authority (MRA). Elle déclare être tombée des nues quand pendant des démarches à cet effet, une préposée lui aurait lancé “me Madam, ou travay ar minis ou!” Elle ajoute avoir réfuté cette affirmation avant de se rendre à l’évidence en prenant connaissance des contributions au titre du National Pensions Fund versées en son nom par le ministre. En contrepartie, il n’y a aucune trace dans ses comptes bancaires des honoraires mensuels de Rs 15 000.

La période de contributions au NPF pour le poste de Constituency Clerk devra constituer une piste à suivre dans la conjoncture. Les relevés officiels fournis par la Mauritius Revenue Authority donnent des contributions pour la période de janvier à juillet de l’année dernière. Pourquoi Yogida Sawmynaden a-t-il mis un terme à ces versements en juillet 2020?

2019 point
de non-retour

Des conjectures veulent faire croire que le mois de juillet 2019 constituait le point de non-retour entre les deux antagonistes même s’ils ont entretenu des contacts après, entre autres, avec l’épisode des Rs 200 000 à Kaya Kistnen en octobre 2020 avec pour témoins le frère du ministre, Khoomada Sawmynaden et l’agent Ramruttan, qui s’est éclipsé lors de la comparution de jeudi dernier en Cour de Port-Louis.

À ce tournant de la Telfair Saga, la décision de Yogida Sawmynaden de rompre le silence pour s’exprimer est attendue avec impatience à moins qu’il ne décide de faire prévaloir son droit constitutionnel des plus légitimes face aux questions de la MCIT…

Representation of the People Act— Kistnen’s Papers:  la balle aux pieds de la Commission électorale

Subron/Gua de Re & A: “We call on you to carry an investigation and to determine whether any illegal practice has been committed by any candidates in the last general elections, which might warrant a prosecution”

Les Kistnen’s Papers, dont l’existence avait été révélée en primeur par Le Mauricien du 23 décembre dernier, reviennent à l’avant-plan. Rezistans & Alternativ a pris les devants en réclamant une enquête formelle au sujet des dépenses illégales et en excédent au plafond autorisé de Rs 150 000 par candidat attribuées aux élus de L’Alliance Morisien de Quartier-Militaire/Moka (No 8), en l’occurrence le Premier ministre, Pravind Jugnauth, la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, et le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden.

À ce stade, avec une correspondance adressée au commissaire électoral, Irfan Rahman, et à l’Electoral Supervisory Commission, Ashok Subron et Stefan Gua de Rezistans & Alternativ s’appuient sur des coupures de presse pour réclamer “an investigation and to determine whether any illegal practice has been committed by any candidates in the last general elections, which might warrant a prosecution for an offence under the Representation of the People Act.” Ils ajoutent qu’à la réception de cette demande, la Commission électorale devra faire “a declaration in the public interest.”

D’entrée de jeu, Rezistans & Alternativ souligne que l’imposition d’un plafond spécifique pour les dépenses électorales vise “to ensure that money does not, in effect, nullifies the right to vote and universal suffrage freshly won in 1958, after nearly 300 years of negation of suffrage to the vast majority of the Mauritian people who laboured for this land and toiled for this country” et, surtout, que le vote de l’électorat ne soit pas corrompu par “those controlling economic power and money.”

Ashok Subron et Stefan Gua sont d’avis que “the strict compliance to the existing provisions should be equal to all. Be it by a poor or rich candidate or by political parties having different financial capabilities.”  Avec les détails étalés sur les 180 pages des Kistnen’s Papers, ils affirment qu’une éventuelle infraction aurait été commise, soit “guilty of an illegal practice”, sur la base de la clause 55 de la loi, notamment “Consequences of unauthorised expenditure.”

Citant des extraits de la loi, Rezistans & Alternativ attire l’attention du commissaire électoral et de l’Electoral Supervisory Commission que “the existing law then further detailed the Consequences of illegal practice in Section 74, in the course of proceedings in relation to an election petition in the Supreme Court or to a prosecution for an offence under the Act. This critical section proposes no less than a total disenfranchisement, leading to the exclusion of the right to vote and to be candidate in any election, of any guilty person.”

Après analyse des Returns of Electoral Expenses soumis par des candidats aux élections générales du 7 novembre 2019, Ashok Subron et Stefan Gua relèvent “the existence of documents related to potential undeclared electoral expenses in the last general elections, indicating that some candidates in the said election might have knowledgeably omitted substantial electoral expenses and other information required by law, while submitting their Election Returns.”

Pour Rezistans & Alternativ, les Kistnen’s Papers exigent une enquête initiée par la Commission électorale “to determine whether any illegal practice has been committed by any candidate in the last general elections which might warrant a prosecution for an offence under the Act.”

En tout cas, une vingtaine de jours depuis les premières révélations dans Le Mauricien et la publication dans Week-End du 27 décembre cataloguant les dépenses et contributions, dont deux fois Rs 1 million avec à côté l’initial PM, en excédant à la limite autorisée, Lakwizinn du PMO n’a pas osé venir de l’avant pour remettre en question l’authenticité des faits, comprenant également une liste d’agents du MSM et leurs National ID Card Numbers de même que le calendrier de la campagne électorale sur le terrain à Quartier-Militaire/Moka.

Affaire à suivre du côté du QG de la Commission électorale…

 

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