(TIRS CROISES) Accord de Paris : La pertinence de l’engagement de Maurice

Maurice s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030 dans le cadre de l’Accord de Paris. Cinq ans après la signature de l’accord sur le climat, quelle pertinence cet engagement revêt-il ? À quel point est-il réalisable ? Et, à côté de cet engagement, comment le pays s’y prend-il pour protéger son environnement ? Sunil Dowarkasing, ancien cadre à Greenpeace et ancien Project Manager de la Commission Maurice Île Durable, estime que le pays est très loin de son engagement. Il souligne que, selon le World Bank Atlas, l’émission de CO2 a doublé dans le pays entre 2000 et 2018. « Si nous continuons à ce rythme, d’ici 2030, au lieu de voir une réduction de 30% de nos émissions de C02, nous aurons une augmentation de 30%. » Il se montre sceptique quant à cet engagement. « Nous n’avons même pas un plan. C’est du bluff. »

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Premier Mauricien à faire partie des membres du Future Energy Leaders Programme du World Energy Council, Harrykrishna Padiachy, directeur de NKH Energy, une firme de conseil, regrette que les industriels misent sur le charbon, qui paraît être plus raisonnable en termes de coût mais qui n’est pas toujours cohérent.

« Par exemple, souvent les énergies fossiles comme le charbon, bien qu’elles soient bon marché, ont des “hidden costs” », relève-t-il. Le jeune conseiller prône « une certaine taxation sur les énergies fossiles et une détaxation sur les technologies propres. » Carina Gounden, d’Aret Kokin Nou la Plaz (AKNL), déplore que « le plan d’action du gouvernement change au gré des pressions qu’exercent certains lobbies ». Ce qui fait, selon elle, que l’accent est mis sur une réflexion à court terme sans aucune planification intersectorielle intégrée. S’agissant de l’engagement de Maurice, elle souligne que les pays signataires de l’Accord de Paris « ne parlent plus aujourd’hui simplement en termes de réduction des gaz à effet de serre », mais s’engagent à atteindre la neutralité carbone. Or, « les chiffres de Statistics Mauritius confirment que les énergies renouvelables ne décollent pas, voire même reculent. ». Elle s’offusque de voir se multiplier « des projets privés de luxe dispensés d’obtenir un permis EIA, contrairement à ce que peut prévoit l’Environment Protection Act ».

SUNIL DOWARKASING (CONSULTANT) : « Nous sommes très loin de notre engagement »

Le 12 décembre marquait les cinq ans de l’Accord de Paris. À cette occasion, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a dénoncé le fait que « les politiques climatiques ne sont toujours pas à la hauteur de l’enjeu ». Est-ce le cas pour Maurice ?
Oui. D’ailleurs, le SG de l’Onu a utilisé les mots “climate emergency”, et c’est un cri d’alarme par rapport au changement climatique qui provient des dernières retombées de l’Emissions Gap Report 2020 de l’UNEP (United Nations Environment Programme). Ce rapport mentionne que 2020 a été l’année la plus chaude enregistrée jusqu’à présent dans le monde depuis des décennies. L’émission de carbone dans le monde a continué à progresser au rythme de 1,4% par année alors qu’on aurait dû avoir une baisse. Si on veut garder la planète à un réchauffement de 2 °C d’ici 2030, il faudrait réduire notre émission par 15 gigatonnes de CO2 et si on veut le garder à 1,5 °C, il faudrait réduire nos émissions par 32 gigatonnes de CO2 équivalent. Or, nous n’en sommes pas là. D’après les émissions actuelles, nous nous rapprocherons de 3 °C d’ici la fin de ce siècle. Nous sommes sur un record d’émission avec 59,1 gigatonnes de CO2 équivalant à la déforestation. Nous sommes donc dans un état très critique, c’est pour cela qu’il y a eu ce cri d’alarme.

Quid de Maurice ?
Politiquement parlant, c’est le gouvernement MSM qui gère l’Accord de Paris qui a été adopté en 2015. Depuis, nous avons soumis les CDN (Contributions déterminées au niveau national), une obligation pour les autres pays aussi. Le gouvernement s’est donc engagé à réduire l’émission de CO2 de 30% d’ici 2025. Or, les chiffres publiés par le World Bank Atlas montrent que l’émission de C02 a doublé entre 2000 et 2018. Nous sommes arrivés à 4.4 millions tonnes d’émissions de CO2 dans le pays contre 2.2 millions tonnes en 1999. Alors que dans le monde, ce taux augmente par 1,4%, à Maurice, la croissance au niveau de l’émission est de 3,73%! Nous sommes plus que le double de la moyenne globale. Si nous continuons à ce rythme, d’ici 2030, au lieu de voir une réduction de 30%, nous aurons une augmentation de 30%. Nous sommes donc très loin de notre engagement.

Pour vous, réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030 n’est plus réalisable ?
À ce rythme, nous ne pourrons honorer cet engagement. À ce stade, nous n’avons même pas de plan. C’est pourquoi je dis que le Climate Change Bill est vide car il n’y a même pas un plan sur la manière dont on peut réduire l’émission de CO2. C’est donc du bluff et c’est un échec de ce gouvernement. Ils ne peuvent renvoyer la balle à un autre car ils sont là depuis 2014.

Mais n’est-ce pas un engagement et ne sont-ils pas tenus de l’honorer ?
Il y a deux types de CDN conditionnelles et non-conditionnelles. Maurice a opté pour les CDN conditionnelles en disant que si on a de l’argent – USD 4 Md – on le fera. C’est l’amateurisme à son plus haut niveau. Quel donateur donnera-t-il USD 4 Md à un pays dont l’émission est de 0,01% ? S’ils doivent investir pour réduire l’émission de CO2, ils se tourneront vers les plus gros émetteurs, la Chine, l’Europe. Réalise-t-on que personne ne nous financera ou l’a-t-on fait pour éviter que l’on s’engage dans cette réduction ? La question se pose…

Cette somme est-elle vraiment nécessaire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 30%?
Comment en sont-ils parvenus à ce chiffre ? La question se pose. A-t-on un plan de transition pour les secteurs les plus pollués : l’énergie, le transport, les industries ? Comment sortirons-nous du secteur du charbon pour arriver à l’énergie renouvelable ? Avons-nous un plan pour éliminer l’émission dans le secteur du transport ? Avons-nous un plan pour les “light industries” ? À mon avis, non.

Si on y travaille vraiment, l’engagement est-il réalisable ?
C’est possible si on fait un travail sérieux. Si d’ici, disons 2050, nous basculons à 60% de l’énergie renouvelable. Vous réalisez combien d’émission de CO2 on réduira ainsi ? Disons, si d’ici 2050, tout notre système de transport est alimenté par l’énergie renouvelable. Il faut faire un plan de travail. Les nations se tournent aujourd’hui vers le “Green Recovery”. Si tous les pays basculent dans le “Green Recovery”, nous réduirons les émissions de 25% et nous serons à un réchauffement de 2°C. Il y a donc cet appel pour une “Green Transition”.

Quelles stratégies adopter pour que le pays soit résilient au changement climatique ?
Il faut développer un “Legal Framework” pour la transition énergétique. Déterminer comment on fait basculer le pays en “low carbon emission” d’ici 2050. Non seulement cela nous permettrait-il d’honorer nos engagements mais d’économiser aussi beaucoup d’argent car le charbon, les combustibles fossiles, tout cela est importé ! Le soleil est gratuit. Si on montre les chiffres, on verrait comment le pays sortirait vainqueur. Mais personne ne semble avoir cette vision. Si on en a aussi, il y a des “lobbies” (le “coal lobby”, les Independent Power Producers qui représentent 55% de la production énergétique) qui bloquent. Le gouvernement devrait agir. Le CEB ne peut être producteur, distributeur, régulateur. Il faut décentraliser pour permettre à l’énergie renouvelable de trouver sa place. J’ai aidé à la transition énergétique dans nombre de pays d’Afrique mais à Maurice, on ne fait pas grand-chose. Maurice était un des pays phares au niveau du Partnership in Action for Green Economy. J’avais introduit la “Green Economy” à Maurice en 2012 avec le soutien de l’UNEP. On avait fait un travail immense sur le Green Economy Action Plan et recruté des consultants mais tout cela dort maintenant dans un tiroir. On avait travaillé sur la “fiscal transition” aussi.

Cinq ans après l’adoption de l’Accord de Paris, ce n’est pas vraiment prometteur pour le contexte mauricien ?
Non, on n’a rien fait. D’après l’article 4 de l’Accord, on est censé soumettre des “revised” CDN avec une ambition plus forte car l’Accord entre en vigueur en 2020. Donc, il faut plus de 30% ! Or, on n’arrivera même pas à atteindre ce chiffre… On a sollicité l’Onu, l’AFD pour faire ce rapport, c’est une perte d’argent car ils ne vont rien faire après.

HARRYKRISHNA PADIACHY (NKH ENERGY) : « Une détaxation sur les technologies propres »

Le 12 décembre marquait les cinq ans de l’Accord de Paris. À cette occasion, le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, a dénoncé le fait que « les politiques climatiques ne sont toujours pas à la hauteur de l’enjeu». Qu’en pensez-vous ?
Par rapport aux objectifs que se sont fixé les pays signataires de l’Accord, je pense qu’on aurait pu mieux faire. Mais il faut en même temps comprendre le contexte des pays en voie de développement qui n’ont pas accès aux technologies et ressources des pays développés.

De quelle manière aurait-on pu être plus ambitieux ?
La majorité de nos émissions de gaz à effet de serre provient de notre consommation énergétique. En 2019, notre part d’énergie renouvelable était autour de 21,7%. On aurait pu faire bien mieux à ce niveau, surtout qu’on a déjà des atouts comme la biomasse avec la bagasse, l’énergie du soleil, du vent et de la mer. Toutefois, il y a un déficit de ressources.

Qu’est-ce qui empêche le pays d’aller vers cette transition énergétique ?
Du côté des énergies renouvelables, on essaie de miser sur les énergies intermittentes comme les énergies solaire, éolienne, mais vu qu’elles sont intermittentes, elles doivent être accompagnées d’un investissement massif dans notre capacité de stockage d’énergie par batterie qui est assez conséquente. Là encore, on n’a pas ces moyens. De l’autre côté, c’est une question de priorité. Vu que nous sommes une économie en voie de développement, notre priorité est la croissance économique. Et dans cette perspective, les industriels misent sur le charbon qui paraît être plus raisonnable en termes de coût. Ce qui n’est pas toujours cohérent. Par exemple, souvent, les énergies fossiles comme le charbon, bien qu’elles soient à bon marché, ont des “hidden costs”. La pollution de l’air cause des dégâts sur la santé et l’Etat doit débourser des milliards pour résoudre ces problèmes. La mesure la plus appropriée pour réaligner cette équation serait une approche fiscale harmonisée avec une certaine taxation sur les énergies fossiles et une détaxation sur les technologies propres. On a commencé par cette politique. On a, par exemple, un régime douanier préférentiel pour les voitures électriques et hybrides mais on pourrait faire davantage.

Quelles sont les autres mesures dans ce sens ?
Récemment, le gouvernement a investi beaucoup dans des mesures de sauvetage et d’accompagnement des entreprises vulnérables. Il aurait pu considérer que ces plans d’accompagnement soient accordés à certaines conditions de décarbonisation des activités. On aurait pu demander des engagements réalistes afin de bénéficier de ces aides financières. L’Union européenne le fait déjà. Les technologies propres sont plus abordables qu’il y a dix ans de cela. S’agissant des voitures électriques, même si on a un régime douanier préférentiel, l’effet final est un peu mitigé car à quoi bon d’avoir des voitures électriques si au final 80% de cette énergie électrique proviennent d’énergies fossiles ? Ce serait bien que le gouvernement apporte une infrastructure de recharge au niveau national. Il n’y a actuellement que deux ou trois stations-service qui ont des bornes solaires pour la recharge des voitures électrique. Le métro aussi utilise l’électricité. Peut-être serait-il temps de passer à l’énergie renouvelable.

Comment les entreprises peuvent-elles décarboniser leurs activités ?
La production de l’électricité par des panneaux solaires, l’efficacité énergétique avec le remplacement des technologies de climatisation et de lumière par des technologies à faible consommation. Il y a aussi des mesures plus poussées comme le Building Management System pour contrôler et gérer les équipements à partir d’un ordinateur.

Maurice a pris l’engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030 mais le pays n’est pas un grand émetteur…
C’est vrai que Maurice est un des émetteurs les plus faibles, mais on est aussi l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique. C’est un peu un paradoxe tragique pour nous. Mais je pense qu’on doit le faire pour montrer l’exemple. Si une petite île vulnérable montre l’exemple, cela aura un effet coup de poing.

Peut-on réaliser cet engagement ?
À mon avis, c’est un objectif réalisable du moment où il y a une bonne entente entre tous les segments de la société, un dialogue soutenu et constructif et une bonne exécution. A mon humble avis, c’est réalisable. On a des atouts climatiques et un secteur de biomasse assez développé. Je pense qu’on peut facilement se débarrasser de notre dépendance aux combustibles fossiles.

Les priorités de Maurice sur le plan environnemental ?
Un des enjeux majeurs serait de “greenify” notre “mix” énergétique. On peut faire mieux au niveau des énergies renouvelables. Le charbon contribue à environ 40% de notre “mix” énergétique. Si on tient compte des effets nocifs du charbon sur notre balance des paiements ou sur la qualité de l’air, il est grand temps d’en réduire notre dépendance. On a une certaine expertise dans la biomasse à Maurice. Il serait temps d’exploiter cette expertise. Un des soucis du moment, c’est la réduction des superficies de culture de canne, ce qui fait que la production d’énergie à partir de la bagasse s’amenuise. Il serait temps de trouver des stratégies. Je note un certain décalage au niveau de certaines technologies de combustion pour les diverses centrales thermiques. Certains utilisent des technologies plus efficientes. Il est temps d’avoir des technologies à jour pour un plus grand rendement énergétique à partir de nos ressources en bagasse. On peut considérer l’importation de la biomasse. Normalement, vu sa densité, elle n’est pas facilement transportable. On peut les transformer en granulés. Il est temps d’étudier la viabilité de toutes ces mesures qui permettent de réduire notre dépendance au charbon. En outre, il serait temps de faire une étude approfondie sur la viabilité de l’arundo donax (fatak) pour produire de l’énergie. Des coopérations peuvent être envisagées avec le Mozambique et Madagascar.

CARINA GOUNDEN (AKNL) : « Les énergies renouvelables ne décollent pas »

Dans le sillage des cinq ans de l’Accord de Paris, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dénoncé le fait que « les politiques climatiques ne sont toujours pas à la hauteur de l’enjeu ». Qu’en pensez-vous ?
Dans le cas de Maurice, il y a trop de barrières systémiques. Le plan d’action du gouvernement n’est pas clair et change au gré des pressions qu’exercent certains lobbies. Ce qui fait que l’accent est mis sur la réflexion à court terme. Il n’y a pas de planification intersectorielle intégrée et de planification intégrée de l’utilisation des terres.

Êtes-vous satisfaite des actions entreprises à Maurice pour lutter contre les effets du changement climatique ?
Il faut reconnaître qu’il y a des efforts louables ces derniers mois tels que les Assises nationales de l’Environnement ou encore l’adoption de la Climate Change Act. Mais il n’y a pas de vision directrice qui rassemble et organise l’action des différents ministères et services de l’Etat. Nous faisons face à une mise en œuvre insuffisante des lois existantes.
Ces dernières années, nous avons ainsi vu la prolifération de projets immobiliers et hôteliers dans la zone côtière, des projets ciblant les derniers espaces encore sans construction et qui en plus abritent des zones écologiques fragiles et précieuses. Ce sont des écosystèmes naturels encore plus ou moins intacts, les derniers sur le littoral, qui permettent de préserver la santé des lagons. Ce sont des alliés naturels, qui nous offrent une zone tampon contre la montée des eaux et l’érosion de plus en plus accrue de nos côtes. Ce sont des écosystèmes qui séquestrent et stockent plus de carbone par unité de surface que les forêts terrestres et fournissent des avantages essentiels pour l’adaptation au changement climatique. Cependant, si ces écosystèmes sont dégradés ou endommagés, leur capacité de puits de carbone est perdue ou affectée négativement, et le carbone stocké est libéré, entraînant des émissions de dioxyde de carbone qui contribuent au changement climatique.

Quelles stratégies adopter pour s’assurer que le pays est résilient au changement climatique ?
Les différents services de l’Etat doivent agir et décider en respectant le principe de précaution, pierre angulaire des engagements internationaux pour l’environnement depuis le tout premier Sommet de la Terre à Rio en 1992. De plus, pour gérer durablement la zone côtière contre les impacts du changement climatique, il existe des concepts et des outils de planification cruciaux qui doivent cesser de pourrir dans les tiroirs du gouvernement. Le High Water Mark (HWM) doit être revu. Les constructions doivent être repoussées vers l’intérieur des terres. Aucune nouvelle construction ne devrait être autorisée à proximité du rivage. Le manifeste électoral de l’Alliance Mauricien lors des dernières élections avait annoncé l’interdiction de toute nouvelle construction hôtelière à moins de 100 mètres du HWM. Cette interdiction doit s’appliquer à toutes les constructions, pas seulement aux hôtels. Et elle doit être mise en œuvre très rapidement.
En tant que Petit Etat Insulaire, nous devons maintenir l’équilibre écologique en respectant les sites naturels, ainsi que les droits du public mauricien à jouir de son patrimoine côtier.
Il faudrait aussi instaurer le paiement des services écosystémiques. Les propriétaires fonciers doivent être incités à maintenir les écosystèmes vitaux (e x: drains naturels, zones humides, dunes de sable) qui fournissent des services importants à la population en général tels que la canalisation et le stockage des eaux pluviales, évitant ainsi les inondations, ou tamponnant l’énergie des vagues de la mer, limitant ainsi l’érosion côtière. Il est temps de faire évoluer cette approche dépassée qui consiste à exiger d’un individu qu’il ou elle doive obligatoirement démontrer au juge en quoi la destruction d’un marécage, d’un lagon, d’un écosystème, va l’impacter directement et personnellement, pour que sa démarche pour sauver un “Environmentally Sensitve Area” soit recevable. Nous parlons de la protection des “Commons”. Les dégâts sur l’environnement nous affectent tous.
Il est très regrettable que de nombreuses modifications aient été faites à l’Environment Protection Act avec pour effet de rendre difficile l’accès au tribunal ou de confier des pouvoirs étendus et discrétionnaires soit au ministre lui-même, soit à des agences de soutien aux entreprises et investisseurs telles que l’Economic Development Board. Nous avons vu se multiplier des projets privés de luxe qui sont dispensés d’obtenir un permis EIA, contrairement à ce que peut prévoir l’Environment Protection Act. Ces changements répondent à un souci de facilitation des affaires et n’ont rien à voir avec une protection plus efficace de l’environnement et les Objectifs de développement durable.

Maurice a pris l’engagement de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030… Qu’en pensez-vous ?
Les pays ne parlent plus aujourd’hui simplement en termes de réduction des gaz à effet de serre. Le Royaume-Uni, la France, le Japon, la Corée du Sud se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Même la Chine s’est engagée à atteindre la neutralité carbone, mais d’ici 2060. L’État mauricien doit se montrer plus ambitieux et devrait prendre un engagement similaire. Peut-on espérer entendre bientôt : « Mauritius commits to be carbon neutral by 2050 » ? Les derniers chiffres de Statistics Mauritius, les 2019 Energy and Water Statistics publiés en juillet dernier, confirment que les énergies renouvelables (ER) ne décollent pas, voire même réculent. En effet, si on regarde la production d’électricité en 2019, sur le total généré, 21,7% provenaient des ER, ce qui est moins qu’en 2015 où il était de 22,7%. Le solaire photovoltaïque (PV) n’a représenté que 3,7% en 2019.
Globalement, les besoins totaux en énergie du pays ne cessent de croître, alors que la production totale d’énergie à partir de sources renouvelables locales est en baisse, de 241 ktep (milliers de tonnes d’équivalent pétrole) en 2010 à 204 ktep en 2019. Tout simplement parce que la bagasse demeure de loin la source principale des ER à Maurice (86.6%) et la bagasse diminue d’année en année. En revanche, nos importations des sources d’énergies fossiles, de produits pétroliers notamment, sont en hausse constante. En 2019, elles sont passées de 24 54 ktep à 2 580 ktep, représentant un coût de Rs 35,8 milliards pour le pays. Ce n’est pas sérieux.

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