(Tirs croisés) Covid-19 : Un déclic pour une meilleure protection de l’environnement ?

L’intervention humaine sur l’environnement comme la déforestation nuit aux écosystèmes naturels et favorise le contact entre humains et animaux sauvages, augmentant les risques de transmission de virus. Les recherches ont ainsi démontré que la déforestation a contribué au développement de maladies infectieuses. Le COVID-19, même s’il n’est pas avéré encore qu’il provient du pangolin, laisse néanmoins réfléchir. La pandémie peut-elle être un déclic pour une meilleure protection de l’environnement ?

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Shaama Sandoyeea, jeune biologiste marine, est d’opinion que si dans l’idéal tel doit être le cas, la réalité est tout autre. « Notre société telle qu’on la connaît incite à la surexploitation de nos ressources naturelles. » Il nous faut, dit-elle, « travailler sur un plan qui met la vie au centre de tout ». Elle ajoute que « les 10% de la population les plus riches de la planète devraient comprendre qu’ils contribuent à cette surexploitation des ressources naturelles et aux gaz à effet de serre », beaucoup plus que tout le monde. « S’ils pouvaient prendre des actions à leur niveau, ce serait déjà un pas en avant. » Concernant les actions à être prises suivant la crise économique liée au COVID-19 et celle, à plus long terme, liée au changement climatique, les deux, estime-t-elle, sont tout à la fois urgentes. « La crise climatique aussi menace la sécurité alimentaire, la maison de plusieurs personnes. »

Si la pandémie a pu susciter « une poussée en termes de prise de conscience », Harrykrishna Padiachy, Sustainability Strategist, ne croit pas que cela va se traduire par un impact direct. « Il est plus facile pour les pays à haut revenu de traduire cette prise de conscience en actions car ils ont une force de frappe assez importante. Pendant plusieurs décennies, ces mêmes pays ont pu exploiter leurs ressources naturelles à leur guise, ce qui a grandement contribué à leur richesse actuelle. » Pour lui, la solution viendrait de partenariats potentiels pour promouvoir le développement durable « à l’exemple de la Norvège qui a versé USD 150 M au Liberia pour l’engager à ne plus couper ses arbres ». Il suggère que le gouvernement investisse « dans le Green Infrastructure, des projets d’énergie verte, le recyclage, des parcs et aussi des projets de “climate adaptation” comme la construction et l’entretien de drains ou de “coastal protection works” ». Il est aussi d’avis que la transition écologique « n’est pas nécessairement antagoniste au contexte économique immédiat ». Ces projets à long terme, selon lui, « peuvent apporter des solutions aux problèmes immédiats ».

Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, à Greenpeace International, montre que la propagation de virus a une relation étroite avec la perte de la biodiversité mais aussi avec le changement climatique. « Plus on a de forêts, moins de risques y a-t-il que ces maladies se propagent. » Selon ses observations, la pandémie a été un “eye opener”. « Si les gouvernements décident de faire une transition vers l’énergie propre, pas uniquement pendant la pandémie, cela pourrait changer les choses. Il y a cette opinion consensuelle à travers le monde que la crise peut nous diriger vers un nouveau monde si on prend les bonnes décisions. » Il convient, ajoute-t-il, de « rebondir pour repenser la transition de ce pays ».

SHAAMA SANDOYEEA (BIOLOGISTE MARINE) : « Il faut un plan qui mette la vie au centre de tout »

Même si le lien avec le COVID-19 n’est pas avéré, on sait que la déforestation a contribué au développement des maladies infectieuses comme la malaria et l’Ebola et que plus la biodiversité et les écosystèmes naturels sont protégés, moins il y a de risques d’épidémies. Le COVID-19 peut-il constituer un déclic sur l’urgence de sauvegarder l’environnement ?
On a compris qu’il y a un lien entre la biodiversité et les virus. Cela a été établi depuis très longtemps. Les scientifiques ont ainsi tiré la sonnette d’alarme pour dire qu’il faut protéger la biodiversité. De l’autre côté, le changement climatique entraîne une fonte des glaces qui peut libérer des virus jusqu’ici dormants. Dans l’idéal, le COVID-19 devrait agir comme un déclic pour qu’on change notre mode de vie.
Malheureusement, on est loin de là. Notre société, telle qu’on la connaît, incite à la surexploitation de nos ressources naturelles et en même temps dépend de cette surexploitation afin de croître. C’est un cercle vicieux. On ne peut tout avoir, le profit, le luxe et en même temps ne pas avoir de pandémie. On a donc vraiment besoin de changer cette modalité de production et de consommation.

Vers quel type de plan écologique devrait-on donc s’acheminer pour sortir de la crise ?
Pour pouvoir gérer cette crise écologique, il nous faut travailler sur un plan qui met la vie au centre de tout, c’est-à-dire, la biodiversité, car on fait partie de l’écologie. D’ailleurs, 90% de la biodiversité qui restent à travers le monde sont entre les mains des indigènes qui ne représentent que 5% de la population mondiale. Cela nous montre donc qu’à la base nous étions en symbiose avec la nature et qu’au fil du temps, tout a changé. De fait, l’idéal, c’est vraiment de mettre la vie humaine au centre de tout. Les 10% de la population les plus riches de la planète devraient comprendre qu’ils contribuent à cette surexploitation des ressources naturelles et aux gaz à effet de serre, beaucoup plus que tout le monde et que s’ils pouvaient prendre des actions à leur niveau, ce serait déjà un pas en avant.
Mais, malheureusement, le problème, c’est que tout cela n’est pas profitable. Le système dans lequel nous vivons a besoin de profit qui soutient tant de choses. En même temps, le profit ne résout pas la crise climatique ni la crise écologique. Avec ces crises, on voit apparaître une augmentation des inégalités sociales. Des gens perdent leur travail, leur maison, etc. Tout cela est lié mais le système ne nous donne pas forcément l’audace de faire ce premier pas.

Quels sont les impacts du COVID-19 sur l’environnement ?
Avec plus de masques, de gants, de bouteilles en plastique, etc., en circulation, il y a davantage de pollution. On utilise bien plus de matières premières et il y a donc plus d’exploitations de ressources. Ces objets sont jetés n’importe où, dans la nature, dans les rivières, sur la voie publique, etc., et polluent les écosystèmes naturels. Le plastique reste dans l’environnement pendant beaucoup de temps et peut affecter la biodiversité jusqu’au niveau moléculaire.
Par ailleurs, même si on jette ces produits correctement, il y a déjà une accumulation de déchets qu’on produit. Ces objets mettent plusieurs centaines d’années avant de se décomposer et le plastique ne se décompose pas mais se casse en plusieurs petites particules tout en libérant des substances toxiques. Donc, la production de ces produits a un impact négatif, qu’on s’en débarrasse correctement ou pas. Il y a aussi les impacts moins directs. Avec le confinement qui empêche d’aller travailler pendant des mois, cela bloque beaucoup d’activités autour de la conservation dont certaines dépendent du tourisme. Sur les îles, par exemple, il y a des programmes de conservation qui dépendent des touristes comme aux Seychelles, à Maurice, au Costa Rica, etc. À Maurice, par exemple, où on doit éradiquer les espèces envahissantes pour laisser proliférer la biodiversité indigène, l’intervention des ouvriers est interrompue pendant le confinement.

Avec la pandémie, le danger n’existe-t-il pas que les gouvernements accordent priorité aux sujets de court terme et urgents aux dépens des projets de plus long terme tels que le réchauffement climatique ?
Le COVID-19 est venu en un clin d’œil et a fait beaucoup de dégâts, surtout sur le plan économique. La crise climatique, elle, est plus sournoise. On ne voit pas le dioxyde de carbone augmenter dans l’atmosphère mais on voit qu’il y a plus de catastrophes naturelles comme les inondations en Inde, les vagues de chaleur en Amérique, etc. Au fil du temps, on les a normalisées. Même quand on a eu des problèmes de sécheresse ou d’inondations à Maurice par exemple, il n’y a pas vraiment eu mention de la crise climatique. Ce n’est donc pas traité comme une crise.
La Cour fédérale en Australie a affirmé que le ministère de l’Environnement a un devoir de protéger l’avenir face à la crise climatique. La compagnie Shell, un gros émetteur de gaz à effet de serre, est condamnée à réduire ses émissions de 45% d’ici 2030. Ce sont des choses positives qui se passent mais à travers le monde, tout est au ralenti à cause du COVID-19 qui a nui à l’économie. Or, la crise climatique aussi menace la sécurité alimentaire, la maison de plusieurs personnes. Cela n’affecte pour le moment pas l’économie directement mais plutôt les plus vulnérables. D’où les attitudes différentes dans la gestion des deux crises.

Le bouleversement radical dans la vie des gens à travers la planète depuis le COVID-19 est-il susceptible d’entraîner un désir de se comporter autrement avec l’environnement ?
Beaucoup de gens ont réalisé que la protection de la biodiversité est cruciale pour éviter les pandémies. Certains sont retournés à la nature pour gagner leur pain. Mais beaucoup ont aussi perdu leur travail, d’autres doivent être sur le premier front, d’autres encore luttent pour subvenir aux besoins de leur famille. Ils n’ont pas ce luxe de retrouver une connexion avec la nature même si on sait que cela pourra les aider. Ce n’est pas une priorité pour eux.

HARRYKRISHNA PADIACHY (SUSTAINABILITY STRATEGIST) : « La transition écologique n’est pas antagoniste au contexte économique »

Même si le lien avec le COVID-19 n’est pas avéré, on sait que la déforestation a contribué au développement des maladies infectieuses comme la malaria et l’Ebola et que plus la biodiversité et les écosystèmes naturels sont protégés, moins il y a de risques d’épidémies. Le COVID-19 peut-il constituer un déclic sur l’urgence de sauvegarder l’environnement ?
Cela a probablement suscité une poussée en termes de prise de conscience, mais est-ce que cela va se traduire par un impact direct ? Pas nécessairement. Dans les pays à haut revenu, c’est plus facile pour eux de traduire cette prise de conscience en actions car ils ont une force de frappe assez importante. Pendant plusieurs décennies, ces mêmes pays ont pu exploiter leurs ressources naturelles à leur guise, ce qui a grandement contribué à leur richesse actuelle.
Est-ce qu’on peut imposer aux pays à faible revenu ou revenu intermédiaire de le faire maintenant surtout s’ils font face à des problèmes économiques ? Je dirais que la solution viendrait de partenariats potentiels et d’autres mécanismes pour promouvoir le développement durable en tenant compte de l’élément d’équité. Par exemple, il y a eu ce deal en 2014 entre la Norvège et le Liberia. La Norvège a versé USD 150 M au Liberia pour l’engager à ne plus couper ses arbres.

Autrement, quel déclic peut-il y avoir ?
Une fois de plus, il peut y avoir une envie de faire mieux dans l’immédiat, mais tout le monde n’a pas la capacité de faire autant.

Quels peuvent être les impacts du COVID-19 sur l’environnement ?
Jusqu’à présent, il y a eu du bon et du mauvais. Il y a eu une augmentation de déchets médicaux qui causent un assez gros problème. Il n’y a pas de système approprié pour ce processus. Dans certains pays où les activités de recyclage sont importantes, celles-ci ont été impactées par le confinement.

Avec la crise économique qu’a entraînée le COVID-19, vers quel type de plan écologique devrait-on s’acheminer pour sortir de la crise ?
Il y a des “green bailouts” comme “incentive packages” aux firmes que la MIC propose déjà. Il faut associer des conditions de décarbonisation avec ces packages. Ces “green bailouts”, outre une logique écologique, comportent aussi une logique financière. En aidant ces firmes à être plus efficientes au niveau de la gestion de leurs ressources, elles seront par là même plus résilientes d’un point de vue financier.
Dans un plus large contexte, le gouvernement pourrait considérer l’inclusion de l’élément de développement durable dans son “policy making process”. Par exemple, une piste privilégiée dans un plan de relance est l’investissement dans des travaux d’infrastructures non seulement pour leur capacité à stimuler l’économie mais aussi la création d’emplois. S’il veut inclure cet élément de développement durable, donc, le gouvernement pourrait investir dans la “green infrastructure”, des projets d’énergie verte, le recyclage, des parcs et aussi des projets de “climate adaptation” comme la construction et l’entretien de drains ou de “coastal protection works”. Au niveau Corporate, l’aspect de développement durable est une opportunité de “competitive advantage”. Les firmes locales pourraient exploiter cette voie et le gouvernement pourrait donner son soutien à ce processus à travers la mise en place d’un “Regulatory Framework” approprié. Il pourrait, par exemple, transformer le pays en un secteur financier assez dynamique, en un “hub” régional pour le “climate finance” avec un cadre approprié pour les instruments financiers tels les “green bonds”.
Par ailleurs, le segment offshore pourrait être promu comme un centre financier favorable aux fonds d’investissement vert qui sont en explosion en ce moment. Par tous ces moyens, on pourrait générer des revenus. Cet élément de transition écologique n’est pas nécessairement antagoniste au contexte économique immédiat.

Avec la pandémie, le danger n’existe-t-il pas que les gouvernements accordent priorité aux sujets de court terme et urgents aux dépens des projets de plus long terme, tel le réchauffement climatique ?
Une fois de plus, je dirais que ces deux types de considération ne sont pas nécessairement antagonistes quoique cela dépende aussi des contextes et des spécificités de la région. Mais, pour ce qui est de Maurice, autour de 80% de notre production énergétique sont basés sur les énergies fossiles. Cela coûte énormément à travers les importations. En investissant massivement dans des projets d’énergie verte, le gouvernement ferait d’une pierre deux coups. Un “Green Recovery Package” dans l’immédiat est tout à fait possible, voire même souhaitable.

Le bouleversement radical dans la vie des gens à travers la planète depuis le COVID-19 est-il susceptible d’entraîner un désir de se comporter autrement avec l’environnement ?
Très probablement, il y aura ce désir mais une fois de plus l’élément d’équité joue pour peser dans la balance. Par exemple, certains pays à bas revenu, avec des sources massives de pétrole ou de charbon et sur lesquelles dépendent leurs citoyens à travers des emplois, ne pourront rien faire. Sur le court terme, il serait plus réaliste de tendre vers un processus d’extraction plus raisonnable de ces ressources mais aussi en termes d’émissions carbone. Même pour les combustibles fossiles, le processus peut être fait à travers un moyen bas carbone ou zéro carbone à travers des technologies de “carbon capture” par exemple. Cela permettrait à ces pays et leurs citoyens d’être inclus dans cette transition écologique.

En conclusion…
C’est une crise sans précédent. Il y a cette perception qu’on ne peut concilier les considérations à court terme et à long terme mais elles ne sont pas forcément antagonistes. Ces projets à long terme peuvent apporter des solutions aux problèmes immédiats.

SUNIL DOWARKASING (CONSULTANT EN ENVIRONNEMENT) : « Il faut rebondir pour repenser la transition de ce pays »

Même si le lien avec le COVID-19 n’est pas avéré, on sait que la déforestation a contribué au développement des maladies infectieuses comme la malaria et l’Ebola et que plus la biodiversité et les écosystèmes naturels sont protégés, moins il y a de risques d’épidémies. Le COVID-19 peut-il constituer un déclic sur l’urgence de sauvegarder l’environnement ?
Les divers rapports qui sont sortis autour du COVID-19 et d’autres maladies infectieuses font voir que 75% de ces maladies sont de nature zoonotique comme l’Ebola, la malaria, le Sars, etc. Des études scientifiques font ressortir qu’il y a 320 000 virus qui n’ont pas été identifiés jusqu’à présent. Vous réalisez le danger qui pèse sur l’humain. Des études montrent que ces maladies ont été causées par deux facteurs principaux liés à l’environnement, le premier étant la perte de la biodiversité. Kate Jones, une spécialiste de la biodiversité basée en Angleterre, a produit un rapport disant qu’au rythme auquel on perd notre biodiversité, les animaux ont tendance à se rapprocher des êtres humains. La propagation de virus devient alors plus évidente. Le dernier rapport de la FAO vient de confirmer que la perte de forêts – on en a perdu 250 millions hectares – contribue à cette augmentation de risques. Plus on a de forêts, moins de risques y a-t-il que ces maladies se propagent.
Le deuxième facteur est le réchauffement climatique. On est en train de perdre les glaciers qui sont là depuis des millions d’années. Beaucoup de recherches scientifiques ont montré que quand cette couche de glace commence à fondre, revivent des virus qui étaient là depuis tout ce temps. Le danger qui nous guette donc est qu’il y a des virus qui ne connaissent pas le corps humain, qui existent bien avant que les hommes n’existent. Il se peut que nos anticorps ne puissent même pas les identifier. C’est un fait donc aujourd’hui que la propagation des virus a une relation étroite avec la perte de la biodiversité mais aussi avec le changement climatique.

Quels peuvent être les impacts du COVID-19 sur l’environnement ?
Je préfère parler d’impacts sur le développement durable. Le développement durable comprend trois composantes : l’économie, le social et l’environnement. Le COVID-19 a eu des effets immédiats sur le développement durable. Il y a eu des retombées économiques graves. Les gens ont perdu leurs épargnes, surtout ceux qui travaillent sur une base journalière. Il y a aussi la faillite de la chaîne d’approvisionnement alimentaire au niveau international qui fait que les pays se sont tournés vers la production locale. C’est un aspect positif qui nous aidera probablement à aller vers l’autosuffisance. Les autres aspects sont plus négatifs. La pandémie est un “eye opener”. Le Global Air Report nous dit que 95% des gens à travers le monde respirent de l’air pollué tout comme à Maurice. Pendant le confinement, l’air était moins polluant. Si les gouvernements décident de faire une transition vers l’énergie propre, pas uniquement pendant la pandémie, cela pourrait changer les choses.
Autre chose positive : l’émission de carbone en 2020 a baissé considérablement et c’est une première depuis la Seconde Guerre mondiale. En Chine, cela a baissé par 5%. L’effet négatif est que le COVID-19 a eu un impact sur le volume de kits médicaux. Ce qui est grave, c’est qu’il y a eu beaucoup de plastiques. Le déchet médical contient beaucoup de pathogènes et doit être traité comme des “hazardous wastes” plus compliqués que les déchets normaux. Est-ce qu’à Maurice on les traite vraiment comme des “hazardous wastes” ? Si on les envoie à Mare Chicose, c’est un vrai problème. Par ailleurs, dans des pays, les animaux sont venus prendre la place des humains. Ils ont commencé à circuler un peu partout.

Avec la crise économique qu’a entraînée le COVID-19, vers quel type de plan écologique devrait-on s’acheminer pour sortir de la crise ?
Le Fonds monétaire international dit que les mesures fiscales initiées par les gouvernements contre le COVID-19 doivent être harmonisées pour lutter contre le changement climatique et assurer une reprise écologiquement durable après la pandémie. L’Union européenne demande que les leaders soient visionnaires et si les gouvernements sont suffisamment intelligents, ils prendront des décisions qui ont des “long lasting impacts” sur la vie des gens. Il y a donc cette opinion consensuelle à travers le monde que la crise peut nous diriger vers un nouveau monde si on prend les bonnes décisions.
Nous avons aujourd’hui une occasion extraordinaire de basculer vers un monde plus écologique. Si on suit les directives du FMI, de l’Union européenne, etc., on peut faire cette transition. Cela dépendra beaucoup des “recovery plans”. L’Allemagne, la Chine, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande ont fait des “recovery plans” en direction du FMI, de la Banque mondiale etc. Ils ont conçu des Green Recovery Plans. La Nouvelle-Zélande qui a problème de crise de logements a décidé de bâtir 8 000 nouvelles maisons, ce qui a créé 11 000 nouveaux emplois. La Chine, elle, a décidé d’être moins polluante au niveau de la manufacture en ayant recours au Hitec. Ces pays ont tous réfléchi sur le long terme.
Maurice a-t-elle réfléchi ? La réponse, pour moi, est un non catégorique. Regardons le dernier Budget, j’étais moi-même emballé. Mais, c’était un trompe-l’œil. On a annoncé Rs 100 Mds pour un “more inclusive development”. Seulement 2% étaient destinés au National Environmental Fund dont 1,2% étaient consacrés aux drains. Ce qui n’est pas mauvais mais des Rs 800 M restantes, Rs 314 M vont dans des “road stabilisation works” qui n’ont rien à voir avec l’environnement mais davantage aux Infrastructures publiques. Rs 207 M vont à l’embellissement des plages qui concerne surtout le Local Governement ! Donc, rien n’a été de manière profonde pour la protection de l’environnement et l’écologie. On aurait dû investir massivement dans le “Waste Water Network” et donner du travail aux gens. Sauf Grand-Baie, nos côtes ne sont pas connectées et les matières fécales et eaux usées finissent dans nos lagons.
Par ailleurs, on parle d’autosuffisance depuis 20 ans mais on n’a rien fait. On va importer 400 tonnes de poissons alors qu’on est le cinquième plus grand “Ocean State” dans le monde ! Il faudrait rebondir pour repenser la transition de ce pays.

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