Tribunal de La Haye — Advisory Opinion — Chagos : Londres alterne chantage et obstination

Jeremy Hunt, UK Foreign Secretary, menace : « If Mauritius were to proceed with action at the UN, this could adversely impact on relations between Mauritius and the UK »
Maurice maintient le cap du 20 mai pour la nouvelle résolution avec probablement un développement aux Nations unies en juin au plus tôt Lalit demande à SAJ de renoncer à son Knighthood comme  «a symbolic act of protest » à l’exemple de Rabindranath Tagore après le massacre de Jallianwala Bagh (Inde) du 13 avril 1919

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La déclaration officielle de Londres, reniant l’Advisory Opinion de la Cour internationale de Justice de La Haye sur les Chagos, ne constitue pas en elle-même une surprise au vu des différentes prises de position du Foreign and Commonwealth Office à la Chambre des communes depuis le 25 février dernier. Cette démarche se résume à une obstination à s’accrocher à l’occupation illégale d’une partie du territoire mauricien. Mais ce qui peut surprendre davantage est cette impunité affichée par la Grande-Bretagne à avoir recours à du chantage, croyant pouvoir intimider Maurice dans son intention visant à saisir de nouveau les instances compétentes des Nations unies pour le suivi de l’injonction admonestée contre la Grande-Bretagne par la Cour de La Haye.

En effet, le samedi 27 avril, le Foreign Secretary anglais Jeremy Hunt, lors d’un échange téléphonique avec le Premier ministre Pravind Jugnauth, s’est autorisé de réitérer des menaces par rapport aux relations bilatérales dans la conjoncture. Toutefois, ces actes d’intimidation de la part de Londres sont ignorés Maurice étant déterminé à « table shortly before the UN General Assembly a draft resolution calling for the implementation of the findings of the International Court of Justice ». Avec la date limite du 20 mai pour compléter cette procédure, des développements pourraient intervenir au plus tôt en juin. De con côté, Lindsey Colen, intervenant au nom de Lalit, demande au ministre mentor, Sir Anerood Jugnauth, de renoncer à son titre de chevalier de Sa Majesté, la reine d’Angleterre, comme l’avait fait il y a 100 ans le poète Rabindranatth Tagore pour protester contre le massacre de Jallianwala Bagh en Inde le 13 avril 1919.

Les autorités mauriciennes, en particulier le Premier ministre, avaient été informées au préalable de la double déclaration du 30 avril aux Communes et à la Chambre des Lorrds de la décision du gouvernement de Theresa May de « flatly disregard the ICJ Advisory Opinion ». Le samedi 27 avril, le haut-commissaire britannique à Port-Louis était porteur d’un message de la Première ministre selon lequel Londres n’a pas été en mesure de tenir parole pour dépêcher un ministre à Maurice en raison du Brexit. Cette éventualité avait été évoquée par la partie britannique lors de la rencontre Dan Vid au No 10, Downing Street, du 18 mars dernier.

Subséquemment, le même samedi 27, Pravind Jugnauth devait recevoir un appel téléphonique du Foreign Secretary, qui a soutenu que « the UK cannot change its position on the Chagos Archipelago as long as it is required for defence purposes » et en soulignant l’importance de la base militaire de Diego Garcia to keep people in Britain safe and for regional and global security ». Jeremy Hunt devait ajouter que Washington allait transmettre un message sur la même ligne à Maurice à ce sujet.
« An affront to the rule of law »

A ce moment précis des échanges devait intervenir le chantage des Anglais. « While expressing the hope that Mauritius and the UK could continue to enjoy good bilateral relations, notwithstanding the Chagos Archipelago issue, he intimated to me that if Mauritius were to proceed with action at the United Nations, this could adversely impact on relations between Mauritius and the UK », a fait comprendre Pravind Jugnauth dans un Statement à l’Assemblée nationale vendredi après-midi. La teneur du message transmis à Maurice par Theresa May et Jeremy Hunt du 27 avril devait prendre la forme de Written Statements attribués selon la version du Hansard à Sir Alan Duncan à la Chambre des communes et à Lord Ahmad of Wimbleon à la House of Lords le 30 avril.

Aussitôt, le Prime Minister’s Office à Port-Louis émettait un communiqué officiel dans la soirée faisant état de « la profonde déception de Maurice » face à l’attitude de la Grande-Bretagne et en dénonçant « an affront to the rule of law, to the African Continent and to the United Nations ». « It is of the utmost importance for respect of international law and human rights that the findings of the International Court of Justice be promptly implemented by the UK Government. Otherwise, disregard for the assertions of the Court would be a dangerous precedent that can result in the total breakdown of international institutions that stand in support of peace and security in the world », a soutenu Pravind Jugnauth, qui se félicite de la déclaration du leader de l’opposition britannique, Jeremy Corbyn, pour son « commitment to the rule of law both in the UK and abroad, the International Court of Justice and the United Nations, and its commitment to respecting the Advisory Opinion in full ».

Lalit, qui avait fait du recours à la Cour internationale de Justice sur la question des Chagos un argument de poids, est également monté au créneau pour dénoncer la Grande-Bretagne. Lindsey Collen affirme que le moment est venu pour Sir Anerood de renoncer à son knighthood. Elle cite l’exemple de Tagore protestant contre le massacre de Jallinawal Bagh en 1919. « This action of renunciation of the title Sir will add to the impact of the coming UN Resolution. We call on Aneerood Jugnauth to dedicate this “renunciation” to all the African Union nations and the other nations that supported the original 22 June 2017 UN General Assembly resolution to haul Britain before the ICJ », ajoute la porte-parole de Lalit.

Le parti, qui réclame systématiquement la fermeture de la base américaine de Diego Garcia, regrette que Jeremy Corbyn se soit aligné sur «Pravind Jugnauth’s abject stand about maintaining the US military base ad infinitum on Diego Garcia ». Lindsey Collen revient sur des revendications précédentes de son parti, dont des « IAEA inspections of Diego Garcia, part of Mauritius, for nuclear materials in contravention of the binding Pelindaba Treaty for a Nuclear Arms Free Africa » ou encore transformer l’archipel des Chagos, tout comme Agaléga, en une circonscription pour les prochaines élections générales.

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