TRIPARTITES — Compensation salariale : Première sortie cruciale, jeudi du Grand Argentier Padayachy

Les syndicats invitent le nouveau ministre des Finances à venir de l’avant avec une décision politique au sujet du quantum de la compensation salariale

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Business Mauritius: « Notre proposition prendra en considération le taux d’inflation, la révision du salaire minimum et le coût de la mise sur pied des provisions des nouvelles lois du travail »

Depuis son installation en tant que ministre des Finances du gouvernement de L’Alliance Morisien, Renganaden Padayachy, ancien First Deputy Governor de la Banque de Maurice, s’est gardé de se prononcer officiellement sur le dossier de l’économie. Mais jeudi, soit au lendemain de la réunion du Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice, il devra se commettre politiquement sur un dossier socio-économique des plus délicats, soit le quantum de la compensation salariale.

Ce jour-là, il présidera la séance plénière des négociations tripartites avec les représentants du patronat et des syndicalistes en vue de décider du quantum de la compensation salariale effective à partir du 1 er janvier prochain. Au ministère des Finances et par extension à l’hôtel du gouvernement, les prochaines 24 heures seront consacrées à élaborer la stratégie en vue de trouver ce qui est présenté come « le juste équilibre entre les attentes sociales des salariés et les impératifs économiques du jour ». Les syndicalistes attendent le nouveau ministre des Finances au tournant en lui demandant de privilégier une « décision politique » aux dépens du taux d’inflation.

Ainsi, la directrice du bureau central des statistiques, Li Fa Cheung Kai Suet, a confirmé hier le taux d’inflation à 0,5% pour 2019, comme annoncé précédemment par le ministre du Travail, Soodesh Callichurn, lors du premier round des négociations tripartites portant sur le paiement de la compensation salariale annuelle. Lors du deuxième round, à la Victoria House, à Port-Louis, la directrice de Statistics Mauritius a aussi affirmé qu’on s’achemine vers un taux de chômage de 6,8 et une croissance économique de 3,8%.
« Ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est le taux d’inflation. Le CPI pour le mois d’octobre est de 102,8. Nous avons décidé de faire les prévisions pour les mois de novembre et décembre. Pour ces deux mois, nous disons que le CPI sera de 103,2, ce qui va nous ramener à un taux d’inflation de 0,5% », a-t-elle déclaré. Passée cette étape, les projecteurs seront braqués sur le dernier round du comité tripartite présidé par le Dr Renganaden Padayachy, qui aura lieu ce jeudi.

Comme on devait s’y attendre, l’annonce du taux d’inflation à 0,5% n’a pas plu aux syndicalistes. Pour eux, ce taux d’inflation « ne reflète pas la réalité », car la situation est « tout autre sur le terrain ». Ils invitent ainsi le grand argentier à prendre une décision politique. Selon Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), le bureau central des statistiques n’a pas tenu compte de nombreuses augmentations des prix des légumes que les consommateurs ont dû encourir ces derniers temps.

« Nous n’apprécions pas la méthodologie utilisée par le bureau central des statistiques pour déterminer le taux d’inflation. Cette institution a fait référence aux prix dans les supermarchés alors que dans les villages, les gens font leurs achats dans les boutiques du coin, dont les prix sont supérieurs à ceux des supermarchés. Il ne faut pas oublier qu’il y a des promotions dans les supermarchés », a-t-il fait ressortir.

Il s’est aussi demandé si le bureau central des statistiques a pris en considération la dépréciation de la roupie vis-à-vis des devises étrangères ou encore la situation des parents dont les enfants font des études à l’étranger. Pour Rashdi Imrith, président de la Fédération des syndicats du service civil (FSSC), le gouvernement doit venir de l’avant avec une décision politique, et non administrative. « Le bureau central des statistiques a aussi confirmé que les chiffres qu’ils ont avancés ne sont pas basés sur les réalités mauriciennes.

Par exemple, lorsqu’il parle d’emploi, il fait référence aux stagiaires également, et nous savons que dans tous les secteurs, il y a des “Training Grades”. Ce ne sont pas des gens qui détiennent un emploi permanent. Les données sont faussées et c’est pourquoi nous avons exigé que le bureau central des statistiques inclue ce point dans son rapport. Nous insistons aussi pour que le ministre des Finances prenne en considération l’engagement pris par le gouvernement de majorer le salaire minimum. C’est pourquoi nous insistons pour une compensation salariale de Rs 1 200 », a déclaré le syndicaliste.

Pour Pradeep Darsun, Chief Operating Officer (COO) de Business Mauritius, le bureau central des statistiques a partagé avec les partenaires sociaux toutes les statistiques concernant l’emploi, la situation sur le marché du travail, le niveau des salaires ainsi que les indicateurs économiques. « Ce que nous retenons de cette réunion, c’est que la croissance économique avoisinera 3,8% et que le taux d’inflation sera de 0,5%. Nous faisons entière confiance au bureau central des statistiques. Maintenant, allons peaufiner notre position. Nous allons faire une proposition jeudi tout en prenant en considération le taux d’inflation, la révision du salaire minimum et le coût de la mise sur pied des provisions des nouvelles lois du travail », a-t-il déclaré.

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