Urban Terminal : l’ancienne gare Victoria devenue zone morte

  • Des commerçants, avec des recettes en baisse de l’ordre de 85%, envisagent une action légale

Avec les travaux du Urban Terminal engagés depuis deux semaines et de nouveaux aménagements pour les arrêts d’autobus, l’ancienne gare Victoria est devenue une zone morte. De ce fait, les commerçants de ces environs ont vu leurs recettes baisser de 80 à 85%. La centaine de commerçants qui opèrent sur place déplore le manque de considération des autorités à leur égard. Ils ont écrit au Premier ministre, Pravind Jugnauth, hier, pour faire part de leur mécontentement. Une manifestation, suivie d’une plainte en cour, est prévue si la situation n’évolue pas d’ici mardi prochain.

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Depuis que les barrières ont été installées à la gare Victoria, il n’y a presque plus personne qui circule dans les environs. Du coup, les commerces qui s’y trouvent n’ont plus de clients et les recettes ont baissé drastiquement. Navin Narrainen, propriétaire du restaurant Tandoori, dit avoir été pris de court par les événements un samedi matin alors qu’il venait ouvrir son commerce. « Quand j’ai tourné avec ma voiture pour venir en direction de la gare, j’ai vu subitement des barrières devant moi. Je ne savais où aller. Les gens sur place ont dû m’aider à faire machine arrière pour repartir. Il y avait un cafouillage sur place. C’est là qu’on m’a expliqué qu’on avait fermé la gare pour les travaux. »

Raj Appadu, président du Front commun des commerçants, condamne cette façon de faire des autorités. « Il y a eu des discussions avec les compagnies d’autobus, avec les chauffeurs de taxi et même avec les marchands illégaux qui auront une place à l’Urban Terminal, mais rien pour ces commerçants qui payent pourtant différentes taxes dans le cadre de leur activité. » Ce dernier déplore ainsi l’absence de considération pour ces commerçants, dont certains comptent 60 années d’opération à la Gare Victoria. « Ces personnes ont contribué à l’économie du pays. C’est inconcevable que le gouvernement prenne la décision de fermer la gare sans même les consulter. Depuis, ils accusent une baisse de 80 à 85% de leurs revenus. »

Magasins, snacks, tabagies et autres petits commerces font partie du paysage de la Gare Victoria. Mais depuis un mois, c’est le désert… « Avec le peu de mouvements par ici, la région est même devenue dangereuse. Il y a eu deux vols récemment. On se souviendra que cela a été le cas également à Rose-Hill, lorsqu’on avait fermé certaines routes pour les travaux. Des toxicomanes venaient s’y installer et volaient les gens. » Les commerçants rappellent également qu’ils ont des employés et que si la situation perdure, ils n’auront d’autre choix que de procéder au licenciement. « J’ai deux dames qui travaillent avec moi, l’une compte 12 années de service et l’autre, 15. Je ne souhaite pas arriver à un point où je dois les licencier », dit Navin Narrainen.

Preetam Sobrun gère le New Victoria Hotel. Ce commerce était l’un des premiers de la Gare Victoria. Plusieurs générations de sa famille y ont travaillé. « Aujourd’hui, nous ne savons pas jusqu’où nous pourrons aller. Nous avons des factures et les permis d’opération à payer. Le gouvernement doit trouver une solution, ou alors, nous indemniser pour les dommages que nous subissons. »

Noël Vanapragassen abonde dans le même sens. « Nous sommes en train d’opérer légalement. Nous avons des frais et le loyer à payer, mais les autorités n’ont pas jugé nécessaire de prendre cela en considération avant de fermer l’accès à la gare. » Les commerçants précisent qu’ils ne sont pas contre le développement, mais déplorent l’absence de communication de la part des autorités.

Le Front commun des commerçants et l’Association des commerçants de la Gare Victoria ont ainsi adressé une lettre au Premier ministre, hier. Ils réclament une rencontre avec ce dernier afin de trouver des solutions à leurs problèmes. Raj Appadu avance que si la situation n’évolue pas d’ici mardi, une manifestation sera organisée devant l’hôtel du gouvernement. Une plainte en cour est également envisagée. « La capitale est en train de mourir. La région Port-Louis maritime a été abandonnée, la Gare Victoria n’est plus opérationnelle. Si on ferme aussi la Gare du Nord, la capitale sera paralysée. »

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