Vaccins et Covid-19 : Vaccination Chronique annoncée de soubresauts et de chaos !

Faute de nouveaux vaccins pour la poursuite de la campagne de l’immunité collective, l’injection de la deuxième dose de Covishield à partir d’aujourd’hui
La prochaine cargaison attendue dans quelques semaines, soit un don de 100 000 doses du vaccin Sinopharm de la Chine, et puis rien…

- Publicité -

Les 206 229 qui ont reçu la première dose priés de se connecter à BesafeMoris ou appeller le 141 pour confirmer la date et le lieu de leur nouveau rendez-vous

Les vaccins anti-Covid19 continuent à faire l’objet de débats assez virulents tant sur le plan de leur efficacité, de leur validité internationale ainsi que leur disponibilité au sein de la classe politique, mais aussi de la population. Ainsi, à la dernière séance parlementaire, l’une des interpellations supplémentaires du leader de l’opposition , Xavier-Luc Duval, lors du Private Notice Question (PNQ) et une autre PQ au ministre de la Santé, Kailesh Jagutpal, étaient axées sur les prochaines cargaisons de vaccins. De l’aveu même du Premier ministre— qui clame que le manque de vaccin est international—, il n’y a actuellement à Maurice pas de perspective tangible pour de nouveaux vaccins, sauf le don proposé par la Chine pour 100 000 doses du vaccin Sinopharm.

Entre-temps, le stock épargné des doses d’AstraZeneca et de Covaxin servira pour les deuxièmes doses à ceux qui ont déjà reçu la première avec les mêmes vaccins respectivement.  Cette étape démarre aujourd’hui dans les hôpitaux et autres centres de vaccination. Pour savoir quand sera votre tour, vous devez consulter le tableau émis à cet effet par le ministère de la Santé ou vous connecter à l’application beSafeMoris ou encore appeler au téléphone sur le 141. Dans ce contexte, qui ressemble fort à une opération où l’objectif est de faire l’arbre cacher la forêt des problèmes d’approvisionnement de vaccins, Le Mauricien/Week-End fait un tour d’horizon d’une campagne de vaccination marquée par des soubresauts et le chaos…

La campagne de vaccination qui a débuté en janvier, après bien des tergiversations pour s’en procurer puisque le GM ne s’est pas prémuni du Forward Buying sur la base que les vaccins, n’étaient pas encore validés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Paradoxalement, ce n’est plus un argument aujourd’hui. A ce stade, le programme aura touché un peu  plus de 206 229 personnes, ce qui ne représente que 18% de la population. Un chiffre qui est encore loin des 60% visés par le GM pour atteindre ce qui est connu comme la Herd Immunity annoncée pour août prochain. Mais ce seuil considéré en vaccination comme suffisant pour stopper une épidémie a été revu à la hausse par l’institut Pasteur cette semaine avec la barre placée à 90% pour être vraiment efficace. Une nouvelle difficulté que le gouvernement devra surmonter pour prémunir le pays d’une éventuelle troisième vague à éviter à tout prix.

Le gouvernement, qui surfait sur la vague positive du Covid-Safe jusqu’en janvier dernier, avait lancé en grande pompe une campagne nationale de vaccination avec pour objectif l’immunisation collective de la population afin de créer les conditions nécessaires à la réouverture des frontières pour la relance de l’industrie du tourisme qui, du coup, allait doper l’économie locale.
Protocole oblige, le coup d’envoi du programme de vaccination anti-Covid-19 a été donné à l’hôpital Victoria, le mardi 26 janvier, en présence de Nandini Singla, la haute-commissaire de l’Inde, et du ministre de la Santé. Les vaccins administrés provenaient des premières 100 000 doses de Covishield, le vaccin développé par AstraZeneca-Oxford et produit par le Serum Institute of India (SII), reçues sous forme de dons de la part de l’Inde quelques jours auparavant.

Les frontliners d’abord, puis les politiciens

Les frontliners du centre de traitement au New ENT Hospital et ceux qui côtoient en premier les malades de la Covid, ont été vaccinés en premier avant que l’exercice ne soit étendu aux membres des différents hôpitaux régionaux et centres de quarantaine. L’absence de personnalités politiques de premier plan, à l’instar du Premier ministre, Pravind Jugnauth, ou du président de la République, Pradeep Roopun, à se faire vacciner parmi les premiers pour donner l’exemple comme ailleurs dans le monde, a suscité des critiques de la part de l’opposition.

Le représentant de l’OMS à Maurice, Laurent Musango, s’étant trouvé au coeur d’une polémique, a dû s’excuser auprès du leader de l’opposition, Arvin Boolell, précisant qu’il n’a à aucun moment voulu cibler l’opposition politique, mais bien ceux qui sont contre la vaccination.

Au début de février, des Frontliners, comprenant le personnel du ministère de la Santé, ceux affectés à l’aéroport, à Air Mauritius et aux autres ports d’entrée à Maurice, se sont prêtés au jeu. Puis ce fut au tour des employés du secteur de l’hôtellerie. Mêmes s’ils n’étaient pas toujours enclins à le faire pour des raisons personnelles, s’y sont consentis, contraints de peur d’être marginalisés dans leurs entreprises respectives.
Au début, il était question de vacciner quelques milliers de personnes par jour, mais ce ne sont que quelques centaines de doses qui ont été injectées quotidiennement, soit pour des raisons de réfrigération du stockage du vaccin, soit parce qu’ils étaient nombreux à faire preuve de réticence ou disqualifiés à cause de leur état de santé ou des allergies.

Enter le public et le chaos

Devant le peu d’enthousiasme engendré initialement, une séance médiatique de vaccination des VVIP, le 5 mars, impliquant le président de la République et le PM, a été organisée en vue de booster la campagne nationale à l’intention du public, lancée le 8 mars. Celle-ci a été suspendue deux jours plus tard pour cause d’une organisation chaotique. De longues files d’attente, l’indiscipline pour ce qui est des gestes barrières et les risques de contamination, de même que le manque de doses dans les centres de vaccination ont créé un véritable chaos. Ce qui a contraint le GM à lancer une nouvelle campagne le lundi 15 mars avec l’ouverture de 14 centres mobiles à travers l’île et cinq centres privés accrédités pour la vaccination exclusive des frontliners dans le privé.
Cette étape, avec le soutien de Business Mauritius, qui s’est investi dans le processus et a demandé à ses membres de prendre les dispositions nécessaires pour que leurs employés puissent se faire vacciner — tout en précisant que « la vaccination restait volontaire — », s’est déroulée dans des conditions idéales, au point d’épuiser les dernières doses disponibles de l’AstraZeneca. Ainsi, du 26 janvier au 20 mars 2021, 112 554 doses Covishield ont été administrées

Un Consent Form et un vaccin qui font débat

Alors que la campagne de vaccination se déroule enfin dans des conditions satisfaisantes, c’est le Consent Form, élaboré par le Parquet, qui fait débat le 18 mars. L’inclusion d’un Waiver qui exonère l’État de tout risque de poursuites puisque la personne qui reçoit le vaccin accepte volontairement d’assumer tout effet secondaire qu’elle peut ressentir après l’immunisation, incluant des blessures et la mort.

Les vaccinés renoncent aussi à toute réclamation à l’État mauricien, à la GAVI Alliance, aux pays donateurs, aux fabricants du vaccin, à leurs préposés ou agents. Toutes ces parties prenantes citées sont déchargées de toute responsabilité en cas d’effets adverses, même si celles-ci sont causées, partiellement ou totalement par négligence ou autre faute de leur part. En somme, le signataire épargne les parties prenantes de toute réclamation. Si des spécialistes légaux ont pu rassurer sur le Consent Form, par contre, le vaccin Covaxin, arrivé le 19 mars de l’Inde, proposé aux Mauriciens dès le 22 mars, est pointé du doigt puisqu’il n’est pas homologué par l’OMS.

À la méfiance originelle succède l’urgence de se faire vacciner devant la montée des cas positifs à Maurice et les premiers décès. Les stocks offerts aux cliniques sont rapidement épuisés, alors que dans les centres de vaccination, les autorités ont du mal à faire respecter les directives qui sont de réserver les vaccins aux frontliners et aux détenteurs de WAP. Le cafouillage est de mise, d’autant que les personnes âgées et les plus vulnérables ne sont pas invités à se faire vacciner, mais priés de rester chez eux pour éviter la contamination.

Le manque de vaccins est sans doute aussi derrière cette mise à l’écart de cette catégorie de personnes puisque le stock de Covaxin disponible pour la première dose est pratiquement épuisé. De ce fait, la campagne de vaccination dans le pays est en mode ralenti, si ce n’est pas à l’arrêt total. Une fois de plus, les communicateurs du GM maintiennent le flou…sur ce qui est un secret de Polichinelle puisque 206 229 personnes sont déjà vaccinées.

En attendant qu’une nouvelle cargaison de vaccin n’arrive au pays, mais comme dit Anne pour l’heure, nous ne voyons que le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie !

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -