VIEUX-GRAND-PORT – MERCREDI : Funérailles émouvantes et dignes pour Vanessa (Dimple) Raghoo

Toute la matinée et davantage tout l’après-midi d’hier, la route royale de Vieux-Grand-Port, soit à partir du rond-point de Ferney, sur plus de deux kilomètres, jusqu’au domicile des Raghoo, la circulation était bloquée. Pour cause, c’est une marée humaine qui s’est déplacée pour rendre un ultime hommage à la Woman Police Constable Dimple Raghoo, aussi connue sous le nom de Vanessa Raghoo, présentée comme étant une « hardworker » hors pair et tuée de sang-froid, mardi en fin de journée par des trafiquants de drogue lors d’une opération de Controlled Delivery de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) sur le parking de Bo’Vallon Shopping Mall.
C’est à 13h40 que la dépouille de la PWC Vanessa Raghoo a quitté sa résidence, à Vieux-Grand-Port, pour se rendre sur les lieux de la crémation. Moment solennel, empreint d’une énorme tristesse face à une famille inconsolable, mais encore plus digne dans cette dure épreuve. Mais aussi des collègues et amis affligés. Depuis très tôt d’ailleurs, ce mercredi, la demeure des Raghoo a été envahie de monde. Proches, voisins, camarades, de nombreuses personnalités politiques, travailleurs sociaux et des anonymes touchés par le drame mais, surtout, des centaines de policiers, affectés dans différentes unités de la force policière, ont fait le déplacement à Vieux-Grand-Port pour saluer une dernière fois la mémoire de Vanessa Raghoo. Il faut dire que la jeune policière était particulièrement populaire et, surtout, très aimée.
Colère. Incompréhension. Tristesse. Les sentiments sont confus chez les proches et amis de Vanessa Raghoo mais aussi particulièrement dans les rangs policiers face à ce drame vécu par la WPC mardi, alors qu’elle exerçait ses fonctions. Tous ceux présents se rappellent une jeune femme « au grand cœur », « passionnée par son métier », et « dévouée à la justice ». Vanessa Raghoo est « une combattante qui s’en est allée dans l’exercice de ses fonctions ». C’est ce qu’a aussi souligné le Premier ministre, qui a rendu une visite de sympathies aux sœurs de Vanessa Raghoo mercredi matin. Tous ceux qui l’ont connue n’ont que de bons mots pour la décrire.
En larmes, Sabina, employée de la station-service d’Indian Oil, explique que « Vanessa li ti imin avan tou ». Ses collègues et elle venaient souvent s’approvisionner en diesel à la station-service et elles se sont liées d’amitié. « Li ti enn kamarad sinser. Mo frer fek desede e, kouma monn dir sa Vanessa, bokou demars linn fer pou nou. Li ti extra kontan ed dimoun », dit-elle. Bissoonath Raghoo, un proche, arrive difficilement à comprendre ce qui s’est passé. « Li ti tro kontan ed dimoun. Li ti enn vre solda. Lundi mem, monn zwen li. Li ti pe organiz laprier kot li samdi », dit-il.
Dans des murmures, sous la tente dressée dans la cour des Raghoo, l’on pouvait entendre de l’indignation profonde de ceux présents face aux circonstances de ce drame, qui a choqué la nation mauricienne. D’ailleurs, malgré la pluie battante en ce début d’après-midi, les personnes continuaient à affluer des quatre coins de Maurice pour dire un dernier adieu à celle qui s’occupait de la maison et de ses sœurs depuis le décès de leurs parents, il y a plus d’une dizaine d’années. Roxanne, une habitante de Curepipe, qui a tenu à faire le déplacement à Vieux-Grand-Port, témoigne : « Mo pa konn li. Mo fini get sa video-la lor YouTube. Monn soke. » Elle ajoute : « Difficile de rester insensible face à ce drame, sirtou ki sa polisier-la ti pe fer so travay. Nou ena zanfan. Nou pa le enn zafer parey arive. Nou pa le mafia ladrog kontinn fer lalwa. Bizin rann lazistis sa ti polisier-la. Li pa merit mor koumsa. »
Justice, il faudra qu’elle se fasse, disent les collègues de Vanessa Raghoo, qui peinent à exprimer leurs sentiments. « Les mots manquent pour la décrire », disent-ils. « C’était une super policière, quelqu’une de très mature qui s’était tout de suite bien intégrée au groupe de l’ADSU. Quand on apprend le décès d’un collègue, c’est toujours difficile, mais ça l’est encore plus quand c’est quelqu’un avec qui on a tourné. Là, elle n’a même pas eu les moyens de s’en sortir. On a beau connaître les risques du métier… », dit un policier effondré, qui n’a pu finir sa phrase.
Effectuant une dernière prière avant que la dépouille ne quitte la demeure des Raghoo, l’officiant religieux rappellera à la foule présente que « Vanessa a accompli sa mission sur Terre ». Il poursuit : « Celle de se mettre à l’écoute et d’aider les plus démunis, celle d’être au service des autres. Celle de servir son pays. »
La dépouille de Vanessa Raghoo a quitté son domicile bordé d’une haie d’honneur des différents officiers, brassards noirs au bras en signe de deuil, de l’ADSU, équipe qu’elle avait rejointe depuis huit ans. Après un dernier rite funéraire devant la porte pour que ses sœurs, Chaya, Prima, Kareshma, Lavishka et Pooja lui disent un dernier adieu, le cortège s’est dirigé vers le crématoire de Vieux-Grand-Port. La WPC Vanessa Raghoo a eu droit à des funérailles avec les honneurs de la police, une parade, les musiciens de la Police Band et en présence des hauts gradés de la police entourés de parents, amis mais aussi de nombreux anonymes venus comme une marée humaine rendre un dernier hommage à celle qui a passé 13 ans de sa vie aux services de la police.

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